28 mai 2007

Retour de l'ordre moral:l'UMP recycle ses homophobes!

Lundi 28 mai 2007

La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) estime que "la droite recycle ses homophobes" avec la nomination de Christine Boutin
au gouvernement et la candidature de Christian Vanneste aux élections législatives.
"La composition d'un nouveau gouvernement Fillon n'augure rien de bon, non seulement pour l'ensemble du monde du travail, mais aussi sur le front des luttes
pour l'égalité des droits et contre l'homophobie", a affirmé vendredi la LCR dans un communiqué.
Pour l'organisation d'Olivier Besancenot, "le retour en force de l'ordre moral, dans la droite ligne des thèmes dominants de la campagne Sarkozy, est incontestable".
 
"Après Christine Boutin, militante anti-Pacs brandissant la Bible, devenue ministre, c'est Christian Vanneste, condamné pour des propos homophobes répétés
et assumés, qui vient de recevoir l'investiture UMP aux législatives, sans compter les nombreux députés ayant signé récemment l'appel contre l'homoparentalité",
ajoute la LCR.
Condamné à 3.000 euros d'amende pour "injure envers les homosexuels", le député du Nord Christian Vanneste, qui s'est pourvu en cassation, n'a pas reçu
l'investiture de l'UMP. Le parti lui a toutefois laissé le champ libre, ne présentant aucun candidat face à lui.
 
 
Jolie hypocrisie, non?

Sarko apte à nous présider

Lundi 28 mai
 
aprés l'aval du Conseil Constitutionnel, voici l'aval médical
Le Président de la république élu, le 6 mai dernier par 53% des Français, est apte à nous présider
Maintenant on se souvient des communiqués du temps de Pompidou, ou de Mitterrand, donc...
peut on vraiment les croire
 
C'est donc en nous montrant le Président en train de courir que l'on nous fait passer l'information qu'il va  bien
D'ailleurs Sarkozy, prend un risuq,e car à la première contracture musculaire, cela va déchainer les suspiscions
Le Président n'ets plus apte à courir, n'aurait il pas une maladie grave...
 
 
enfin on en n'ets pas là encore, pour le moment il court, au Bois, ou à Brégançon
on pensait que les Français avaient élu un Président en fait ils ont élu un marathonien
Voici la dépèche qui atteste de la bonne santé du Président:
PARIS, 24 mai 2007 (AFP) - Le président Nicolas Sarkozy est physiquement "apte" à exercer les fonctions de président de la République, a indiqué son médecin
dans un communiqué rendu public par l'Elysée.
"A la demande de mmonsieur le président de la République Nicolas Sarkozy, je délivre le certificat suivant: je, soussigné, docteur Jean-Elie Henry-Mamou,
certifie que l'état du président Nicolas Sarkozy est bon et intégralement compatible avec l'exercice de ses fonctions présidentielles", indique le médecin.
 
Le 2 mars, durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy a promis qu'il publierait des bulletins de santé s'il était élu président de la République.

La supplique de Michel Omfray

Lundi 28 mai 2007
 
> Supplique au Parti pour qu'il fasse la révolution
> Par Michel Onfray, philosophe
 
La supplique est un genre austère et classique, une forme pure plus à son aise avec le siècle de Louis XIV qu'avec la Ve République finissante et vendue
aux libéraux. La gravité de l'heure contraint à ce recours littéraire : l'état des lieux oblige à un regard lucide et froid sur la gauche aux premières
heures d'un quinquennat nouveau qui lui confisque ses symboles - Jaurès, Blum, Môquet -, ses mots - le peuple, les ouvriers, les travailleurs, la République -,
son électorat, son personnel parmi les plus avancés - comme on le dit d'une viande corrompue. L'heure est à la refondation : qui peut la faire ?
 
Pas le Parti socialiste dont la dérive droitière, depuis le virage de Mitterrand en 1983, n'a cessé de s'affirmer jusqu'à aujourd'hui. En témoigne le franc
passage symptomatique de quelques-uns de ses cadres les plus élevés - je songe à Éric Besson -, de ses noms les plus médiatiques - Védrine, Kouchner, Allègre -,
de ses talents - Lauvergeon -, avec armes et bagages du côté de l'ennemi sarkozyste. Un grand nombre de socialistes manifestent leur désir de centre et,
entre les deux tours, François Bayrou a permis d'en démasquer une bonne partie. Dont Ségolène Royal...
 
La campagne de cette dernière fut la plus à droite des campagnes socialistes, c'est peu dire. Souvenons-nous : éloge de Blair, suppression de la carte scolaire,
résolution disciplinaire des problèmes de délinquance, mobilisation symbolique, genre drapeau tricolore et Marseillaise, pour cacher l'incapacité à offrir
une solution politique aux problèmes du plus grand nombre, démagogie de la démocratie participative - comme si une candidate pouvait se permettre d'ignorer
tout de la misère du monde six mois avant de se lancer dans une campagne présidentielle -, recyclage de la valeur Famille, puis de la valeur Travail, puis
de la valeur Patrie...
 
Enfin, comble du comble, célébration appuyée de Bayrou, de son électorat, jusqu'à la proposition d'amender le projet dit socialiste entre les deux tours
avec des idées venues de l'UDF, la nomination au poste de premier ministre d'un homme qui fut de tous les gouvernements de droite depuis trente ans et
celle de ministres venus de l'UDF. Que restait-il encore de gauche à ce Parti, à ce programme, à cette candidate ? Rien. Seule la crédulité a pu faire
prendre les vessies royalistes pour des lanternes socialistes.
 
La gauche antilibérale, éclatée, explosée, partie en désordre de marche, a diminué son score de moitié. Dès lors, le PS n'a plus le souci d'alliés qui ne
pèsent rien. Sa logique électoraliste, son cynisme qui troque les idées socialistes pour une assiette de lentilles servies à l'Élysée, son opportunisme
justifient qu'il se tourne désormais vers le centre qui pèse plus lourd et constitue un réservoir de voix nettement plus intéressant pour accéder aux ors
de la République afin, globalement, de gérer le libéralisme comme la droite chiraquienne.
 
Faudra-t-il attendre la hache du bourreau de la rue de Solferino pour s'en persuader ? La gauche de gauche devra-t-elle boire le calice jusqu'à la lie ?
Au nom de quoi faudrait-il attendre les ultimes humiliations infligées par DSK ou Ségolène Royal pour constater que l'alliance est désormais impossible,
que le divorce est inéluctable, et que l'adultère est de toute façon consommé depuis presque un quart de siècle entre socialistes libéraux et gauche antilibérale ?
Quel étrange masochisme expliquerait que la gauche de gauche consente encore à l'illusion d'un compagnonnage possible avec ces socialistes-là ?
 
À la question : qui peut prendre l'initiative de devenir le pôle d'attraction d'une gauche de gauche clairement antilibérale et propositionnelle, la réponse
est donc : pas le Parti socialiste. Elle est aussi : probablement pas l'extrême gauche dont le désir de rester dans le kantisme protestataire, le refus
de gérer, même petitement, l'incapacité à travailler et à produire de réelles transformations de gauche - la taxe Tobin par exemple, empêchée pour cause
du refus de l'axe Laguiller-Krivine au Parlement européen...-, la croyance à la révolution par la seule magie des mouvements de rue ou la captation incantatoire
du mécontentement mouvementiste ou associatif, tout cela, donc, justifie que l'extrême gauche entend jouer la carte de la boutique plutôt que le changement
réel et l'action pour réduire concrètement la misère des gens qui souffrent du libéralisme au quotidien.
 
Le refus d'une candidature unique de la gauche antilibérale s'est fait contre le peuple de gauche et en faveur des états-majors de partis. Lorsque, sur
mon blog de campagne, j'ai fait savoir ma préférence - le peuple de gauche contre les états-majors - j'ai reçu des bordées d'injures, des menaces physiques
par e-mails, téléphones, courriers, des intimidations, dont quelques-unes venues de vieux militants communistes, on a vandalisé ma voiture, etc. Tout cela
a évité qu'on parle, qu'on discute, qu'on argumente, qu'on me prouve que j'avais tort avec les arguments que j'avançais.
 
Je persiste, c'est mon ancrage dans la gauche libertaire : je suis toujours du côté du peuple de gauche et toujours rétif aux états-majors. Dès lors, pour
résoudre la contradiction, il suffit non pas de changer de peuple, mais d'états-majors. Du moins, de nommer dans l'état-major de nouvelles têtes, de nouvelles
figures, de faire apparaître de nouveaux noms. Autrement dit : une nouvelle génération. Une génération qui n'aurait pas trempé dans les pages les plus
sombres du Parti, une génération qui pratiquerait le droit d'inventaire (celui qu'on exige pour les autres mais qu'on se refuse pour soi...) et, loin de
la mode pour la repentance, ferait l'histoire, et non l'hagiographie d'un mouvement qui, s'il eut des périodes noires eut également de belles pages à son
actif.
 
Réponse à ma question : le Parti communiste français peut, s'il fait la révolution en son sein avant de la proposer aux autres, créer un rassemblement de
gauche clairement antilibéral, avec des valeurs moins marxistes-léninistes que socialistes libertaires, moins avec Lénine qu'avec Kropotkine, moins avec
la dictature bolchevique qu'avec les marins révoltés de Cronstadt, moins avec le modèle soviétique mais plus avec la fibre communaliste CNT de la guerre
d'Espagne, moins avec Georges Marchais, plus avec Louis Lecoin.
 
Car le PCF concentre le meilleur du PS et de l'extrême gauche : autrement dit, une capacité à frotter son idéal à la gestion concrète, un savoir-faire dans
les villes, les régions, les ministères, mais aussi une présence réelle dans les associations, sur le terrain, avec des militants dévoués aux côtés des
plus défavorisés ; le PCF peut aussi revendiquer une capacité à l'idéal, un désir de maintenir haut l'exigence de valeurs radicales, celles de la république
portée à son paroxysme - liberté, égalité, fraternité, tout bêtement...
 
Changer de génération, c'est simple. Voyez vos talents, il y a des cent.
 
>  
 
  
Page imprimée sur http://www.humanite.fr
> (c) Journal l'Humanité
 
 

27 mai 2007

Kouchner et MSF... tout un poème

    Dimance 27 mai 2007

Logo de Médecins sans Frontières  
 
Info-presse
 
Relations entre M. Kouchner et Médecins Sans Frontières : une clarification s'impose
 
Paris, le 22 mai 2007.
 
Médecins Sans Frontières constate, quelques jours après la nomination de Monsieur Kouchner à la tête du ministère des Affaires étrangères français, qu'une
forte confusion persiste entre ses actuelles responsabilités et le rôle qu'il a joué dans des organisations humanitaires, dont MSF. Cette confusion qui
mélange action politique et action humanitaire, est profondément dommageable à notre action et au déploiement de secours impartiaux et indépendants sur
les terrains de crise. Dans les conflits, elle peut même s'avérer dangereuse.
 
C'est pourquoi il nous paraît indispensable de clarifier les relations entre M. Kouchner et Médecins Sans Frontières et réaffirmer notre indépendance,
vis-à-vis des autorités françaises, comme de tout pouvoir. Cela passe par un rappel des faits :
 
- M. Kouchner a fait partie du groupe de douze médecins et journalistes qui ont créé MSF en 1971 ;
- M. Kouchner a quitté MSF en 1979 sur un désaccord de fond portant sur le développement et la professionnalisation de l'association ;
- Depuis cette date, M. Kouchner n'exerce plus aucune fonction ni responsabilité au sein de Médecins Sans Frontières ;
- Depuis près de 30 ans, Médecins Sans Frontières et M. Kouchner se sont opposés sur leur vision de l'action humanitaire : M. Kouchner est favorable à
un humanitaire d'Etat qui trouve notamment sa traduction dans le « droit d'ingérence humanitaire » ; au contraire, Médecins Sans Frontières défend et met
en oeuvre une action humanitaire impartiale et indépendante de tout pouvoir politique, économique et religieux.
- Médecins Sans Frontières n'est pas une organisation française mais internationale, comptant 18 sections en plus de la section française. Les activités
de la section française de Médecins Sans Frontières sont financées à 99% par des ressources d'origine privée. MSF ne reçoit aucun fonds du gouvernement
français.
 
Perçue à tort comme partie prenante de la politique étrangère française, l'action de Médecins Sans Frontières pourrait être gravement compromise, notamment
dans les conflits où la France est engagée militairement, comme en République Centrafricaine et au Tchad. Il est aujourd'hui de la responsabilité de chacun,
notamment de Monsieur Kouchner, de ne pas assimiler Médecins Sans Frontières à la défense d'intérêts nationaux. L'action des volontaires de Médecins Sans
Frontières n'a qu'une seule fin : secourir des populations en danger, sans aucune discrimination.
 

Pour plus d'informations, consultez notre site internet (
http://www.msf.fr
), notamment
l'interview de Jean-Hervé Bradol, Président de MSF : "Humanitaire et Politique : attention à la confusion".
 
Contacts presse:
Anne Yzèbe : +33 1 40 21 28 43
Brigitte Breuillac : +33 1 40 21 29 17
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L'ouverture sans se renier, pour combien de temps?

Samedi 26 mai 2007
 
CONFIDENCES AU « NEW YORK TIMES »
 

Déjà en désaccord avec Sarkozy !
 

Si mes amis me prennent un jour en flagrant délit de renoncement, prévient le nouveau ministre des Affaires étrangères, je leur demande de me réveiller
»... Combien de temps avant qu'ils actionnent le tocsin, au vu des surprenants propos tenus, selon la correspondante du « New York Times » ( 1 ), par le
nouveau chef de la diplomatie française le jour même de son entrée en fonction : « Sur la Turquie, le retrait des troupes d'Afghanistan , le tiers-monde
et l'Afrique , nous ne sommes pas proches. Je suis contre l'idée d'une immigration choisie. » En clair, Bernard Kouchner se dit en désaccord avec le chef
de l'Etat sur une bonne moitié de son projet international. Même s'il souligne dans le même entretien sa proximité avec le président de la République «
sur le Moyen-Orient , le besoin d'une alliance avec l'Amérique , le rôle de la France en Europe ». Même la question du Darfour pourrait devenir une pomme
de discorde. Pendant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy a certes promis qu'il ne resterait pas inerte face à cette tragédie. Mais, contrairement à
Bernard Kouchner, il ne veut pas utiliser la menace d'un boycott des JO de Pékin pour faire pression sur la Chine ( alliée au régime soudanais ). In fine,
surtout, quelle sera la ligne dans laquelle devra s'inscrire le patron du Quai-d'Orsay ? Car Nicolas Sarkozy avait également proposé le poste à Hubert
Védrine. Or l'ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin pense à l'opposé de Bernard Kouchner sur la plupart des sujets de politique étrangère.
Il a notamment fait le procès du droit d'ingérence, selon lui « une invention pleine de bons sentiments et néocoloniale ».
 
( 1 ) « New York Times » du 19 mai 2007.
 
 Marie-France Etchegoin
Le Nouvel Observateur

Aprés le temps des cerises, voici venu le temps des trahisons!

Vendredi 25 mai 2007
 
Dommage qu'ils n'aient pas pris Allègre »
 

Hollande : le temps des trahisons
Le premier secrétaire s'applique à minimiser les conséquences, à gauche, de l' « ouverture ». Et pourtant...
 

Aquoi reconnaît-on un joli coup politique ? A la cacophonie qu'il provoque chez ses adversaires. En nommant au gouvernement quatre personnalités issues
des rangs de la gauche, Nicolas Sarkozy a déclenché un concert de critiques contradictoires chez les socialistes, qui traduit bien leurs divisions internes
mais aussi leur incapacité à trouver le bon angle d'attaque pour riposter. En quelques jours, on a ainsi entendu Julien Dray traiter de basse « manoeuvre
» ce que Laurent Fabius, en fin connaisseur, qualifiait de coup « électoralement bien joué », et François Hollande fustiger un « débauchage » là où sa
compagne Ségolène Royal préférait voir une forme d' « hommage » à son pacte présidentiel. Plus curieux encore : certains socialistes n'ont pas hésité à
dénoncer cette volonté affichée de laminer le PS, tout en remettant en cause le pedigree socialiste de Bernard Kouchner ou de Jean-Pierre Jouyet... Le
piège était tendu. Il a parfaitement fonctionné. Exactement comme en 1988, mais dans l'autre sens. Sommés d'utiliser leur maigre temps de parole à commenter
ces défections, les socialistes ne pouvaient pas plus mal commencer la campagne législative. Non seulement Sarkozy les prive de leur refrain favori sur
la menace d'un retour de l'Etat-UMP, mais ils se voient accusés de sectarisme pour avoir exclu Bernard Kouchner sitôt connue l'annonce de son arrivée au
ministère des Affaires étrangères ! François Hollande l'a compris. Il peut bien, aujourd'hui, souligner les incohérences du chef de l'Etat, qui a hésité
un temps à confier le Quai-d'Orsay à Hubert Védrine avant de l'offrir à Bernard Kouchner, alors que tout oppose les deux hommes en matière de politique
étrangère. Ou ironiser sur le fait que Nicolas Sarkozy, grand procureur de Mai-68, ait fait entrer au gouvernement le fondateur de Médecins sans Frontières,
qui incarne plus que tout autre, aux yeux du premier secrétaire, « la culture soixantehuitarde , avec ses bons et ses mauvais côtés ». Ses critiques ne
sont guère audibles. Les sondages l'ont montré, l'opinion a tranché : les Français sont sensibles à l'ouverture. Ségolène Royal elle-même ne l'avait-elle
pas pressenti en promettant d'ouvrir les portes de son gouvernement à des ministres UDF ? Après le choc de la défaite et le camouflet des transfuges, le
premier secrétaire du PS a donc choisi de minimiser, banaliser, temporiser. Pour lui, l'heure n'est pas à l'hémorragie. Après tout, la brèche aurait pu
être beaucoup plus importante si François Bayrou l'avait emporté et avait nommé DSK à Matignon. Hollande, qui aime puiser dans l'histoire des éléments
d'analyse comme sources de réconfort, se souvient de Giscard en 1974. « Lui aussi incarnait une forme de rupture avec l'archaïsme du pompidolisme, lui
aussi a tenté le coup de l'ouverture avec Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber . On disait à l'époque : " Ça va tuer la gauche. " On a vu
comment cela s'est terminé ! » Le député-maire de Tulle en est persuadé, les premières contradictions ne tarderont pas apparaître. Un premier couac a d'ailleurs
déjà retenti lundi dernier lorsque Martin Hirsch, fraîchement nommé haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, a critiqué publiquement
le projet de franchise de soins préparé par le gouvernement. D'autres viendront, il en est sûr. Probablement du Quai-d'Orsay. « Kouchner ne l'a peut-être
pas réalisé , mais il a hérité d'un ministère en toc. D'un côté Brice Hortefeux [ le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale ] gérera les
visas, les demandes d'asile , la coopération et du même coup toute la politique africaine, tandis que de l'autre Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique
de Nicolas Sarkozy, donnera les grands arbitrages depuis l'Elysée . Il est coincé , je le connais, il va gaffer », pronostique-t-il, avant d'ironiser :
« Quel dommage quand même qu'ils n'aient pas pris aussi Claude Allègre ! » Badin avec Kouchner, Hollande est beaucoup plus affecté par la nomination de
Jean-Pierre Jouyet comme secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Il sait qu'à travers cette « prise de guerre » c'est lui que Sarkozy a voulu toucher.
Hollande et Jouyet se connaissent depuis longtemps. Ils ont été amis. Aujourd'hui, ils se parlent encore mais ne se comprennent plus. « Jean-Pierre est
moins un homme politique qu'un haut fonctionnaire. C'est un mélange de démocrate-chrétien et de gaulliste social. Il doit se dire qu'en servant l'Europe
il reste fidèle à ses convictions, résume Hollande. Et puis son père était maire et conseiller général RPR, son frère est maire et conseiller général UMP...
» Déçu, le premier secrétaire ne cite d'ailleurs jamais son nom, pas plus que celui d'Eric Besson, lorsqu'il évoque la distribution des maroquins. Pour
lui, le gouvernement Fillon se résume à « quinze ministres, dont treize UMP ». Façon de minimiser l'ouverture. Ou de renvoyer dos à dos la trahison politique
et la trahison en amitié ?
 
 Matthieu Croissandeau
Le Nouvel Observateur

Des traitres, rien que des traitres...

Vendredi 25 mai 2007
Nicolas les veut tous...
Félons ou pionniers ?
Les ministres de gauche de Sarkozy ? Des traîtres, dit-on à la direction du PS. Des éclaireurs, affirment leurs proches. Leur ralliement témoigne du malaise
de la gauche. Et de l'habileté du président. Carole Barjon raconte comment Nicolas Sarkozy a su cultiver, de longue date, des amitiés à gauche et comment
il veut dynamiter le PS
 

Il faut qu'on soit plusieurs » : c'est la première chose qui vient à l'esprit de Bernard Kouchner lorsque Nicolas Sarkozy, de retour de Malte, le sollicite
pour le Quaid'Orsay. Et c'est ce qu'il répète quelques heures plus tard, au téléphone, à son ami Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint du cabinet
de Lionel Jospin, aujourd'hui secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, pour le convaincre, s'il en était besoin, d'entrer au gouvernement. C'est pourquoi
aussi il a plaidé auprès du nouveau président de la République pour que le président d'Emmaüs, Martin Hirsch, son ami qui fut son directeur de cabinet
au ministère de la Santé, obtienne un secrétariat d'Etat. A d'autres proches, pendant cette folle semaine de tractations, le fondateur de Médecins sans
Frontières le redit autrement : « Je ne veux pas être tout seul. »
 
Kouchner le sait : solitaire, le rallié est un félon. Aux yeux de la gauche, Eric Besson, ancien secrétaire national du PS passé à l'ennemi en pleine campagne
présidentielle, fait figure de traître absolu. Groupés, les ralliés ne sont plus jugés sur leur seule démarche, ils posent aussi la question de la capacité
de leur ancienne famille, le Parti socialiste, à conserver ses troupes. Traîtres ou éclaireurs ? Félons pour leur ancienne famille, les nouveaux ministres
de gauche de Sarkozy se vivent, eux, comme des pionniers. Le ralliement de Kouchner, Jouyet, Hirsch, Besson, les tentations d'Hubert Védrine, de Claude
Allègre, de Jacques Attali et peut-être demain de Jack Lang, cela commence à faire beaucoup... Pourquoi tous ces hommes de gauche ont-ils dit oui, chacun
à sa manière - portefeuille ministériel ou mission future - à Sarkozy ? Pourquoi d'autres sont-ils tentés ? Peut-on réduire ces disponibilités à un vulgaire
opportunisme ? Ou à une vocation d'agents doubles, de taupes dormantes ? Peuton déclarer, comme l'a fait François Hollande à propos de son ( ex ?) ami
Jean-Pierre Jouyet : « Je le connais depuis trente ans, il a toujours eu des convictions de droite » ? Une affirmation « fausse » qui a choqué leur ami
commun l'avocat Jean-Pierre Mignard, fondateur avec les deux précédents du très deloriste club Témoin. Selon lui, Jouyet est « une personnalité de gauche
incontestable que le PS n'a pas su gérer et qui aurait dû figurer sur sa liste européenne » . « Tant que le parti fera prévaloir une logique d'appareil
, tout ceci se reproduira » , s'énerve Mignard.
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Tous des atypiques, entend-on dans la vieille maison. Atypique, Védrine, certes plus mitterrandiste que socialiste orthodoxe, mais ministre de Jospin pendant
cinq ans ? Atypique, Kouchner, certes plus militant de la cause humanitaire que distributeur de tracts du PS ( lire le portrait de Marie-France Etchégoin
p. 60 ) , mais témoin essentiel de la cause anti-totalitaire ? Atypique, Jouyet, certes plus représentatif de la haute fonction publique que de la base
( lire le portrait de Jean-Gabriel Fredet p. 64 ), mais qui fut un pilier du cabinet Jospin ? Atypique, Besson, venu de l'entreprise privée ( lire le portrait
d'Hervé Algalarrondo p. 65 ), mais députémaire socialiste ayant réussi son implantation locale ? Atypique, Martin Hirsch, auteur d'un rapport remarqué
sur les travailleurs pauvres ( lire le portrait de Martine Gilson p. 64 ) et promoteur du revenu de solidarité active que Ségolène Royal avait adopté dans
son programme ? Atypique, enfin, Claude Allègre, grande gueule mais fidèle de Jospin ? Sans doute un peu, chacun à sa manière. On peut les voir comme des
aventuriers ou des ambitieux. Mais tous ont apporté leur pierre à la gauche et ont contribué à élargir son assise. L'ouverture au monde ou à l'entreprise
pour les uns, le réalisme économique ou l'ancrage associatif et la noblesse de l'action caritative pour les autres. Voilà ce que Sarkozy, pourtant le champion
de la droite décomplexée, espère avoir volé à la gauche en moins d'une semaine. 8 mai. Après un jour de repos à Malte, le nouveau président décroche son
téléphone. Premier sur sa liste : Hubert Védrine, aujourd'hui avocat international et président de l'Institut François-Mitterrand. Sarkozy, alors ministre
du Budget, l'a connu en 1993, sous la deuxième cohabitation, celle de Mitterrand-Balladur. Védrine était secrétaire général de l'Elysée. A l'époque, Sarkozy,
qui caresse déjà de grandes ambitions, s'intéresse de près au fonctionnement du palais présidentiel, pose beaucoup de questions, apprend, emmagasine tout.
Sarkozy aime les pros, et Védrine en est un. Parfois vu à gauche comme un cynique, c'est un adepte de la realpolitik. Il parle clair et va droit au but.
Tout pour plaire à Sarkozy, qui n'aime pas non plus les discours contournés. Ils n'entretiennent pas de relations suivies mais ont quelquefois déjeuné
ensemble. Védrine n'est « demandeur de rien », mais il accepte le principe d'une discussion. Pour lui, l'élection présidentielle crée une situation nouvelle.
Il n'est pas dupe de l'aspect tactique de la tentative d'ouverture, mais il croit à la mise en commun des compétences, gage de la crédibilité d'une politique.
De retour à Paris, le chef de l'Etat le reçoit, vendredi 11 mai, dans ses bureaux de la rue Saint-Dominique. Il veut lui confier le ministère de la Justice.
Refus. L'ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin ne veut pas endosser à ce point la future politique gouvernementale. Pour lui, la politique
étrangère est l'un des rares domaines où « une approche non partisane est possible » . Sarkozy est d'accord : « Je ne suis pas l'atlantiste que l'on croit
» , lui dit-il. L'entretien achoppe cependant sur les attributions du Quai-d'Orsay que Sarkozy envisage de réduire au profit d'autres ministères ( délivrance
des visas et coopération notamment ) mais aussi des Affaires européennes, qu'il veut alors rattacher à Matignon, et du pouvoir qu'il entend conférer à
Jean-David Levitte, responsable d'un conseil de Sécurité à l'Elysée. Mais Sarkozy a d'autres fers au feu. Fort de ses 53 % au second tour, le nouveau président
de la République veut une ouverture large. Entre-temps, il a donc déjà pris d'autres contacts, notamment avec Bernard Kouchner, qu'il sait disponible.
Il les connaît, lui et sa femme, Christine Ockrent, depuis longtemps. Certes, l'ancien ministre socialiste de la Santé dénonçait encore, un mois auparavant,
« la pêche dans les eaux de l'extrême-droite » du candidat de l'UMP, mais l'important n'est pas là. Ne s'est-il pas dit, en décembre 2006, « prêt à travailler
dans un gouvernement d'union nationale, une véritable équipe de France » , si Sarkozy était élu ? N'at-il pas lancé, au soir du second tour, un appel à
une alliance avec le centre ? Avec Kouchner, qu'il reçoit plusieurs fois entre le 9 et le 17 mai, jour de la nomination du Premier ministre, les choses
vont plus vite. L'ancien French doctor, qui bénéficie d'une certaine manière de l'échec de la négociation avec Védrine, obtient facilement de conserver
les Affaires européennes, condition sine qua non à son entrée au gouvernement. Il recommande aussi ses amis Jean-Pierre Jouyet et Martin Hirsch. Conseil
inutile. Sarkozy y a déjà pensé.
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Dès le mercredi 9 mai, Emmanuelle Mignon, aujourd'hui directeur de cabinet du président, puis Claude Guéant ont pris contact avec Martin Hirsch pour lui
offrir un poste de conseiller à l'Elysée. Le soir même, Sarkozy, rentré de Malte dans l'après-midi, le reçoit rue Saint-Dominique et lui propose un secrétariat
d'Etat. « Vous connaissez comme moi la complexité des structures de l'Etat , lui dit-il, et vous vous plaignez de ses lourdeurs. Si vous voulez faire bouger
les choses, il vous faut des leviers. Vous ne pouvez pas vous contenter d'être un demi-levier . » Et Sarkozy ajoute : « Je peux me permettre d'avancer
sur le terrain social car mon score de 53 % veut dire que j'ai été élu aussi avec des voix de gauche. »
 
Hirsch réserve sa réponse. Le président d'Emmaüs avait déjà accepté de rencontrer, le 1 er février dernier, Place-Beauvau, celui qui était alors ministre
de l'Intérieur et qui lui avait envoyé une très longue lettre avant de le croiser aux obsèques de l'abbé Pierre. Il juge que le candidat Sarkozy a évolué
pendant sa campagne sur les minima sociaux. Ce 9 mai, il est tenté, mais il hésite. La fonction ministérielle le gêne. Il ne veut pas endosser toute la
politique gouvernementale et aimerait conserver sa liberté de parole. Il veut aussi contribuer à la mise en oeuvre de son idée de revenu de solidarité
active. Il ne veut ni se défiler ni surtout se retrouver en position de conflit avec le nouveau pouvoir, position qui serait préjudiciable à sa cause.
Après quatre jours de réflexion et d'échanges de messages avec Bernard Kouchner, il envoie, le dimanche 13 mai, un texto à Mignon et Guéant pour suggérer
la création d'un haut-commissariat aux Solidarités actives contre la Pauvreté. L'accord est entériné dès le lendemain au cours d'un dernier rendez-vous
avec le président de la République.
 
Avec Jouyet, les choses vont encore plus vite. Sarkozy l'a connu comme directeur du Trésor en 2004 lorsqu'il était ministre des Finances. Appréciant sa
compétence, il avait alors refusé sa démission - « On va voir, rien ne presse » - avant de le nommer plus tard ambassadeur chargé des questions économiques
internationales. A l'époque, les deux hommes s'apprécient, échangent beaucoup lors des conseils des ministres européens, où Sarkozy s'ennuie ferme. Le
ministre le présente alors fréquemment comme son « socialiste préféré » , voire, un peu plus tard, comme un « sarkozyste de gauche » . Ce samedi 12 mai,
lorsque Sarkozy, alors installé au pavillon de la Lanterne à Versailles, l'appelle pour lui proposer le secrétariat d'Etat aux Affaires européennes, le
social-libéral Jouyet ne tergiverse pas : c'est oui. « La relance de l'Europe m'intéresse et elle transcende les clivages. » Reste le cas d'Eric Besson,
qui a officiellement rallié le candidat UMP avant son élection. A-t-il failli passer à la trappe après le coup de fil de Ségolène Royal à Sarkozy le 6
mai au soir ? Après avoir félicité le nouveau président pour son élection, l'ex-candidate du PS lui a demandé « une seule chose » : ne pas prendre Besson
au gouvernement. Mais le veto Royal n'est pas la seule chose qui inquiète Besson. Après toutes ces grosses prises emblématiques comme Kouchner ou Hirsch,
vaut-il encore quelque chose pour la galaxie Sarkozy ? Le président, qu'il revoit le 15 mai, puis François Fillon le rassurent : « Tu n'imagines pas les
pressions de la gauche pour qu'on te laisse sur le carreau » , lui dit le futur Premier ministre, avant de lui proposer le secrétariat d'Etat à la Prospective,
placé sous sa responsabilité. Si Sarkozy a pu réussir son opération de débauchage, c'est qu'il s'intéresse à la gauche, à son fonctionnement, à sa stratégie,
à ses élus depuis longtemps, beaucoup plus longtemps qu'on ne croie. Depuis près de vingt ans, il cultive les amitiés à gauche, Jacques Attali, habitant
de Neuilly, ou l'historien Jean-Michel Gaillard, aujourd'hui décédé. Il a connu cet ancien conseiller de Mitterrand à l'Elysée, par l'intermédiaire du
producteur Jacques Kirsner, ancien trotskiste. C'est ce dernier qui produira le film qu'ils réaliseront ensemble - Gaillard en sera le scénariste - sur
la vie de Georges Mandel dont Sarkozy avait écrit la biographie. Lorsque Gaillard mourra d'un cancer, Sarkozy lui rendra un bel hommage dans « le Journal
du Dimanche ». Il a aussi su séduire l'historien Max Gallo. Dans la sphère politique, Sarkozy a toujours entretenu à l'Assemblée nationale de bonnes relations
avec Julien Dray, qui jugeait qu' « il aurait pu être gaucho car il conceptualise tout de suite », ou avec Malek Boutih, qui avait expliqué, avant de se
faire taper sur les doigts par le PS, que Sarkozy « redonnait l'envie de la politique » . Autre vieilles connaissances : Bernard Tapie ( voir encadré )
et Jack Lang, que Brice Hortefeux, fidèle du nouveau chef de l'Etat, rencontre régulièrement.
 
Aujourd'hui en charge du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, Hortefeux a joué un rôle non négligeable dans la préparation des ralliements
et d'éventuels renversements d'alliances. C'est lui qui avait lancé voici plus d'un an la Diagonale, club de sarkozystes de gauche, organisateur de tables
rondes auxquelles ont participé Jean-Marie Bockel, député-maire socialiste de Mulhouse, le producteur Marin Karmitz ou Richard Descoings, ancien conseiller
de Jack Lang et directeur de Sciences-Po. C'est Hortefeux qui prépare, avec la complicité de son voisin régional l'ancien ministre Michel Charasse, la
venue en Auvergne du candidat Sarkozy entre les deux tours. Charasse, poids lourd de la mitterrandie - encore un - réservera à Sarkozy, le 27 avril, un
accueil républicain remarqué dans sa mairie de Puy-Guillaume, destiné, dit Hortefeux, à « stopper la diabolisation » . Le nouveau président de la République
en est depuis toujours « génétiquement convaincu » , selon son ami Brice Hortefeux : « Quand on est fort, il faut ouvrir » . Notamment pour couper court
aux inévitables critiques sur l'omnipotence d'un Etat-UMP. Ouvrir à gauche donc, mais aussi aux chiraco-juppéistes et aux centristes ( voir encadrés )
, comme l'ont fait avant lui Giscard ou Mitterrand ( lire l'article de François Bazin p. 68 ) et, rupture oblige, comme ne l'avait pas fait Chirac avec
les balladuriens. Mais, à en croire ses proches, les motivations de Sarkozy ne seraient pas purement politiques. On aurait tort, selon eux, de sous-estimer
l'effet qu'a produit le « tout-sauf-Sarko » sur l'intéressé. « Pourquoi tant de haine ? » , at-il répété en fin de campagne. Le nouveau monarque veut aussi
être aimé .... Parallèlement à la constitution du gouvernement et à ses ralliements spectaculaires, Sarkozy, entre deux joggings, s'attaque donc aussi
aux partis de gauche. Son objectif est clair : déstabiliser un peu plus la gauche avant les législatives, bien sûr, dynamiter le Parti socialiste, notamment
en cherchant, grâce aux manoeuvres de Bernard Tapie, à le couper du PRG ( voir encadré ) , son allié traditionnel. Mais surtout écraser Bayrou, ce Bayrou
qui a tenté de le tuer et qui l'a assimilé au CAC 40. En attirant à lui des hommes et femmes de gauche, en chassant sur les terres radicales, il veut l'asphyxier.
Sarkozy veut « lui faire la peau » , dixit un proche. Le « grand parti du centre » annoncé à sons de trompe par François Bayrou ? Sarkozy l'imagine volontiers,
comme l'ont pronostiqué certains instituts de sondage, réduit à quatre ou cinq députés... Jeudi 17 mai, dans la matinée, Jack Lang, lui aussi, a rencontré
le nouveau président de la République. L'ex-porte parole de Ségolène Royal s'est rendu à l'Elysée en tant que « porte-parole » du Pas-de-Calais... « Une
visite technique qui n'avait aucune connotation politique » , a déclaré l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand. Peut-être. Mais après les
législatives... Un mitterrandiste de plus au tableau de chasse de Nicolas Sarkozy ? Pourquoi pas ? C'est le syndrome de l'enfant boulimique : Nicolas les
veut tous.
 
 Carole Barjon, Claude Askolovitch, Nathalie Funès
Le Nouvel Observateur

Les Communistes n'acceptent pas la récupération de Guy Môquet!

Jeudi 24 mai 2007
 
Politique
Guy Môquet, le courage d'un combat
 
Hommage . Le souvenir du jeune résistant communiste sera honoré. Sa dernière lettre à sa famille sera lue à tous les lycéens. Nicolas Sarkozy investit le
terrain de la mémoire...
 
La décision a été annoncée, mercredi, par le président de la République, aussitôt après son installation, lors d'une cérémonie d'hommage aux 35 jeunes résistants
fusillés à la Cascade du Bois de Boulogne (voir ci-contre). La dernière lettre du jeune résistant communiste Guy Môquet, fusillé par les Allemands le 22
octobre 1941, sera lue au début de chaque année scolaire dans tous les lycées de France. « Je crois essentiel d'expliquer à nos enfants ce qu'est un jeune
Français », a justifié Nicolas Sarkozy. « Soyez fiers de la France au nom de laquelle ils sont morts », a-t-il lancé à l'adresse des jeunes générations,
invoquant le souvenir de jeunes résistants « pour lesquels la France comptait davantage que leur parti ou leur église ».
 
exécuté par les nazis à dix-sept ans
 
Maintes fois évoqué par le chantre de « l'immigration choisie » et de « l'identité nationale » durant la campagne présidentielle, l'élève du lycée Carnot,
militant de la Jeunesse communiste, assassiné par les nazis à dix-sept ans, est donc honoré, aujourd'hui, par un président de la République soucieux d'effacer
son image d'homme de division. Trois grands résistants, Serge Ravanel, Daniel Cordier et Raymond Aubrac, tout en rappelant leur distance à l'égard de Nicolas
Sarkozy, se sont félicités de cette initiative, en souhaitant que le parcours du jeune résistant soit expliqué par les enseignants.
 
De la « liquidation de mai 68 » à l'exaltation de « l'esprit de la résistance » en passant par la légitimation des conquêtes coloniales, le nouveau chef
de l'État entend faire de l'histoire un terrain privilégié de son combat idéologique. Pour reprendre l'expression de Gérard Noiriel, Nicolas Sarkozy « consacre
les grands personnages qui ont fonction de le consacrer » (1). « Ce discours mémoriel, poursuit l'historien, a aussi pour but de fabriquer un consensus
occultant les rapports de pouvoir et les luttes sociales ». Le combat politique dans lequel s'inscrivait Guy Môquet est, effectivement, gommé dans le discours
du président de la République, au profit de l'exaltation de la seule « fierté de la France » qui aurait guidé, selon lui, le jeune résistant. Exit, la
lutte antifasciste, l'internationalisme, l'idéal d'émancipation humaine, d'égalité, de démocratie, qui l'animaient.
 
En outre, seule la responsabilité de « la Gestapo » est ici stigmatisée. Si l'historien Max Gallo l'a soulignée, en revanche, Nicolas Sarkozy passe totalement
sous silence la responsabilité de la police et du gouvernement de Vichy. L'évocation du rôle joué par des Français dans l'assassinat des jeunes résistants
honorés aurait terni le récit national héroïque et lisse que souhaite écrire le nouveau président de la République. Pourtant, ce sont bien des policiers
français, à la recherche de militants communistes clandestins, qui arrêtent Guy Môquet, le 13 octobre 1940, au métro Gare de l'Est. Avant de le passer
à tabac pour tenter de lui extorquer les noms des camarades de son père, le député communiste du 17e arrondissement, Prosper Môquet, arrêté un an plus
tôt, déchu de son mandat et déporté en Algérie.
 
une liste d'otages
 
à fusiller
 
Incarcéré à Fresnes, puis à Clairvaux, Guy Môquet est finalement transféré, avec d'autres militants communistes, au camp de Châteaubriant. Le 20 octobre
1941, le Feldkommandant Karl Hotz est abattu à Nantes par trois résistants communistes : deux Français, Marcel Bourdarias et Gilbert Brustlein, et un « immigré »,
l'Italien Spartaco Guisco. En guise de représailles, les autorités nazies soumettent au ministre de l'Intérieur de Pétain, Pierre Pucheu, une liste d'otages
à fusiller. Ce dernier parlemente, sélectionne les communistes, « pour éviter de laisser fusiller 50 bons Français ». Deux jours plus tard, dans la carrière
de la Sablière, à la sortie de Châteaubriant, 27 résistants sont assassinés, parmi lesquels Guy Môquet. Ceux que les représentants du gouvernement de Vichy
considérent comme de « mauvais Français » tombent en s'écriant « Vive la France ! » Une France qu'ils rêvaient, comme les « étrangers » de l'Affiche rouge,
débarrassée du poison de la peur et de la haine de l'autre.
 
(1) Gérard Noiriel, les Usages de l'histoire dans le discours public de Nicolas Sarkozy, texte publié sur le site Internet du Comité de vigilance face aux
usages publics de l'histoire.
 
Rosa Moussaoui

Voici la lettre de Guy Môquet!

Jeudi 24 mai 2007
 
our sa premi�re d�cision en tant que pr�sident de la R�publique, Nicolas Sarkozy a souhait�, le 16 mai, que cette lettre d'adieu soit lue au d�but de chaque
ann�e scolaire dans tous les lyc�es de France.
 
Ma petite maman ch�rie,
mon tout petit fr�re ador�,
mon petit papa aim�,
 
internet
 
 
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'�tre courageuse. Je le suis et je veux l'�tre autant que ceux qui
sont pass�s avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon c�ur, c'est que ma mort serve � quelque chose. Je n'ai pas eu
le temps d'embrasser Jean. J'ai embrass� mes deux fr�res Roger et Rino. Quant au v�ritable, je ne peux le faire h�las ! J'esp�re que toutes mes affaires
te seront renvoy�es elles pourront servir � Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'� ma petite
maman, bien des peines, je te salue une derni�re fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as trac�e.
 
Un dernier adieu � tous mes amis, � mon fr�re que j'aime beaucoup. Qu'il �tudie bien pour �tre plus tard un homme.
 
17 ans et demi, ma vie a �t� courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande,
ce que je veux que tu me promettes, c'est d'�tre courageuse et de surmonter ta peine.
 
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon c�ur d'enfant. Courage !
 
Votre Guy qui vous aime.
 
Guy
 
Derni�res pens�es : vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !