29 novembre 2006

Revue de presse:un point de vue particulier

Voici un point de vue original de René Remond
dans le Point d'aout dernier qui éclaire sur le parcours spirituel  de Ségolène Royal.
 
Le Point : que ségolène Royal se réfère à "l'ordre juste", expression tirée de Saint Thomas d'Aquin et reprise dans une encyclique par Benoît XVI : coïncidence
ou ancrage spirituel.
René Rémond : Difficile de découvrir ses motivations profondes? On ne connaît guère son itinairaire intellectuel. Son positionnement est assez singulier
: elle défend les valeurs familiales, mais refuse le mariage bougeois. Certaines de ses affirmations rejoignent certaines orientations du catholicisme
social : il n'y a d'ordre valable que s'il est juste. Mais de là à en faire une thomiste... On s'abstiendra de la écupérer. Si elle a été imprégnée de
catholicisme par son éducation familiale, y a t-il eu pour elle appropriation de ces valeurs ? François Hollande fut, il est vrai, proche de Jacques Delors.
Mais on ne peut pas situer sa campagne dans la galaxie de la deuxième gauche chrétienne.
Le Point : Ségolène Royal ferait-elle alors du saint Thomas d'Aquin sans le savoir ?
René Rémond : Elle se situe à mon avis, tout autant dans l'héritage de IIIe République que dans une tradition spirituelle. Les valeurs qu'elle préconise
ne sont pas seulement chrétiennes mais largement partagées : "éducation du respect", goût de l'effort, amour du travail, appel à la discipline. Les anticléricaux
d'avant-hier défendaient ces mêmes valeurs, et ils auraient été offusqués qu'on y voie une influence religieuse. Si droite et gauche s'opposaient sur la
religion, la morale les rapprochait. On a oublié que l'école publique enseignait "la morale de nos pères". Il a longtemps existé une tradition moralisatrice
de la gauche, en particulier contre l'individualisme de droite. Il faut se rappeler à quel point le Parti communiste fut puritain !
Le Point : Ségolène Royal s'inscrit dans cette tradition puritaine ?
René Rémond : Il y a chez elle - est-ce conscient, délibéré ? - une volonté de réconcillier la gauche avec des valeurs que celle-ci n'excluait pas autrefois
et qu'elle a laissées partir à droite.... Pour tout un courant à gauche, la politique devait être l'implication d'une morale. Jaurès, Blum et nombre de
prophètes du socialisme s'inpiraient de préoccupations éthiques. Il y avait un large consus sur les vertus privées, la subodination des intérêts particuliers
à des causes altruistes. Le contexte aujourd'hui est tout autre : les aspirations individuelles sont le test de la modernité. Depuis les années 60, tantôt
par conviction, tantôt par calcul, la gauche s'est convertie à l'idéologie libertaire, majoritaire aujourd'hui. Ségolène s'inscrit à contre-courant de
cette évolution et - ce qui est inattendu - elle rencontre une partie de l'opinion.
Le point : Comment ?
René Rémond : Sa candidature est moins polique que sociale. elle fait le diagnostic que nous vivons plus une crise de société qu'une crise institutionnelle.
C'est pourquoi elle met l'accent sur l'éducation morale, axe de son discours contre l'incivilité : l'objectif est plus large que la sécurité des personnes
et des biens... Ségolène royal parle d'"ordre juste" dans cette perspective. A la question de Goethe sur le choix entre l'ordre et la justice, elle répondrait
sans doute qu'il n'y a pas à choisir entre l'un et l'autre.
René Rémond Historien et président de la Fondation nationale des sciences politiques

Réflexions:Ségolène et le christianisme social

Dans son discours,, cela a été particulièrement analysé par les journalistes lors de sond iscours d'investiture on trouve beaucoup d'emprunts aux vocables religieux, créteins. mme Royal revendique t'elle autravers de ces vocables radicalement en rupture avec la prose socialiste habituellle un héritage spirituel?
On peut légitimement s'interroger. Elle nous parle de ferveur, de bonheur,  de dépassement de soi, appelle à s'aider les uns les autres... tous ces traits de langage ne sont pas anodins, ni ne sont dus au hasard. la communciation de Ségolène Royal est beaucoup trop millimétrée pour accepter de telles approximations.
Une partie de la gauche et du PS en particulier par trop libertaire ne peut se retrouver dans ces emprunts quasi mystique, qui renoue avec un certain moralisme. Cette rupture avec les libertaires est totalement assumée par Royal et certainemetn Hollande. D'aucuns s'amuseront à interpréter le labsus de Hollande qui Dimanche derrnier lors de l'investiture de sa compagne a souhaitébattre la gauche.Il s'ets vite repris, mais en psychanalyse cela n'a rien d'anodin. Effectivement avec Ségolène une partiede la gauche est battue, celle de 68. Elle souahite renouer avec une gauche plus collective, plus emprunte du gout de l'effort, du travail, du mérite. Ce discours plait parce qu'il renvoie à un autre temps où la gauche incarnait un espoir, collectif, ce qu'elle n'incarne plus, surtout depuis 81, parce qu'elle a endossé l'ambition de l'épanouissement individuel au détriment du collectif.
Est ce qu'elle peut incarne le retour du collectif, de l'itnert général sur l'interet particulier?
l'avenir nous le dira. Il estc ependant regrettable qu'il faille faire ses emprunts  au moins de manière dubtile à la glause religieuse
 

Des chardons plein les poches:un peu de retenue cléricaliste ne serait pas de trop dans la presse française

Mardi 28 novembre 2006
 
Benoit XVI se rend en Turquie et tous les journaux  en font des tonnes. Comme si il était de coutume de retranscrire tous les dépalcemetns des chefs d'Etat étrangers. Je ne peux penser en effet, que l'on s'interresse au dépalcement du chef d'une Eglise, et pourtant. Et pourtant on saura rpesque tout des moindres détaisl de son dépalcemetn.où il ira prier, dormir, , où il préchera ses messes, les moyens colossaux de sécurité mis en oeuvre pour assurer sa sécurité, en revanche on ne nous dit pas à la charge de qui...
Alors on peut s'itnerroger de savoir si un tel déploiement médiatique est utile? Ce voyage changera t'il quelqueschose à l'échelle du monde pour en faire autant? Il fallait déjà à l'ancien Cardinal Ratzinger, faire oublier ses propos de 2004, sur son opposion à l'entrée de la Turquie dans l'Union Europééenne. Et puis d'autre part, il fallait surtout qu'il parvienne à dissiper le "malaise", provoqué par ses propos navrants sur sa représentation bélliqueuse de l'Islam. Aujourd'hui chef de l'Eglise Catholique Apostholique et Romaine, il entend incarner une ouverture vers les autres religions, vers les autres composantes du Christianisme, notammetn les Orthodoxes, avec lesquels le division est conommée depuis 1203. Ce professeur de Théologie trouvera certainement les mots pour apaiser les division à l'intérieur du monde chrétien. En fin stratège, il parviendra certainemetn à expliquer au Premier Minsitre, qui doit le recevori dans un des salons de l'aéroport, que la Turquie est le trait d'union indispensable entre l'Euroep et l'Orient. la Turquie par sa position géopolitique, par ce que c'est une nation musulmane, mais à volonté laïque et non arabe a une place à part. l'Europé aurait interet à le prendre en considération et à accepter de les intégrer ne serait ce que pour sortir la Turquie de son facheux tête à tête avec les USA.
 
Mais nous ne leurrons pas, les arrières pensées purement religieuses de Ratzinger sont là. il edntend repartir dans une politique proséllyte comme son prédecesseur en s'appuyant sur ulliance plus grande entre l'ensemble des crhétiens.
Symboliquement il ira visiter Sainte Sophie, qui fut successivement une Basilique et une Mosquée pour devenir un Musée
N'est ce pas là, la vraie victoire de la laïcité, le jour où les lieux de culte seront tous des musées, où l'on célébrera la culture plutôt que d'yentretenir l'obscurentisme.

Revue de presse:l'édito de Jean Daniel

Il n'y a pas grand chose à rajotuer à l'édito de Jean Daniel dans le nouvel obs de cette semaine à propos de l'investiture de Ségolène
alors autant le lire
 
L'éditorial de Jean Daniel
Les incertitudes du charme
#reaction
Plus rayonnante qu'aucune personnalité victorieuse ne l'ajamais été au moment de sa victoire, Ségolène Royal a dit deux choses qui devraient être retenues.
La première est qu'elle «resterait elle-même». La seconde, que c'était le peuple qui, selon elle, était au coeur de sa victoire. D'une part, elle annonce
qu'elle ne changera pas d'image. D'autre part, elle fait comme si elle avait déjà été plébiscitée par la nation.
Avec la candidature de cette femme jeune, belle au point de pouvoir incarner le buste de Marianne dans toutes nos mairies, et sur laquelle absolument personne
ne pariait il y a moins d'un an, n'oublions pas que nous avons été, que nous sommes encore, dans le domaine de l'image et du spectacle, donc de l'émotion.
Plus précisément, dans le domaine de l'irrationnel. Cela n'empêche nullement la diversité de ceux qui la soutiennent. Les désirs consensuels de féminisation,
de renouvellement et de rajeunissement du personnel politique ont très bien pu s'accompagner du sentiment intense de mieux comprendre celle qui parle et
de se sentir concerné par ce qu'elle dit et par sa manière de le dire.
Pourquoi elle ? Que peut-elle faire mieux que les autres ? Ces questions s'inscrivent dans un rationnel qui n'a pas été de mise. Car on ne peut pas dire
que les nouveaux militants du Parti socialiste se soient vraiment posé la question de savoir ce qui pouvait être raisonnable et ce qui ne l'était pas,
ou même de savoir qui était le mieux placé pour battre un Sarkozy en 2007. Nous pouvons bien tirer, nous, après coup, des conclusions sur le sens de leur
vote, mais je suis persuadé que même les spéculations sur la victoire finale n'ont pas été déterminantes.
 
cadre sans nom 1
fin du cadre sans nom 1
Lorsque Ségolène dit qu'elle restera elle-même, on peut tout en déduire, y compris le fait qu'elle ne changera ni d'allure ni de méthode. Simple et juste
fidélité stratégique ? Sans doute. Mais lorsqu'elle parle du peuple, négligeant le fait qu'elle ne vient d'être adoubée que par les seuls militants de
son parti, elle fait comme si elle avait traduit la volonté de la nation tout entière pour bousculer la « vieille maison ». Comme si, fidèle à Jean-Jacques
Rousseau, elle voulait que la « souveraineté populaire » (des individus) corrige sans cesse la « souveraineté nationale » (des élus). On sait que la controverse
sur les mérites comparés de la démocratie représentative et de la démocratie participative ne date pas d'hier. On avait largement agité la question au
moment des appels de De Gaulle à la nation par-dessus la tête du Parlement. Mais en fait, ce débat est vieux comme la Révolution. Et il est passionnant
de relire aujourd'hui la forme qu'il a prise dès l'adoption de la première Constitution, celle de 1793. Autrement dit, Ségolène, toujours dans le sillage
de Rousseau, a fait comme si les représentants élus de la nation pouvaient cesser de représenter le peuple et la volonté générale des individus qui seuls
la composent.
Les doctrines ne servent d'ailleurs ici que des intérêts de circonstance. Par exemple, les partisans du non à la Constitution européenne avaient demandé
que la gauche soit davantage à l'écoute de la nation, c'est-à-dire de la « France d'en bas » et du vrai peuple. On se rappelle que lorsque François Hollande,
un jour, avait fait allusion au vote positif des Allemands en faveur de la Constitution européenne, Henri Emmanuelli, pourtantancien président de l'Assemblée
nationale, s'était abandonné à dire : «Le Bundestag? Peut-être! Mais le peuple allemand n'a pas été consulté!» Ségolène pourrait dire aujourd'hui, en somme,
qu'elle ne fait que suivre les injonctions des anciens partisans du non à la Constitution. Et si elle est trop astucieuse pour raviver un tel débat, on
peut compter sur elle pour continuer de parler au peuple en préconisant, par exemple, pour lui donner plus souvent la parole, de multiplier les référendums.
Sans quitter l'irrationnel, on peut observer que les reproches qu'on lui fait ou les mérites qu'on lui attribue concernent seulement le probable, le vraisemblable
et l'approximatif. On a compris, par exemple, qu'elle se voulait plutôt du côté de l'ordre, de l'autorité, de la famille et de la sécurité. Mais si c'était
le cas, aurait-elle forcément tort ? Car il y a plusieurs façons d'écouter le peuple en ces domaines. Notons que le zèle intempestif et brouillon du ministre
de l'Intérieur a été freiné par le Premier ministre et par le ministre de la Justice.
A contrario, les bienveillants commentaires d'un Jean-Pierre Chevènement sur les velléités de Ségolène en matière de sécurité et d'immigration montrent
l'intérêt d'affronter les problèmes plutôt que de cataloguer ou stigmatiser ceux qui y proposent des remèdes. Sur toutes ces questions, il importe que,
grâce à de fortes précisions de Ségolène, la logique l'emporte sur l'émotion. D'autant que pour elle, et pour faire durer l'image, la séduction doit désormais
s'arrimer à de vraies propositions. La familiarité revendiquée avec le réel doit se confirmer par l'imagination et la compétence.
Maintenant, je voudrais dire mon sentiment personnel sur le véritable artisan de cette réhabilitation d'une grande formation politique française. Je parle
de François Hollande, dont le parcours a été sans faute alors que l'on voulait le piéger de tous côtés et que chacun se demandait si, grâce à sa chute
éventuelle, l'équilibriste allait mettre en cause l'élan de Ségolène et le principe même des primaires. La presse étrangère apporte parfois des lumières
rassérénantes. Pour la première fois depuis longtemps, on a pu lire à la une de tous les grands journaux du monde pas seulement une célébration du « phénomène
Ségolène » mais aussi, bien souvent, un hommage à la démocratie française. Or ce sont les débats télévisés entre les trois candidats socialistes qui ont
illustré la force de notre démocratie. On a pu regretter ici et là que, sur l'Europe, sur l'Iran, sur la fiscalité, sur l'environnement, la densité des
échanges ait été faible. Mais le monde a découvert le niveau intellectuel des leaders d'un grand parti français, hier encore discrédité, et la considération,
au moins courtoise, que les uns avaient pour les autres.
 
cadre sans nom 2
fin du cadre sans nom 2
Maintenant, rappelons que rien n'est joué, que tout peut se passer pendant les cinq mois à venir. Toutes les questions sont ouvertes et mes amis les posent
dans le dossier que l'on va lire. Mais je ne veux pas finir ce couplet d'optimisme sans le tempérer par la crainte que j'ai de voir la multiplicité des
candidatures favoriser encore une fois un Le Pen qui cherche à se banaliser. Car lui aussi, il a montré qu'il savait « écouter » le peuple. Mais cela est
une autre histoire...
 
Jean Daniel
Le Nouvel Observateur

Blog Trotter:Le Medef Tunisien plébiscite Ben Ali

Dimanche 26 novembre 2006
 
Il n'y a pas que les patrons Français qui déclarent leur amour pour  le Président du parti majoritaire.
Les Tunisiens progressent chaque jour un peu plus vers la démocratie à l'occidentale, le patronnat outre méditerranéée vient d'en appeler au Président Ben Ali pour qu'il se représente en 2009. Sarkosy doit être jaloux
 
Le Président Zine El Abidine Ben Ali préside l’ouverture du 14e congrès national de l’Utica
 
Travail, qualité et compétitivité pour relever le défi de la mondialisation de l’entreprise
 
• Vibrant appel de l’Utica au Président Ben Ali pour présenter sa candidature à l’élection de 2009
• La prochaine étape sera celle de la mondialisation de l’entreprise et de son insertion dans le circuit de l’économie mondiale… Il s’agira d’un effort
de la plus haute importance que l’Etat s’emploiera à impulser et à enrichir
 
• Consolider nos potentialités propres, celles-là mêmes qui nous permettront de réaliser l’invulnérabilité de notre pays et le bien-être de notre peuple
 
• Notre pays a pu résister aux fluctuations mondiales et surmonter les difficultés avec le minimum de conséquences, tout en confortant son statut de pays
émergent qui avance de manière continue
 
• Les réalités mondiales nous incitent à interagir davantage avec notre environnement et notre époque et à jeter les ponts de la communication et de l’échange
avec les ensembles régionaux et les marchés mondiaux

26 novembre 2006

Revue de presse:La méthode Royal

Samedi 25 novembre 2006
 
Voici une analyse trés fine de la méthode Royal, toujours trésmaitrisée, controlée, et efficace
 
 
Trois maroquins en dix ans. Trois expériences pour imprimer un style, se façonner une image. Retour sur une pratique du pouvoir qui ne lui a pas toujours
valu que des amis
 
I. Ton rang, tu défendras
«Secrétaire d'Etat? C'est une gifle... une humiliation!» La voix suppliante de Ségolène Royal résonne dans le téléphone de Claude Allègre. En ces premiers
jours de juin 1997, la députée des Deux-Sèvres vient d'apprendre sa nomination au gouvernement. Allègre vient d'hériter de l'Education nationale. C'est
lui qui a demandé au Premier ministre qu'on lui adjoigne «une femme», Ségolène Royal,pour s'occuper du «scolaire» comme il dit. Jospin a d'abord tordu
le nez. Pas question qu'elle siège au conseil des ministres, dit-il. Mais pour Royal, qui fut ministre de plein exercice de Pierre Bérégovoy, la rétrogradation
protocolaire est inacceptable. Alors elle insiste, rappelle, se bat. Allègre obtient que Jospin la nomme ministre déléguée. Ce sera son premier et son
dernier coup de pouce à Ségolène. Incapables de s'entendre, le « dégraisseur de mammouth » et la « ministre des parents » travaillent côte à côte, mais
jamais ensemble. Humiliations et coups médiatiques se répondent, tandis que le feu couve sous les préaux d'école. En 2000, Jospin est contraint de lâcher
du lest face aux enseignants. Pour ne pas donner l'impression d'accabler son ami, il choisit de remercier les deux belligérants. Ségolène à la porte du
gouvernement ? Cette fois-ci, c'est à François Hollande qu'elle chante son couplet sur «la gifle... l'humiliation» ! Le premier secrétaire du PS parvient
in extremis à lui sauver la mise. Ségolène Royal doit se contenter du modeste portefeuille de la Famille, sous la tutelle de Martine Aubry puis d'Elisabeth
Guigou. Elle reste cantonnée au rang de ministre déléguée, mais qu'importe ! l'honneur est sauf.
 
cadre sans nom 1
fin du cadre sans nom 1
 
II. Ton image, tu soigneras
Madame « la » ministre n'a pas son pareil pour prendre le pouls médiatique. A commencer par le sien. Dès son arrivée au ministère de l'Environnement, en
1992, elle s'emploie à faire parler d'elle autant que de sa politique. «On la surnommait «baby Lang», raconte un membre de son cabinet. Elle acceptait
toutes les demandes d'interviews, au point qu'on avait souvent du mal à fournir derrière...» De TF1, France 2 ou « Paris Match » convoqués à la maternité
pour immortaliser les premiers sourires de sa petite Flora - «les Français n'attendent que ça!» explique-t-elle alors à son équipe - jusqu'à une « Sacrée
soirée » spéciale à l'occasion de la sortie d'un de ses livres (1), Ségolène fait feu de tout bois et se construit une popularité en chêne massif. Elle
commence toutes ses réunions par le même rituel : «Qu'est-ce qui intéresse la presse aujourd'hui?» Identifier les sujets dont on parle, repérer ceux qui
montent, choisir ceux qui pourront faire l'objet d'une traduction politique, Ségolène Royal sait y faire. Ses collaborateurs l'ont bien compris : «Quand
on voulait faire passer une idée ou un dossier, ça allait toujours plus vite en lui disant : je l'ai lu dans un article!»
 
III. Le terrain, tu sentiras
Même ses ennemis le reconnaissent : Ségolène Royal a toujours eu un incroyable flair. Très vite, elle sait sortir des sentiers balisés par ses prédécesseurs
pour se pencher sur des dossiers jugés secondaires, mais qui rencontrent un écho dans l'opinion. A l'Environnement, elle se lance ainsi dans la lutte contre
le bruit. «La mobylette qui pétarade, ça faisait rire dans les dîners en ville, mais pas chez ceux qui en souffraient au quotidien», raconte son ancien
conseiller Olivier Le Marois. Rue de Grenelle, elle s'occupe du poids des cartables, du racket, du bizutage, des allergies dans les cantines scolaires...
Des sujets « marginaux », mais qui lui valent des résultats et l'attention des médias. A la Famille, son approche pragmatique des dossiers les plus complexes
(autorité parentale, réforme de l'accouchement sous X...) se nourrit aussi de ce qu'elle entend sur le terrain. Quitte à bousculer ses valeurs ou ses principes,
comme ce fut le cas avec la reconnaissance des familles homoparentales. «C'est paradoxal, résume Alain Piriou, le porte-parole de l'Inter-LGBT, mais elle
est beaucoup plus ouverte sur les droits concrets que sur les symboles.»
 
IV. Les serpents de mer, tu délaisseras
Faute de marges de manoeuvre ou de volonté, Ségolène Royal passe parfois à côté de dossiers importants. «On ne peut pas dire qu'elle n'a rien fait, souligne
l'ancienne responsable du Snes, Monique Vuaillat, qui a attendu dix mois avant d'être reçue par la ministre de l'Enseignement scolaire. Mais au regard
de la mission dont elle avait la charge, son bilan sur l'échec scolaire, les inégalités entre les territoires, la stagnation de l'accès au lycée est bien
maigre.» D'un dossier à l'autre, Ségolène Royal a un besoin constant de rebondir. Il faut donc que les résultats soient proches, palpables. Pas le genre
à s'attaquer à des serpents de mer ou à des réformes qu'elle juge trop lentes ou compliquées à mettre en place. «L'intérêt qu'elle portait aux dossiers
était très contrasté», se souvient la sociologue Nacira Guénif-Souilamas, qui a travaillé auprès d'elle à la Famille et dont les travaux sur les familles
migrantes ou la pauvreté n'ont guère rencontré d'écho. «C'était ardu, moins simple que le congé de paternité, poursuit-elle. C'est dommage, car cela concernait
directement les milieux populaires et soulevait des questions aujourd'hui d'actualité sur le logement, le surendettement, la stigmatisation des familles
de ces quartiers. J'ai compris à la longue que cela ne ferait pas partie de son agenda. Pourtant elle était la mieux placée pour se saisir de ces questions.»
 
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fin du cadre sans nom 2
 
V. La couverture à toi, tu tireras
Bonne camarade, madame la ministre ? «Plutôt perso et très tireuse de couverture», rigole son vieil ami et aujourd'hui fidèle soutien Michel Sapin. Ancien
ministre de la Fonction publique de Jospin, il figure, avec d'autres, au tableau de chasse de la femme qui communique plus vite que son ombre. En 2001,
Sapin a ainsi découvert, médusé, que Ségolène Royal annonçait à la presse un accord sur l'emploi des handicapés qu'il avait lui-même négocié avec les syndicats
! Quatre ans plus tôt, à son arrivée rue de Grenelle, elle avait affiché la couleur en se pointant avec dix minutes de retard pour s'assurer que les caméras
n'auraient d'yeux que pour elle. «J'ai mal apprécié son immense ego», rumine aujourd'hui Allègre.
 
VI. Au culot, tu avanceras
Les fonctionnaires du ministère de la Santé en rient encore. Mars 2000, Ségolène Royal, fraîchement nommée à la Famille, se cherche des bureaux. Elle jette
son dévolu sur ceux de sa collègue de la Santé. «En une matinée, tout était fait; elle a donné son avis sur les peintures à rafraîchir, tout le monde obtempérait!»,
se souvient un témoin. Jusqu'à ce que quelqu'un avise... la locataire des lieux, qui refuse de laisser la place. L'affaire est remontée jusqu'à Matignon,
qui a tranché et installé Ségolène, dans un immeuble excentré de la rue de Brancion, dans le 15e arrondissement...
De l'audace, toujours de l'audace ! La ministre ne s'embarrasse guère de convenances lorsqu'elle est sûre de son bon droit. Sensibilisée aux problèmes des
grossesses précoces, elle annoncera ainsi la distribution de la pilule du lendemain dans les lycées sans prévenir personne. Pas le genre non plus à se
soucier d'un arbitrage défavorable. En 1992, pour faire cesser le trafic de pétroliers entre la Corse et la Sardaigne, elle invite son homologue italien
à signer un traité international devant la presse alors que le Premier ministre lui avait imposé de ne rien faire. «Elle s'est fait passer un sacré savon
par Béré, mais sur la durée on a gagné, le trafic a été réduit de 80%», se félicite son ancien conseiller, Olivier Le Marois.
 
VII. Les experts, tu écouteras
Ça a commencé dans les cartons, le premier jour de l'arrivée de Ségolène Royal au ministère de la Famille. «J'avais été contactée, je suis passée, rien
n'était défait et on s'est mises à travailler, c'était assez inhabituel», raconte la sociologue Irène Théry. Pour nourrir sa réflexion, la ministre décide
d'emblée de rencontrer chercheurs et intellectuels. Tous les jeudis en fin d'après-midi, Royal arrive avec son cahier, écoute son invité, dans une ambiance
simple et studieuse qui en désarçonnera plus d'un. «Elle a su exploiter vingt ans de recherches pour irriguer son action, témoigne Nacira Guénif-Souilamas.
Elle a tout de suite vu ce qu'il y avait d'intéressant, ce qui pouvait être transformé en projet politique.» Réforme du droit de la famille - sur les plates-bandes
de sa collègue Marylise Lebranchu ! -, congé de paternité... beaucoup de mesures d'hier et de projets pour demain en découlent.
 
VIII. Tes collaborateurs, tu épuiseras
Dangereuse, autocrate, obsédée par son image... Ségolène Royal ne trouve guère grâce aux yeux du philosophe Alain Etchegoyen, qui fut membre de son cabinet
(2). Beaucoup de ses anciens collaborateurs restent pourtant des inconditionnels. Malgré un rythme d'enfer. Christophe Chantepy, son directeur de cabinet
à l'Enseignement scolaire, a ainsi refusé de la suivre à la Famille en 2000. «Il n'en pouvait plus», raconte un témoin de l'époque. Sa très proche collaboratrice
Sophie Bouchet-Petersen quittera, elle, la rue de Brancion en 2001 pour rallier le cabinet du ministre de l'Outre-Mer Christian Paul. Ce qui ne les empêchera
pas, l'un comme l'autre, de la rejoindre quelques années plus tard pour devenir les chevilles ouvrières de sa campagne présidentielle. Directe, peu soucieuse
du protocole, la ministre Royal préfère les entretiens individuels aux conclaves et décide souvent en solitaire. «Elle n'a pas le côté lisse et bien élevé
du ministre techno qui a peur de bousculer son administration, se souvient un ancien membre de son équipe. Elle est plutôt du genre à ressortir des dossiers
qui roupillent dans l'armoire pour les faire avancer à coups de pied dans le derrière!»
 
IX. Toujours plus vite, tu agiras
La ministre sait que pour se faire entendre il vaut mieux frapper fort et la première, quitte à ne pas toujours assurer ses arrières. Pénélope Komitès,
ancienne présidente de Greenpeace-France, se souvient de l'avoir vue s'emparer de l'affaire du pyralène australien. «Nous avions bloqué le bateau, elle
est tout de suite montée au créneau.» Trop vite... Désavouée deux jours plus tard par Pierre Bérégovoy au profit du ministre de l'Industrie, Dominique
Strauss-Kahn, Ségolène en pleurera de rage à Matignon. «On lui a donné tort, mais elle avait raison», poursuit Komitès, qui la recroisera quelques années
plus tard à la mairie de Paris pour régler un cas difficile d'intégration d'enfants handicapés à l'école. «Cette fois-ci, ça a marché. En une semaine,
elle a résolu un problème qui durait depuis des mois.» Efficacité et précipitation, le cocktail est parfois explosif. On lui a ainsi reproché d'être intervenue
imprudemment sur la pédophilie lors de son passage à l'Enseignement scolaire.
 
X. Le service après-vente, tu assureras
Y a-t-il une vie après le ministère ? Contrairement à beaucoup de ses collègues, la ministre n'a jamais cherché à recaser ses collaborateurs. Quant aux
dossiers ? «Avec elle, quand un accord est acquis, il tient. Ça peut paraître banal, mais 20% seulement des ministres de l'Environnement le font!» certifie
Patrick Legrand, ex-président de France Nature Environnement. «Je me souviens de l'avoir vue batailler à nos côtés sur la question de l'immersion des déchets
nucléaires en 1993 alors qu'elle n'était plus que simple députée, ajoute Pénélope Komitès. Quand un sujet l'intéresse, elle le suit.»
 
(1) Voir la biographie de Daniel Bernard « Madame Royal », Editions Jacob Duvernet, 2005.
(2) « Votre devoir est de vous taire », L'Archipel, juin 2006.
 
Matthieu Croissandeau
Le Nouvel Observateur
#reaction
Trois maroquins en dix ans. Trois expériences pour imprimer un style, se façonner une image. Retour sur une pratique du pouvoir qui ne lui a pas toujours
valu que des amis
 
I. Ton rang, tu défendras
«Secrétaire d'Etat? C'est une gifle... une humiliation!» La voix suppliante de Ségolène Royal résonne dans le téléphone de Claude Allègre. En ces premiers
jours de juin 1997, la députée des Deux-Sèvres vient d'apprendre sa nomination au gouvernement. Allègre vient d'hériter de l'Education nationale. C'est
lui qui a demandé au Premier ministre qu'on lui adjoigne «une femme», Ségolène Royal,pour s'occuper du «scolaire» comme il dit. Jospin a d'abord tordu
le nez. Pas question qu'elle siège au conseil des ministres, dit-il. Mais pour Royal, qui fut ministre de plein exercice de Pierre Bérégovoy, la rétrogradation
protocolaire est inacceptable. Alors elle insiste, rappelle, se bat. Allègre obtient que Jospin la nomme ministre déléguée. Ce sera son premier et son
dernier coup de pouce à Ségolène. Incapables de s'entendre, le « dégraisseur de mammouth » et la « ministre des parents » travaillent côte à côte, mais
jamais ensemble. Humiliations et coups médiatiques se répondent, tandis que le feu couve sous les préaux d'école. En 2000, Jospin est contraint de lâcher
du lest face aux enseignants. Pour ne pas donner l'impression d'accabler son ami, il choisit de remercier les deux belligérants. Ségolène à la porte du
gouvernement ? Cette fois-ci, c'est à François Hollande qu'elle chante son couplet sur «la gifle... l'humiliation» ! Le premier secrétaire du PS parvient
in extremis à lui sauver la mise. Ségolène Royal doit se contenter du modeste portefeuille de la Famille, sous la tutelle de Martine Aubry puis d'Elisabeth
Guigou. Elle reste cantonnée au rang de ministre déléguée, mais qu'importe ! l'honneur est sauf.
 
cadre sans nom 3
fin du cadre sans nom 3
 
II. Ton image, tu soigneras
Madame « la » ministre n'a pas son pareil pour prendre le pouls médiatique. A commencer par le sien. Dès son arrivée au ministère de l'Environnement, en
1992, elle s'emploie à faire parler d'elle autant que de sa politique. «On la surnommait «baby Lang», raconte un membre de son cabinet. Elle acceptait
toutes les demandes d'interviews, au point qu'on avait souvent du mal à fournir derrière...» De TF1, France 2 ou « Paris Match » convoqués à la maternité
pour immortaliser les premiers sourires de sa petite Flora - «les Français n'attendent que ça!» explique-t-elle alors à son équipe - jusqu'à une « Sacrée
soirée » spéciale à l'occasion de la sortie d'un de ses livres (1), Ségolène fait feu de tout bois et se construit une popularité en chêne massif. Elle
commence toutes ses réunions par le même rituel : «Qu'est-ce qui intéresse la presse aujourd'hui?» Identifier les sujets dont on parle, repérer ceux qui
montent, choisir ceux qui pourront faire l'objet d'une traduction politique, Ségolène Royal sait y faire. Ses collaborateurs l'ont bien compris : «Quand
on voulait faire passer une idée ou un dossier, ça allait toujours plus vite en lui disant : je l'ai lu dans un article!»
 
III. Le terrain, tu sentiras
Même ses ennemis le reconnaissent : Ségolène Royal a toujours eu un incroyable flair. Très vite, elle sait sortir des sentiers balisés par ses prédécesseurs
pour se pencher sur des dossiers jugés secondaires, mais qui rencontrent un écho dans l'opinion. A l'Environnement, elle se lance ainsi dans la lutte contre
le bruit. «La mobylette qui pétarade, ça faisait rire dans les dîners en ville, mais pas chez ceux qui en souffraient au quotidien», raconte son ancien
conseiller Olivier Le Marois. Rue de Grenelle, elle s'occupe du poids des cartables, du racket, du bizutage, des allergies dans les cantines scolaires...
Des sujets « marginaux », mais qui lui valent des résultats et l'attention des médias. A la Famille, son approche pragmatique des dossiers les plus complexes
(autorité parentale, réforme de l'accouchement sous X...) se nourrit aussi de ce qu'elle entend sur le terrain. Quitte à bousculer ses valeurs ou ses principes,
comme ce fut le cas avec la reconnaissance des familles homoparentales. «C'est paradoxal, résume Alain Piriou, le porte-parole de l'Inter-LGBT, mais elle
est beaucoup plus ouverte sur les droits concrets que sur les symboles.»
 
IV. Les serpents de mer, tu délaisseras
Faute de marges de manoeuvre ou de volonté, Ségolène Royal passe parfois à côté de dossiers importants. «On ne peut pas dire qu'elle n'a rien fait, souligne
l'ancienne responsable du Snes, Monique Vuaillat, qui a attendu dix mois avant d'être reçue par la ministre de l'Enseignement scolaire. Mais au regard
de la mission dont elle avait la charge, son bilan sur l'échec scolaire, les inégalités entre les territoires, la stagnation de l'accès au lycée est bien
maigre.» D'un dossier à l'autre, Ségolène Royal a un besoin constant de rebondir. Il faut donc que les résultats soient proches, palpables. Pas le genre
à s'attaquer à des serpents de mer ou à des réformes qu'elle juge trop lentes ou compliquées à mettre en place. «L'intérêt qu'elle portait aux dossiers
était très contrasté», se souvient la sociologue Nacira Guénif-Souilamas, qui a travaillé auprès d'elle à la Famille et dont les travaux sur les familles
migrantes ou la pauvreté n'ont guère rencontré d'écho. «C'était ardu, moins simple que le congé de paternité, poursuit-elle. C'est dommage, car cela concernait
directement les milieux populaires et soulevait des questions aujourd'hui d'actualité sur le logement, le surendettement, la stigmatisation des familles
de ces quartiers. J'ai compris à la longue que cela ne ferait pas partie de son agenda. Pourtant elle était la mieux placée pour se saisir de ces questions.»
 
cadre sans nom 4
fin du cadre sans nom 4
 
V. La couverture à toi, tu tireras
Bonne camarade, madame la ministre ? «Plutôt perso et très tireuse de couverture», rigole son vieil ami et aujourd'hui fidèle soutien Michel Sapin. Ancien
ministre de la Fonction publique de Jospin, il figure, avec d'autres, au tableau de chasse de la femme qui communique plus vite que son ombre. En 2001,
Sapin a ainsi découvert, médusé, que Ségolène Royal annonçait à la presse un accord sur l'emploi des handicapés qu'il avait lui-même négocié avec les syndicats
! Quatre ans plus tôt, à son arrivée rue de Grenelle, elle avait affiché la couleur en se pointant avec dix minutes de retard pour s'assurer que les caméras
n'auraient d'yeux que pour elle. «J'ai mal apprécié son immense ego», rumine aujourd'hui Allègre.
 
VI. Au culot, tu avanceras
Les fonctionnaires du ministère de la Santé en rient encore. Mars 2000, Ségolène Royal, fraîchement nommée à la Famille, se cherche des bureaux. Elle jette
son dévolu sur ceux de sa collègue de la Santé. «En une matinée, tout était fait; elle a donné son avis sur les peintures à rafraîchir, tout le monde obtempérait!»,
se souvient un témoin. Jusqu'à ce que quelqu'un avise... la locataire des lieux, qui refuse de laisser la place. L'affaire est remontée jusqu'à Matignon,
qui a tranché et installé Ségolène, dans un immeuble excentré de la rue de Brancion, dans le 15e arrondissement...
De l'audace, toujours de l'audace ! La ministre ne s'embarrasse guère de convenances lorsqu'elle est sûre de son bon droit. Sensibilisée aux problèmes des
grossesses précoces, elle annoncera ainsi la distribution de la pilule du lendemain dans les lycées sans prévenir personne. Pas le genre non plus à se
soucier d'un arbitrage défavorable. En 1992, pour faire cesser le trafic de pétroliers entre la Corse et la Sardaigne, elle invite son homologue italien
à signer un traité international devant la presse alors que le Premier ministre lui avait imposé de ne rien faire. «Elle s'est fait passer un sacré savon
par Béré, mais sur la durée on a gagné, le trafic a été réduit de 80%», se félicite son ancien conseiller, Olivier Le Marois.
 
VII. Les experts, tu écouteras
Ça a commencé dans les cartons, le premier jour de l'arrivée de Ségolène Royal au ministère de la Famille. «J'avais été contactée, je suis passée, rien
n'était défait et on s'est mises à travailler, c'était assez inhabituel», raconte la sociologue Irène Théry. Pour nourrir sa réflexion, la ministre décide
d'emblée de rencontrer chercheurs et intellectuels. Tous les jeudis en fin d'après-midi, Royal arrive avec son cahier, écoute son invité, dans une ambiance
simple et studieuse qui en désarçonnera plus d'un. «Elle a su exploiter vingt ans de recherches pour irriguer son action, témoigne Nacira Guénif-Souilamas.
Elle a tout de suite vu ce qu'il y avait d'intéressant, ce qui pouvait être transformé en projet politique.» Réforme du droit de la famille - sur les plates-bandes
de sa collègue Marylise Lebranchu ! -, congé de paternité... beaucoup de mesures d'hier et de projets pour demain en découlent.
 
VIII. Tes collaborateurs, tu épuiseras
Dangereuse, autocrate, obsédée par son image... Ségolène Royal ne trouve guère grâce aux yeux du philosophe Alain Etchegoyen, qui fut membre de son cabinet
(2). Beaucoup de ses anciens collaborateurs restent pourtant des inconditionnels. Malgré un rythme d'enfer. Christophe Chantepy, son directeur de cabinet
à l'Enseignement scolaire, a ainsi refusé de la suivre à la Famille en 2000. «Il n'en pouvait plus», raconte un témoin de l'époque. Sa très proche collaboratrice
Sophie Bouchet-Petersen quittera, elle, la rue de Brancion en 2001 pour rallier le cabinet du ministre de l'Outre-Mer Christian Paul. Ce qui ne les empêchera
pas, l'un comme l'autre, de la rejoindre quelques années plus tard pour devenir les chevilles ouvrières de sa campagne présidentielle. Directe, peu soucieuse
du protocole, la ministre Royal préfère les entretiens individuels aux conclaves et décide souvent en solitaire. «Elle n'a pas le côté lisse et bien élevé
du ministre techno qui a peur de bousculer son administration, se souvient un ancien membre de son équipe. Elle est plutôt du genre à ressortir des dossiers
qui roupillent dans l'armoire pour les faire avancer à coups de pied dans le derrière!»
 
IX. Toujours plus vite, tu agiras
La ministre sait que pour se faire entendre il vaut mieux frapper fort et la première, quitte à ne pas toujours assurer ses arrières. Pénélope Komitès,
ancienne présidente de Greenpeace-France, se souvient de l'avoir vue s'emparer de l'affaire du pyralène australien. «Nous avions bloqué le bateau, elle
est tout de suite montée au créneau.» Trop vite... Désavouée deux jours plus tard par Pierre Bérégovoy au profit du ministre de l'Industrie, Dominique
Strauss-Kahn, Ségolène en pleurera de rage à Matignon. «On lui a donné tort, mais elle avait raison», poursuit Komitès, qui la recroisera quelques années
plus tard à la mairie de Paris pour régler un cas difficile d'intégration d'enfants handicapés à l'école. «Cette fois-ci, ça a marché. En une semaine,
elle a résolu un problème qui durait depuis des mois.» Efficacité et précipitation, le cocktail est parfois explosif. On lui a ainsi reproché d'être intervenue
imprudemment sur la pédophilie lors de son passage à l'Enseignement scolaire.
 
X. Le service après-vente, tu assureras
Y a-t-il une vie après le ministère ? Contrairement à beaucoup de ses collègues, la ministre n'a jamais cherché à recaser ses collaborateurs. Quant aux
dossiers ? «Avec elle, quand un accord est acquis, il tient. Ça peut paraître banal, mais 20% seulement des ministres de l'Environnement le font!» certifie
Patrick Legrand, ex-président de France Nature Environnement. «Je me souviens de l'avoir vue batailler à nos côtés sur la question de l'immersion des déchets
nucléaires en 1993 alors qu'elle n'était plus que simple députée, ajoute Pénélope Komitès. Quand un sujet l'intéresse, elle le suit.»
 
(1) Voir la biographie de Daniel Bernard « Madame Royal », Editions Jacob Duvernet, 2005.
(2) « Votre devoir est de vous taire », L'Archipel, juin 2006.
 
Matthieu Croissandeau
Le Nouvel Observateur

Echos de campagne:photo de famille

Dimanche 26 novembre 2006
 
La famille socialiste au grand complet ou presque pour investir sa candidate aujourd'hui à la Mutuaité.
Les soutiens de la première heure, les ralliés, les battus, sont tous là dans un unanimisme qui fait chaud au coeur , tout autant qu'il faut sourire tant on sait les ressetniments des uns et des autres. Mais, maintennat il faut s'unir pour battre Sarkosy,, alors...
Il ne manque qu'un ancien Premier Ministre, certainemetn occupé par un ramassage de palourdes, sur son Ile et Mélanchon, trop ronchon pour venir. Il a toujours  été mauvais perdant
Je hais vraiment les dimanches!