15 juin 2007

Ministère du civisme et de la dellation!

Vendredi 15 juin 2007
 
Et dire que certain croit encore que l'homme est bon par nature...
à voir le succés de cette démarche, il faut croire que Rousseau était un con
et c'est Locke qui avait raison, l'homme est un loup pour l'homme, c'est l'éducation et la société qui peut le civiliser...
 
Tout de même voici un site à visiter, par anthropologisme
 
Votre voisin se lève tard ? Dénoncez-le sur delation-gouv.fr
 
ous souhaitez dénoncer votre voisin ou voisine ? Tapez 1.
Un membre de votre famille ? Tapez 2.
Notre président ? Tapez la racine carrée de 27 443. Enregistrez votre délation après le bip, puis appuyez sur la touche #."

Lancé le 10 mai, le site Web du "Ministère du civisme et de la délation" propose de "remettre la France sur les rails en signalant tout comportement suspect". Fidèle à son mot d'ordre ("Pour une France plus efficace, nous simplifions vos démarches"), delation-gouv.fr propose aussi aux délateurs d'oeuvrer par téléphone (08-11-95-75-79 : prix d'un appel local, non surtaxé). Un "Numéro Unique de Délation", accolé à chaque dénonciation, permet de la consulter sur le site Web, mais aussi d'obtenir un crédit d'impôts équivalent à 10 % du montant de l'amende infligée à ceux qui ont été dénoncés, au cas où la délation aboutirait à une condamnation...


Le "Ministère", qui garantit l'anonymat aux délateurs, précise cependant que "si vous n'êtes pas soumis à l'impôt sur le revenu, vous n'avez droit à rien".

Le graphiste et l'informaticien ("qui se lèvent tôt ET se couchent tard") à l'origine de cette "blague de potache" l'ont lancée dans la nuit du 10 mai, deux jours seulement après en avoir eu l'idée. A deux heures du matin, ils postaient un message sur le forum de Motorhino, "le site des motards en échec scolaire" (sic).

"DICTATURE PARTICIPATIVE"

Le "buzz" est tel que vingt-quatre heures plus tard, delation-gouv.fr comptabilisait déjà 60 000 visites. Un mois après, il frôle le million de consultations et compte près de 90 000 références sur Google, mais aussi 90 000 délations.

Voici quelques exemples de "dénonciations" que l'on peut découvrir sur le site : "Mohamed A., mon père, est basané et m'a refilé cette saloperie de maladie" ; "a voté pour l'Ukraine à l'Eurovision 2007" ; "la DDASS, qui refuse de prendre mes enfants dont je ne veux plus" ; "pense que voter à droite le rend beau et fort" ; "appartient à la France qui se lève tôt et qui se recouche après"...

Les deux instigateurs du "Ministère du civisme et de la délation", qui signent Lacombe Lucien, ne veulent pas en rester là. Au vu du succès de leur site, des messages d'encouragement et des propositions de collaboration, ils envisagent d'organiser, à Paris, "un truc marrant, et très manichéen", autour de l'idée de "dictature participative". Pour "en finir avec Mai 68 et revenir aux vraies valeurs", ils comptent aussi organiser des "stages de logique de droite". En toute mauvaise foi.


Sur Internet : www.delation-gouv.fr.


 

14 juin 2007

Mélanchon bandrille le PS, pour sortir du status quo!

Jeudi 14 juin 2007
 
Mélenchon songe au "divorce" avec le PS pour construire "une force nouvelle"
Le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon estime que la gauche du PS "est de plus en plus un alibi pour ce parti" et que "la
question du divorce commence à être posée", imaginant un rapprochement avec les communistes pour construire "une force nouvelle".
Dans une interview jeudi à l'Humanité, le président du mouvement "Pour la République sociale" estime en effet qu'"on est en train de découvrir la catastrophe
qui frappe la social-démocratie internationale", prenant notamment l'exemple de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne où "les sociaux-démocrates sont des
acteurs enthousiastes du démantèlement de l'Etat social qu'ils ont eux-mêmes construit".
M. Mélenchon, qui doit assister samedi au congrès fondateur du parti "Die Linke" (la gauche) à Berlin, qui regroupe notamment des communistes et des socialistes,
considère que cela peut être "une source d'inspiration très forte" pour la France. "J'y vois une des issues possibles de la crise de la gauche", dit-il.
 
Car pour lui, "la gauche du PS est de plus en plus un alibi pour ce parti, elle n'est plus admise à jouer un rôle actif dans le mouvement socialiste".
De ce fait, "la question du divorce commence à être posée", dit-il, même si "elle n'est pas tranchée" et si "à l'heure actuelle il n'existe pas d'alternative".
 
En effet, s'il imagine volontiers un rapprochement entre des communistes et des militants socialistes "qui n'acceptent pas de se résigner à une fumeuse
orientation sociale-démocrate, ni à un tropisme pour le centre", il note aussi, en le regrettant, que "les communistes n'ont pas encore fait ouvertement
le choix de la construction d'une force nouvelle".

Ouverture, sous ssurveillance...

Jeudi 14 juin 2007
 
Le tuteur de Kouchner
 
C'est le diplomate le plus titré de Paris - et, de fait, le ministre bis des Affaires étrangères
 
Le très courtois Jean-David Levitte , conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, fait la quasi-unanimité au Quai-d'Orsay et dans les grandes chancelleries
de la planète. A 61 ans, il a occupé avec beaucoup de talent - et un zeste de rouerie - les postes les plus prestigieux de la diplomatie française : sherpa
de Jacques Chirac, puis représentant de la France à l'ONU et enfin ambassadeur à Washington, où il a patiemment renoué les liens avec l'establishment américain.
Proaméricain ? Sans doute. En 2003, quelques semaines avant l'intervention en Irak, Jean-David Levitte a milité en coulisse pour que Jacques Chirac ne
brandisse pas le veto de la France au Conseil de Sécurité des Nations unies. Sur ce sujet, il partageait la même position, ou presque, que Nicolas Sarkozy,
Bernard Kouchner ou le ministre de la Défense, Hervé Morin. Une conjonction qui ne doit, bien entendu, rien au hasard. Malgré leurs affinités transatlantiques,
Kouchner et Levitte sont en compétition. Qui des deux va, au jour le jour, diriger la diplomatie française ? Le débat sera tranché à l'automne si, comme
prévu, le champ d'action de Levitte s'élargit. Dès que les lois adéquates seront votées, le diplomate devrait en effet diriger le « Conseil national de
Sécurité », une nouvelle institution créée sur le modèle américain et dont l'objectif sera justement de concentrer un peu plus encore l'action diplomatique
et militaire de la France à... l'Elysée.
 
 Vincent Jauvert
Le Nouvel Observateur

Sarkozy joue l'ouverture, Fillon manie l'insulte

Jeudi 14 juin 2007
 
La grande inquisition de Fillon
Coutumier d'attaques anti-PS, il estime que la vraie gauche, c'est la droite.
Par Alain AUFFRAY
Ne pas se fier aux apparences. Entre le bouillant Sarkozy et le placide Fillon, le plus brutal n'est pas toujours celui auquel on pense. Lundi soir, à Lyon,
le Premier ministre en campagne a cogné sur la gauche bien plus fort que son mentor. Entouré des quatorze candidats UMP du Rhône (que des mâles), il a
, depuis la tribune du centre des congrès, fustigé «l'imposture morale» d'une «gauche des grandes âmes sèches, qui pratique la justice sociale comme on
offre un caramel mou du bout des doigts, à la sortie des kermesses dominicales».  
Violentes charges. François Hollande n'a pas trouvé ça drôle. Il s'est inquiété hier de ce «grave dérapage de la part du Premier ministre de la France,
qui doit accepter qu'il y ait des gens qui ne pensent pas comme lui». Comme s'il devait corriger son allure de gentleman policé pour se mettre au diapason
de «la rupture», François Fillon truffe ses discours de violentes charges contre tous les adversaires du sarkozysme : le PS bien sûr, mais aussi Chirac
et les siens.
Le 29 mai, à Nice, il ridiculisait publiquement Jacques Chirac qui ne s'exprimait «que le 14 juillet et le 31 décembre», et célébrait la détermination de
son successeur à «agir autrement, autrement que ce qui a été fait depuis vingt-cinq ans, car les Français ne supportent plus les hésitations et les revirements». Au
cours du même meeting, il assenait que la gauche française «n'a pas seulement perdu une élection, elle a perdu la bataille des valeurs». 
Cette «gauche» dont il ne se lasse pas de faire le procès, François Fillon laisse entendre qu'elle n'a, à ses yeux, rien à voir avec la gauche, la vraie,
celle qui défend le progrès social. Dans le discours guerrier qu'il a prononcé le 22 mai devant des parlementaires de la majorité, il suggérait qu'en somme,
la vraie gauche serait passée... à droite. Ce que démontrerait, selon lui, l'accueil de Bernard Kouchner, Eric Besson, Martin Hirsch ou Jean-Pierre Jouyet
en attendant d'autres ralliements symboliques après les législatives. «L'élection de Nicolas Sarkozy bouscule tout, y compris les vieux clivages politiques
qui plaisent tellement à la gauche, assurait le chef du gouvernement aux députés et sénateurs réunis dans le parc de Matignon. Le Parti socialiste hurle
au débauchage et à la traîtrise, parce qu'il sait, au fond de lui-même, que cette ouverture révèle sa vacuité intellectuelle et son conservatisme politique.
La gauche s'énerve parce qu'elle sent que nous sommes en train de bousculer les frontières idéologiques et partisanes derrière lesquelles elle prospérait
au chaud.» Célébrant déjà sa victoire annoncée, il aime à moquer les socialistes qui, pour remonter la pente électorale, espéreraient «une vieille droite,
crispée et dogmatique», et se retrouveraient confrontés à un centre «moderne et conquérant». 
Front populaire. Dans les faits, Fillon n'a pas attendu Sarkozy pour dénoncer ce qu'il considère comme la trahison des socialistes français. Derrière son
ex-mentor Philippe Seguin, il a animé au sein du RPR un courant social républicain qui dispute à la gauche le monopole de ses «valeurs». Inspirateur de
cette sensibilité : Henri Guaino, plume de Sarkozy et grand pourfendeur de la «pensée unique» incarnée en 1995 par Edouard Balladur dont le principal lieutenant
était... Nicolas Sarkozy. «Je crois à la nécessité d'un big bang politique car les clivages actuels sont dépassés», relevait déjà Fillon en 2001. Visant
notamment Nicolas Sarkozy, il mettait à l'époque en garde contre une «dérive droitière» de l'UMP en gestation. Devenu un an plus tard ministre des Affaires
sociales de Raffarin, il s'était illustré lors du débat sur la réforme des retraites par une charge bien plus lourde que celle qui lui est reprochée aujourd'hui
: il avait cru bon pointer «la responsabilité du Front populaire dans l'effondrement de la nation» en juin 1940. A l'époque où déjà, aux yeux de Fillon,
la gauche n'était donc que trahison

Un joli petit cul dans un treillis, tout le monde va trouver cela excitant?

Jeudi 14 juin 2007
 
Quand l'armée américaine planchait sur une "bombe gay"
 
Un document militaire de 1994 évoque la création d'une arme chimique destinée à "rendre homosexuels" les combattants ennemis.
 
Des hélicoptères américains disperseront-ils un jour du gingembre, des huîtres, ou de la poudre de corne de rhinocéros au-dessus des tranchées des talibans
? L'idée est en tout cas passée par la tête des chercheurs de l'US Army, qui ont même envisagé de développer une « bombe gay ».
 
 « Un exemple dégoutant mais totalement non-létal serait un puissant aphrodisiaque, en particulier si ce produit chimique provoque des attitudes homosexuelles
», indique ainsi une note écrite en janvier 1994 par un laboratoire de l'US Air Force (
consulter le document en PDF).
 
 
Déjà évoqué sur certains sites spécialisés depuis 2005, ce document a été rendu public récemment par le «
Sunshine Project
 », un groupe qui milite contre les armes chimiques. On y apprend que le laboratoire réclamait 7.7 millions de dollars sur six ans pour mener à bien ce
projet en l'an 2000, après plusieurs essais in vivo. La note précise toutefois que « les produits chimiques susceptibles d'affecter le moral et l'efficacité
des unités restent à créer ».
 
 Après sa publication, le document a provoqué l'indignation d'associations gays américaines, qui soulignent que de nombreux homosexuels ont servi loyalement
l'armée américaine.
 
 Le Pentagone relativise
 
 Interrogé par
CBS
, le Pentagone a assuré que l'idée, simplement évoquée au cours d'un « brainstorming », avait été balayée d'un revers de main, et qu'aucune « bombe gay
» n'était en développement dans ses labos. Une affirmation que conteste le «
Sunshine Project
 », qui soutient que la note incriminée a été régulièrement distribuée dans des CD-Rom de promotion des armes non-létales à vocation interne.
 
 Le document de 1994 évoquait plusieurs autres pistes d'armes chimiques des plus originales, sur lesquelles le « Sunshine Project » souhaite également attirer
l'attention (
un florilège des armes non-létales imaginées par les militaires américains).

Hollande Royal, ambiance sur tous les plans...

Jeudi 14 juin 2007
 
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"Il y a divergence entre Royal et Hollande sur le rapprochement avec Bayrou"
LEMONDE.FR | 11.06.07 | 12h46  •  Mis à jour le 11.06.07 | 12h46
 
 
G : L'absence de proposition d'une alternative concrète et surtout l'attitude des "ténors" du parti sont-elles les raisons de l'échec du PS ? Faut-il réellement
renouveler la gauche ou simplement se mettre au travail ? 
 
Isabelle_Mandraud : Les raisons que vous évoquez ne sont pas les seules.
Après une victoire telle que celle qu'a remportée Nicolas Sarkozy à la présidentielle, le camp du vainqueur bénéficie toujours d'une dynamique importante
pour les élections qui suivent immédiatement.
 
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C'est d'ailleurs pour cela que Lionel Jospin avait, au congrès de Grenoble en 2000, inversé le calendrier électoral afin de couper court à toute hypothèse
de cohabitation.
 
Cela dit, le score du PS au premier tour des élections législatives est une déception pour les socialistes, car une partie de son électorat s'est manifestement
démobilisée.
 
Alain Randonnet : Ségolène Royal n'a-t-elle pas intérêt à ce que la défaite socialiste soit plus importante aux législatives qu'à la présidentielle afin
de démontrer que les 47 % qu'elle avait obtenus étaient plus destinés à elle qu'au PS ? Ainsi, elle serait la candidate légitime à la succession de François
Hollande.
 
Isabelle Mandraud : La situation est un peu plus complexe, car beaucoup de proches de Mme Royal, qui ont fait partie de son équipe de campagne, sont aujourd'hui
en difficulté.
 
En revanche, dans les bastions traditionnels du PS, comme le Pas-de-Calais, le Puy-de-Dôme ou la Haute-Vienne, le "vieux parti" a plutôt bien résisté.
 
Au lendemain du premier tour, la photographie du parti est donc plutôt contrastée, même si l'on peut penser que Mme Royal reste la mieux placée pour, demain,
rénover le parti, comme en témoignent les sondages.
 
carouge : Ségolène Royal a eu l'aval des militants pour la présidentielle. Elle agit comme si un congrès avait eu lieu et l'avait élue responsable du parti,
ce qui n'est pas le cas. Ne sommes-nous pas à la veille de l'implosion du parti ?
 
Isabelle Mandraud : Tôt ou tard, même si elle a été désignée à une large majorité des militants pour l'investiture présidentielle, Ségolène Royal sera à
nouveau confrontée au vote des militants.
 
La succession de M. Hollande à la tête du parti ne peut se faire que par la consultation des adhérents du PS, qu'il démissionne ou qu'un congrès anticipé
soit décidé.
 
Groumpf : Une déroute du PS ne permettrait-elle pas une refondation ?
 
Isabelle Mandraud : Il y a plusieurs façons de voir les choses. Une déroute du Parti socialiste peut aboutir à l'effet inverse de celui escompté et à son
repli sur lui-même.
 
Quel que soit aujourd'hui le cas de figure, de toute façon, beaucoup de ses responsables s'accordent aujourd'hui, après l'échec de Lionel Jospin en 2002
et celui – plus relatif – de Ségolène Royal en 2007, sur la nécessité pour les socialistes de revoir leur corpus idéologique.
 
En effet, cette dernière campagne présidentielle a montré que sur bien des points, notamment dans le domaine économique et social, le PS n'était pas en
mesure d'apporter des solutions claires.
 
Olivier : J'ai entendu dire que Ségolène Royal devait contacter François Bayrou pour discuter d'une éventuelle alliance en vue du second tour. Pensez-vous
que cette alliance, si elle avait lieu, constituerait une menace réelle contre l'UMP ?
 
Isabelle Mandraud : Le mot "alliance" me paraît un peu exagéré. Ce qui était peut-être valable avant le premier tour de l'élection présidentielle ne l'est
plus forcément aujourd'hui.
 
François Bayrou sort aujourd'hui des élections législatives très affaibli. Il ne pèse, dans le cadre des législatives, presque plus rien. En revanche, dans
quelques circonscriptions, les candidats du MoDem sont en situation d'arbitres.
C'est pour cela que Ségolène Royal lance un nouvel appel à François Bayrou.
 
Sur ce plan, on note des divergences entre l'ex-candidate et François Hollande qui, hier soir, n'avait pas de mots assez durs pour François Bayrou. Il n'envisageait
absolument pas que, dans le fief béarnais du centriste, la candidate socialiste se retire de la course.
 
perplexe : L'annonce par Ségolène Royal de rencontrer François Bayrou entre les deux tours, si elle se justifie électoralement, ne risque-t-elle pas de
priver les candidats socialistes des voix des électeurs des partis situés à la gauche du PS et, à plus long terme, de rendre une recomposition à gauche
plus difficile ?
 
Isabelle Mandraud : Cela, semble-t-il, ne s'est pas produit lors de l'élection présidentielle.
 
En revanche, ce que l'on peut dire, c'est que jusqu'ici, ce sont plutôt les électeurs du centre – et en particulier des ex-socialistes – qui ont du mal
à venir voter à gauche.
 
evidencev : Que penser des déclarations de Manuel Valls ("assez que la vie politique tourne autour de la vie d'un couple") ? Le sentiment est-il partagé
au PS ?
 
Isabelle mandraud : Il y a toujours un socialiste pour mettre les pieds dans le plat !
 
Hier, c'était Arnaud Montebourg, qui qualifiait de plus gros défaut le compagnon de Mme Royal. Aujourd'hui, c'est Manuel Valls. Bon...
 
vergoisy : Pensez-vous que l'attitude actuelle de Ségolène Royal, qui se positionne comme leader socialiste à la place de François Hollande, va dans le
bon sens pour la prochaine rénovation ? Ne va-t-elle pas trop vite ?
 
Isabelle Mandraud : Le temps joue contre Mme Royal, qui doit rapidement capitaliser sur son statut d'ex-candidate et les 17 millions d'électeurs qui ont
voté pour elle au second tour de la présidentielle.
 
Ce "capital" finira au fil du temps par s'estomper, et les prétendants au leadership du PS sont nombreux.
 
L'entourage de Mme Royal – qui, je le rappelle, n'est plus présente à l'Assemblée nationale – l'a donc convaincue de presser le pas pour s'imposer à la
tête du PS.
 
laurent31 : Un élément de stratégie ne serait-il pas de tout essayer pour remobiliser les électeurs de gauche qui ne sont pas allés voter à ce premier tour
? Ne peut-on pas avoir une surprise à l'issue du second tour avec plus de sièges pour le PS qu'attendu aujourd'hui ?
 
Isabelle Mandraud : Oui, cette hypothèse est parfaitement plausible, puisque le deuxième tour aboutit à une concentration plus franche entre la droite et
la gauche et à une bipolarisation entre les deux principaux partis que sont l'UMP et le PS.
 
Le deuxième tour peut cristalliser davantage le vote "anti-Sarko". A l'inverse, il peut aussi décourager davantage en diffusant le sentiment que "c'est
cuit". Pour la gauche.
 
Groumpf : Quel est le seuil de résultat "honorable" du PS ? 150 sièges ?
 
Isabelle Mandraud : Le pire avait été atteint en 1993, où le groupe socialiste à l'Assemblée nationale s'était réduit à 57 députés.
 
En 2002, après l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle, ils étaient 141, plus 8 apparentés. Dépasser ce niveau d'une dizaine
de sièges ou plus constituerait déjà une bonne chose.
 
En dessous, cela marquerait une cuisante défaite.
 
Groumpf : Le PC pourrait-il s'intégrer dans le groupe parlementaire du PS ?
 
Isabelle Mandraud : A priori, le PCF pourrait peut-être conserver un groupe autonome à l'Assemblée.
 
Pour l'instant, en tout cas, l'hypothèse que vous soumettez n'est pas envisagée.
 
Zephyr : Est-ce que le PS aura besoin d'alliances avec le MoDem, le PCF, les Verts, etc., pour que ces groupes puissent "peser" ensemble ?
 
Isabelle Mandraud : Vu l'importance de la "vague bleue", Nicolas Sarkozy et le gouvernement disposeront de la majorité à l'Assemblée.
Mais plus il y a de députés de gauche élus, plus l'opposition peut se faire entendre.
 
Le MoDem, lui, devrait se résumer, au mieux, à quelques individualités.
 
zahra : Ne pensez-vous pas que la "vague bleue" est utile pour permettre à la gauche de réfléchir et de se reconstruire?
 
Isabelle Mandraud : La théorie du choc salutaire n'est pas très en vogue au Parti socialiste.
 
D'autant moins qu'il y a des élections municipales en 2008, et que le mandat présidentiel est désormais de cinq ans.
 
Ce qui laisse, compte tenu du délai nécessaire pour choisir son candidat, finalement assez peu de marge.
 
Alain_Randonnet_1 : Que pensez-vous de l'humiliation subie par M. Boutih en Charente et est-ce de nature à affaiblir Mme Royal ?
 
Isabelle Mandraud : La situation de Malek Boutih dans la 4e circonscription de Charente est pénible pour le Parti socialiste. C'est l'exemple d'une catastrophe
annoncée et d'un parachutage raté.
 
En effet, M. Boutih a dû faire face à la candidature dissidente d'une femme que les militants avaient choisie.
 
L'ancien président de SOS-Racisme n'a jamais été bien accepté par le PS local.
Dans ces conditions, on peut se demander pourquoi le PS s'est entêté sur cette circonscription au risque de faire subir une humiliation à l'un de ses membres,
humiliation qu'il n'avait évidemment pas méritée.
 
Résultat : il est éliminé dès le premier tour. Derrière la socialiste dissidente.
 
Savonarole : En annonçant une motion au prochain congrès du PS puis, hier, une sollicitation directe de Bayrou entre les deux tours des législatives, Mme
Royal continue de préempter la stratégie du PS. Or ne fait-elle pas l'inverse de ce qui serait souhaitable pour l'avenir du parti : à savoir remettre à
plat les idées et poser ensuite la question de la personne à même de les incarner?
 
Isabelle Mandraud : Je ne crois pas beaucoup au grand déballage de la rénovation et des idées sans qu'elles soient incarnées par une personnalité.
 
Les convictions de Laurent Fabius ne sont pas tout à fait les mêmes que celles de Ségolène Royal, dont la méthode se différencie de François Hollande, qui
lui-même a des divergences sur la fiscalité avec Dominique Strauss-Kahn...
 
Par ailleurs, présenter une motion dans un congrès socialiste signifie créer un courant et se placer dans une logique, si possible majoritaire, où l'on
convainc les autres.
 
Encore une fois, Mme Royal tentera à la fois d'imposer ses idées (sur l'ordre juste, la démocratie participative, le traitement de la délinquance...) tout
en revendiquant le leadership du PS.
 
vergoisy : L'avancement du congrès du PS avant les municipales, est-ce réellement une bonne stratégie dans le processus de rénovation ?
 
Isabelle Mandraud : Plusieurs points de vue se partagent au PS sur cette question.
 
Une majorité de maires socialistes redoutent de voir les socialistes étaler leurs divisions alors qu'ils vont s'engager dans une nouvelle campagne. Ils
souhaiteraient donc que ce congrès ait lieu après.
 
D'un autre côté, certains estiment que les municipales se passeraient mieux si la question du leadership et de la rénovation pouvait être tranchée avant.
C'est notamment le point de vue des partisans de Mme Royal.
 
Globulus : On n'entend plus du tout DSK : est-il déjà en campagne pour l'investiture en 2012 ?
 
Isabelle Mandraud : Il est faux de dire que l'on n'entend plus Dominique Strauss-Kahn, qui a beaucoup fait campagne pour soutenir les candidats socialistes
aux législatives.
 
Il est intervenu hier soir depuis sa circonscription du Val-d'Oise, à Sarcelles. Mais il a été lui aussi mis en ballottage par une candidate UMP qui se
présentait pour la première fois.
 
GG : Le PS est-il dirigé aujourd'hui ? Par qui ?
 
Isabelle Mandraud : François Hollande est le premier secrétaire du parti. Il y a un bureau national qui se réunit toutes les semaines et qui associe toutes
les personnalités du PS.
 
Et puis surtout, il y a une ex-candidate à la présidentielle qui a imprimé beaucoup de ses idées ces derniers mois. A vous de voir...
 
pignouf : Est-ce que la rénovation du PS peut passer par une alliance DSK-Royal ?
 
Isabelle Mandraud : Oui, pourquoi pas ? Elle peut passer aussi par une alliance avec François Hollande, avec Bertrand Delanoë, et bien d'autres encore.
 
 
 
Philippe Le Cœur

13 juin 2007

le new deal de la gauche!

Mardi 12 juin 2007
 
 La gauche pour un new deal
Quels sont les atouts et handicaps de la gauche dans son combat contre les inégalités ? Que doit-elle repenser d'urgence ? Le grand économiste donne des
pistes
 
La gauche prisonnière
Le paradoxe de départ est le suivant : la gauche est meilleure aux affaires que dans l'opposition. Sans renier son programme ( les nationalisations en
1981, les 35 heures en 1998 ), elle a su faire preuve d'un solide pragmatisme, qui lui a d'ailleurs été reproché par l'extrême-gauche. C'est la gauche
qui orchestre la désinflation des années 1980 alors que la droite n'y était pas parvenue, c'est elle qui obtient dix ans plus tard la qualification de
la France dans l'euro. Au cours des vingt-cinq dernières années, c'est sous les gouvernements de gauche que la croissance économique a été la plus forte.
La gauche est moins brillante dans l'opposition. Depuis la fin du programme commun, elle peine à définir des ambitions marquantes. La mesure emblématique
du gouvernement Jospin, les 35 heures, a été ajoutée à son programme dans l'urgence, à la veille d'élections législatives anticipées. Son échec en 2002
doit beaucoup à l'absence d'un programme convaincant, tout comme l'échec de Ségolène Royal est en grande partie lié au fait que l'on peinait à lire, au-delà
de quelques mesures phares comme les emplois-tremplins, la démarche proposée. Comment comprendre cette inversion entre ce qui devrait être le point fort
de la gauche, l'ambition programmatique, et sa bonne pratique quand elle est au pouvoir ? Elle n'est pas à chercher, a priori, dans une hésitation sur
le but recherché. La gauche a un marqueur simple : réduire les inégalités sociales. Pour utiliser une formule de Norberto Bobbio, la gauche doit constamment
« dénaturaliser » les inégalités, face à une droite qui est plus encline à y voir un fait naturel. Pour la gauche, l'inégalité est fondamentalement un
fait social, ce qui explique par exemple pourquoi l'impôt sur les successions est, à ses yeux, l'impôt juste par excellence. Si ce n'est donc ni la pratique
du pouvoir ni ses ambitions qui font problème, où est-il ? Il est dans la difficulté à renouveler sa réflexion sur les instruments à utiliser. La gauche
reste prisonnière de l'idée selon laquelle l'économie entraîne le social et du corrélat qui veut que pour agir sur celui-ci, il suffit d'agir sur celle-là.
Or cette équation est invalidée deux fois. D'abord il est de plus en plus difficile de réguler l'économie. Ensuite, à supposer qu'on y parvienne, cela
ne suffit plus à résorber les nouvelles inégalités sociales.
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Des mesures purement défensives
Reprenons ce point. L'économie était hier un facteur d'intégration sociale, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Dans le langage des économistes, l'équilibre
ancien entre les marchés et les organisations a été brisé au profit des premiers. Les délocalisations ne sont qu'une forme extrême et visible d'un processus
plus profond, dont le recours systématique à la sous-traitance est le modèle. Le capitalisme nouveau externalise toute tâche qui peut l'être, mettant les
sous-traitants en concurrence entre eux, émiettant scientifiquement le paysage social. Nationaliser les entreprises du CAC 40 aujourd'hui serait sans grande
incidence sur la condition ouvrière. Ce sont les PME qui créent aujourd'hui des emplois, tandis que les grandes entreprises en détruisent. Une politique
sociale qui prenne acte de ce bouleversement devrait cibler directement les personnes et les territoires. Cela ne signifie pas qu'elle doive exonérer les
entreprises de leurs responsabilités, en matière de conditions de travail notamment. Mais cela exige une remise en question des leviers utilisés. Orpheline
du pilotage de « l'outil de production » et des nationalisations, la gauche peine à innover en ce domaine. La gauche française subit ici un double handicap,
syndical et étatique. N'étant pas issue du mouvement syndical, la gauche française n'a pas la culture des compromis sociaux qu'on trouve notamment dans
les pays scandinaves. Le débat sur le contrat de travail est à cet égard emblématique. La droite instaure et supprime l'autorisation administrative des
licenciements ( par le même Chirac en 1974 et 1986 ), la gauche laisse à chaque fois les choses comme elle les trouve. Sur les retraites, elle annonce
qu'elle veut abroger les lois Fillon, mais ne parvient pas à définir ce qu'elle veut mettre à la place. Privée, sur le terrain, de relais qui lui indiquent
le juste et le raisonnable, elle préfère le statu quo à la recherche de formules nouvelles. Par crainte d'ajouter à la flexibilité ambiante, elle n'ose
proposer des formules socialement innovantes comme les Danois l'ont par exemple tenté. Elle préfère gérer l'existant. C'est ici que se referme le piège
d'une culture de gouvernement raisonnable. La stratégie macroéconomique de la gauche semble toujours revenir à un tropisme qui vise à réduire l'offre de
travail, à travers la retraite à 60 ans ou les 35 heures, ou à rendre les licenciements toujours plus difficiles, dans l'espoir à chaque fois que ces mesures
résorberont le chômage. Or ces mesures purement défensives n'allègent que transitoirement le mal, produisant des effets pervers mal anticipés.
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Un boulevard politique
En manque de relais syndicaux, la gauche française dispose au moins d'un appareil d'Etat, réputé le meilleur du monde. Or l'instrument révèle aussi ses
limites. Il ne dispose d'aucune culture d'évaluation des politiques qu'il met en oeuvre, ce qui rend difficile de lui assigner des tâches spécifiques,
adaptées aux publics de plus en plus hétérogènes auxquels il s'adresse. L'économiste Jean-Jacques Laffont avait résumé la contradiction française à l'égard
de l'Etat de la manière suivante. En France, écrivait-il, on fait « le postulat général de bienveillance des hommes politiques, de l'administration et
de tous les fonctionnaires et personnels assimilés ». Or, sitôt posé, ce postulat est immédiatement contredit par la pratique courante de l'Etat lui-même.
« Malgré ce recours systématique à la bienveillance comme principe de fonctionnement, la peur des détournements des fonds publics par quelques " brebis
galeuses " a conduit à une bureaucratisation considérable destinée à éliminer les possibilités de comportement discrétionnaire , source de corruption.
» La gauche n'échappe pas à cette contradiction, sacralisant et encadrant l'Etat tout à la fois. Une réforme comme l'autonomie des universités, même si
Ségolène Royal l'a intégrée dans son programme, l'a fait ainsi hésiter. Elle craint de faire entrer les universités dans une logique de marché qui les
détournerait de leurs missions. Ce n'est pourtant pas le marché qui est en jeu, mais un rapport nouveau aux moyens de l'action publique, fait d'un compromis
entre indépendance des services publics et évaluation de leurs missions au regard de critères exigeants, dont la lutte contre les inégalités sociales doit
être le marqueur essentiel. La gauche française a un boulevard politique devant elle. Jamais les inégalités sociales ne sont apparues aussi menaçantes,
que ce soit en matière de destins professionnels, de territoires, de richesses. La dernière élection montre pourtant qu'elle ne peut se contenter d'attendre
le mouvement pendulaire de l'alternance pour revenir aux affaires. La culture de gouvernement chèrement gagnée dans les années 1980 ne suffit plus. L'enjeu
pour elle n'est pas d'agréer l'économie de marché, c'est fait depuis longtemps. Il lui faut adapter ses instruments à un capitalisme qui n'est plus le
même. Privilégier l'aide aux personnes et aux territoires, désacraliser l'Etat pour redonner aux services publics plus d'autonomie, telles pourraient être
les frontières de son aggiornamento.
 

Economiste, Daniel Cohen est professeur à l'Ecole normale supérieure. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont « Richesse
du monde, pauvretés des nations » (Flammarion), « la Mondialisation et ses ennemis » (Grasset). Dernier livre paru : « Trois Leçons sur la société postindustrielle
» (Seuil, 2006).
 
 François Armanet et Gilles Anquetil

Gauche à refonder, leader à trouver...

Mardi 12 juin 2007
 
Refondation de la gauche ( 2 )
Pour une nouvelle cohérence économique et sociale
La semaine dernière, l'ancien ministre de l'Economie avait ouvert notre grand débat sur la rénovation de la gauche. Il dessinait les frontières d'un réformisme
sans tabous. Cette semaine, il plaide pour un socialisme du réel qui ne se contente pas de corriger, après coup, les méfaits du capitalisme, mais qui intervienne
sur le fonctionnement même du système de production. Et il définit une méthode : le contrat entre l'Etat et ses différents partenaires par Dominique Strauss-Kahn
 

Deux constats s'imposent à nous. Notre compétitivité s'érode : la France est en train de perdre la bataille économique. Notre modèle social a un coût très
élevé alors même que son efficacité dans la lutte contre les inégalités paraît faiblir. De ces deux constats indiscutables, Nicolas Sarkozy a tiré une
stratégie et une diatribe : la France doit retrouver sa compétitivité en liquidant son modèle social. Il semble penser de surcroît que cette liquidation
ne suscitera guère de protestations, puisque ce modèle procure moins de bénéfices que par le passé et qu'il n'est plus créateur d'espoir. Largement enfermée
dans le schéma de la relance par la demande, la gauche a refusé de prendre toute la mesure de la perte de compétitivité de l'économie française et a continué
de faire comme si l'on pouvait redistribuer sans trop se préoccuper de produire. Dans le même temps, elle n'a pas suffisamment pris en compte la montée
en puissance de nouvelles formes d'inégalités et a considéré que les politiques sociales traditionnelles continuaient à fonctionner de façon satisfaisante.
Leur évidente incapacité à lutter contre la pauvreté et l'explosion des inégalités a été attribuée non à leur inadéquation grandissante, mais à une force
de frappe insuffisante. Il ne s'agissait plus dès lors de les faire évoluer : il suffisait de les renforcer. Que la thérapie retenue par Nicolas Sarkozy
soit inappropriée ne change rien au diagnostic : entre deux constats fondés et partagés par une grande majorité de Français et une analyse doublement décalée,
les électeurs ont choisi. Pour rétablir sa crédibilité, la gauche doit retrouver une cohérence économique et sociale qui permette de fonder une critique
radicale du libéralisme sans se limiter à un pamphlet contre le capitalisme.
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La compétitivité et l'égalité réelle
Si l'on veut remédier à la perte de compétitivité de notre économie, il faut en identifier les causes. Sur un marché devenu mondial arrivent une quantité
importante de travail et une moindre quantité de capital. Devenu relativement abondant, le travail voit son prix baisser ; demeurant relativement rare,
le capital bénéficie d'une rémunération croissante. Pour autant, la stratégie conduisant la France à renouer avec une compétitivité forte ne passe pas
par l'abaissement du coût du travail : quelle que soit l'amertume de la potion libérale imposée à l'économie française, le coût du travail n'y sera jamais
assez faible pour autoriser notre pays à rivaliser en la matière avec les économies émergentes. Il faut au contraire promouvoir le type de travail qui,
à l'échelle du monde, reste rare et peut donc être cher : le travail suffisamment qualifié pour nourrir l'innovation. Quant à notre modèle social, il souffre
aujourd'hui de deux faiblesses qui le rendent peu apte à contribuer à l'égalité réelle. Les politiques sociales sont d'abord trop réparatrices et pas assez
préventives. Il ne suffit plus de constater les inégalités créées par le marché et de chercher à les compenser au moyen d'allocations diverses : il faut
les attaquer à la racine, là où elles se forment, dès l'enfance, au travail, dans le tissu urbain. On ne peut plus se contenter d'aider les pauvres : il
faut construire une société qui fabrique moins de pauvres. De ce point de vue, les politiques d'éducation et de santé sont les premières en cause. D'où
la nécessité, sur certaines parties du territoire, d'allouer massivement du capital public à ceux qui ont peu de capital personnel. C'est ce qui justifie
de limiter à quinze élèves l'effectif des classes dans certaines banlieues ou certaines zones rurales. C'est ce qui fonde l'opposition à l'instauration
des franchises médicales et impose, à rebours, l'adoption d'une vigoureuse politique de prévention en direction des enfants et des familles pauvres. Nos
politiques sociales sont ensuite trop monétaires : elles reposent excessivement sur le versement d'allocations et font encore assez largement l'impasse
sur l'accompagnement individuel. Le vieillissement de la population illustre l'inadéquation de ce modèle : sujet crucial des décennies à venir, il ne peut
trouver de réponse pertinente dans la seule redistribution monétaire. Le problème des retraites est évidemment important ; mais l'adaptation du travail
à l'âge des seniors, l'amélioration de la santé au travail ainsi que la prise en compte de sa pénibilité sont des questions tout aussi décisives. Nous
voyons tous aujourd'hui que les remboursements ne suffisent plus à garantir l'amélioration de l'état de santé des individus, contrairement à la mise en
place de parcours de soins. Nous voyons aussi que l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire n'est pas véritablement un gage de la réussite à l'école,
contrairement au renforcement de l'encadrement des élèves et du soutien qui peut leur être apporté.
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Le social dans l'économie
Ce qu'il nous faut finalement, ce n'est ni le social au mépris de l'économie, que la gauche a trop tendance à pratiquer lorsqu'elle croit pouvoir développer
des politiques sociales en négligeant les conditions de leur financement, ni le social par l'économie, que la droite persiste à prôner parce qu'elle pense
que, quand l'économie va, tout va. C'est le social dans l'économie, c'est-à-dire des politiques sociales dont la mise en oeuvre contribue à la croissance
économique. Quand on permet aux talents qui naissent dans les banlieues d'aller à l'université, c'est aussi l'économie dans son ensemble qui en bénéficie.
Quand on améliore la santé au travail, c'est aussi la productivité qui s'élève. Quand on facilite le retour à l'emploi des salariés frappés par les délocalisations,
c'est aussi le tissu industriel qui retrouve sa trame. Si notre avenir repose sur la valorisation du capital humain de nos concitoyens, c'est parce que
la protection contre les effets indésirables de la mondialisation passe par une économie plus efficace. Ce qui nous protégera à l'avenir, c'est la compétitivité,
pas le repli. Il nous faut donc un Etat qui fasse de cette entreprise de valorisation sa tâche principale, non un Etat qui s'emploie à privilégier la rente
en abaissant les droits de succession.
 
Une politique durable
Chacun comprend aujourd'hui qu'il n'est de politique efficace que si elle est durable. « Durable », cela veut dire qu'elle sera mise en oeuvre longtemps
et poursuivie avec opiniâtreté, mais aussi qu'elle sera efficace et financée à long terme - certains diraient « soutenable ». Il faut donc intégrer à la
logique du développement des contraintes sociales, environnementales, énergétiques - qui ont jusqu'alors été considérées comme latérales. Une fois la politique
économique définie, on s'interrogeait sur ses conséquences sociales et environnementales pour en corriger éventuellement les effets. A l'avenir, il ne
pourra plus en aller de la sorte. Il faut dorénavant que, dès sa conception, la politique tienne compte des conditions de sa durabilité. Ceci vaut naturellement
aussi pour les finances publiques. Le retour à un taux d'endettement supportable est la condition impérative d'une politique durable. On comprend aisément
que ceci ne soit guère compatible avec une politique à courte vue d'allègements fiscaux. Disons-le d'une phrase : aucune politique ne peut porter de fruits
si elle n'est pas suffisamment acceptée par la société pour durer, durer, durer encore.
 
Le contrat et l'Europe
Comment le faire ? Question de méthode. Question d'espace aussi. La méthode, c'est le contrat. Le contrat entre l'Etat et ses différents partenaires, en
particulier les collectivités territoriales, sur lesquelles reposeront, à l'avenir, une bonne part des politiques publiques. Mais aussi le contrat avec,
et entre, les partenaires sociaux. Il faut pour cela des syndicats forts et, surtout, parfaitement légitimes. D'où l'ardente nécessité de mettre en place
des mécanismes propres au renforcement de leur représentativité. D'où, aussi, l'importance d'engager de vraies négociations et de se refuser à poser constamment
le pistolet de la loi sur la tempe des partenaires sociaux. D'où, enfin, l'urgence de favoriser l'émergence d'un nouvel acteur, le consommateur, qui doit
être en mesure de contester la toutepuissance des entreprises. L'espace, c'est l'Europe. L'Etatnation n'est plus le lieu pertinent de la lutte contre les
effets indésirables de la mondialisation. De cette affirmation banale, il faut tirer toutes les conséquences : donner à l'Union européenne les moyens de
financer des politiques favorables à la croissance et à l'emploi comme de piloter la recherche ; négocier les premiers éléments d'une Europe sociale ;
garder l'ambition de fonder une Europe politique. Je ne vois rien de cela ni dans le protectionnisme national qui nous a été promis pendant la campagne
présidentielle, ni dans le mini-traité qui nous est annoncé par Nicolas Sarkozy. Il n'y a pas d'avenir pour la France dans une vision trop étroitement
nationale ou trop étroitement économique. Il n'y a pas d'avenir pour la gauche dans une vision trop étroitement sociale ou trop étroitement étatique. Notre
avenir ne peut se construire qu'à travers la mise en oeuvre, dans l'espace européen, de politiques négociées permettant de répondre à l'exigence sociale
et de renforcer la compétitivité. Ceci passe par une réforme radicale de nos politiques publiques qui ne peuvent plus prétendre se limiter à corriger,
après coup, les méfaits du capitalisme mondialisé. Il faut accepter de « se salir les mains », d'intervenir sur le fonctionnement même du système productif.
Il faut un socialisme du réel.
 
 Dominique Strauss-Kan

Refondation du PS, c'est pas gagné!

Point de vue publié dans le monde à la veille du premier tour des législatives, maiq ui garde tout son sens

Scénarios pour une refondation, par Philippe Marlière
e Parti socialiste est aujourd'hui amené à préciser sa doctrine, à élaborer un programme mobilisateur et à reconsidérer ses alliances. Après trois échecs
présidentiels consécutifs, la situation est assez grave pour exclure les replâtrages habituels. Quatre scénarios pour une refondation socialiste peuvent
être envisagés.
 
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LE SCÉNARIO ITALIEN
 
En Italie, les démocrates de gauche (DS, ex-PCI) s'apprêtent à fonder un nouveau parti (le Parti démocratique) qui inclura le pôle de la Marguerite (dominé
par les démocrates-chrétiens). Selon Piero Fassino, dirigeant des DS, cette alliance prend acte de la "disparition du vieux schéma tripolaire gauche, centre,
droite", auquel aurait succédé une opposition feutrée entre deux grands blocs centristes, hors toute référence à la gauche. Transposé en France, il s'agirait
de bâtir une force centriste dont le PS serait le pivot. Ce nouveau parti - non socialiste - engloberait les radicaux de gauche, la tendance libérale-libertaire
des Verts (Daniel Cohn-Bendit) et le Mouvement démocrate de François Bayrou.
 
Ce schéma a été esquissé par Ségolène Royal à diverses reprises. Sans référence explicite à la création d'un Parti démocrate, elle a revendiqué un "PS ouvert,
sans frontière" et a prédit qu'il allait "se passer des choses localement avec le MoDem" d'ici aux élections municipales. La recherche d'alliance avec
le centre droit semble des plus risquées. C'est ce que nous enseigne le cas italien : le recentrage continu des DS depuis plus de dix ans s'est accompagné
d'une érosion militante et électorale constante, accentuée par les scissions de son aile gauche.
 
En France, l'opposition gauche-droite est plus vivace qu'en Italie. Les reports de voix bayrouistes en faveur de Mme Royal ont été des plus médiocres, ce
qui souligne l'incompatibilité entre électorat socialiste et électorat démocrate-chrétien en France. En outre, les reports de voix de la gauche non socialiste
vers Mme Royal - décevants en 2007 - seraient assurément catastrophiques si d'aventure elle était la candidate d'un parti centriste en 2012.
 
LE SCÉNARIO BRITANNIQUE
 
C'est le développement rêvé par Dominique Strauss-Kahn et ses amis. L'accent est mis, ici, sur une refondation interne du PS qui s'inspire de la démarche
blairiste au sein du Parti travailliste. Une offensive idéologique doit être conduite pour amener le PS à renoncer à la lutte pour le socialisme (combat
contre un capitalisme de plus en plus débridé, défense d'un secteur nationalisé de l'économie, exigence de redistribution des richesses, etc). Des notions
lénifiantes ("réformisme", "socialisme du réel", "social-démocratie") tentent de masquer les convergences avec le néolibéralisme tempéré du blairisme,
de favoriser la conversion du PS à une Europe sans muscle politique et de renforcer l'alignement atlantiste du PS.
 
A la différence du scénario italien proprement suicidaire, le scénario britannique a le mérite de la cohérence. Cette ligne pourrait l'emporter si les strauss-kahniens
parvenaient à débaucher les "déçus du royalisme". Mais le problème de la mobilisation des électorats de gauche se poserait également dans ce cas : quelle
serait la fortune électorale d'un parti blairisé en compétition avec une gauche radicale galvanisée par un PS qui n'aurait plus de socialiste que le nom
? Car le succès du blairisme a reposé sur une série de facteurs exceptionnels, introuvables dans le contexte français : scrutin majoritaire à un tour qui
sur-amplifie la dynamique du vote utile, absence de compétition à gauche pour le Parti travailliste et démantèlement avancé de l'Etat social britannique.
 
LE SCÉNARIO ALLEMAND
 
Ce serait celui de la scission de la gauche du parti, poussée vers la sortie à la suite du succès rencontré par les scénarios italien ou britannique. Il
s'agirait ici de recréer un parti authentiquement socialiste. Cette situation s'apparenterait à la création de la WASG par Oskar Lafontaine, un ancien
leader du SPD, en désaccord avec les politiques néolibérales du gouvernement Schroeder.
 
Envisageable après le rejet du traité constitutionnel, alors que l'idée d'une candidature "antilibérale" connaissait une réelle dynamique, ce cas de figure
est aujourd'hui impensable. La gauche radicale est aujourd'hui sur la défensive et divisée. En outre, on imagine mal quels élus socialistes de premier
plan accepteraient de risquer leur carrière sur un projet aussi aléatoire.
 
LE SCÉNARIO SOCIALISTE
 
C'est celui de la rupture avec... les politiques mises en oeuvre par les partisans des scénarios italien et britannique depuis les années 1980. Il s'agirait
d'abandonner le prêt-à-penser social-libéral. Instruit des erreurs du passé et s'inspirant de la démarche des assises du socialisme organisées en 1974
par François Mitterrand, ce PS aurait à coeur de maintenir le dialogue avec les diverses composantes de la gauche.
 
Il serait rajeuni, féminisé, ouvert aux minorités ethniques, attentif aux critiques de gauche du capitalisme financier et du productivisme. Ce serait un
parti réformiste radical, moderne, de masse, rompant avec la conception actuelle du parti de supporteurs pour devenir un authentique parti de militants.
Ce type de parti pourrait obtenir un score plancher de 30 %, car il rassemblerait nombre d'électeurs communistes, écologistes et altermondialistes, tout
en continuant de mordre sur le centre gauche.
 
Les scénarios italien et britannique expriment des choix purement idéologiques et poursuivent, selon des méthodes différentes, des objectifs similaires
(le dépassement de la nature socialiste du PS et la recherche d'alliances organiques ou conjoncturelles avec les démocrates-chrétiens et les libéraux).
Le scénario socialiste est, inversement, sociologiquement motivé : il réfute la thèse infondée de la "droitisation de la société française", prend acte
de la vivacité du clivage gauche-droite et anticipe la recomposition des gauches. Ce scénario est réaliste et moderne, car c'est le seul qui puisse permettre
une victoire de la gauche en 2012.
 
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Philippe Marlière est maître de conférences en science politique à l'université de Londres.
 
 

l'abstention a amplifié la vague cleue

Lundi 11 juin 2007
 
Vague bleue et abstention record au premier tour des législatives
 
L'UMP est arrivée largement en tête du 1er tour des législatives, dimanche 10 juin, remportant 39,54% des voix. La gauche est en situation difficile. Sur
fond d'abstention record
 
Le palais Bourbon à Paris (Photo Cabanis/AFP).
 
Les Français ont confirmé leur choix du 6 mai. À l'issue du premier tour des élections législatives, l'UMP et ses alliés sortent largement vainqueurs et
semblent désormais bien placés pour obtenir la majorité « large » qu'a appelée de ses vœux le président de la République.
 
Selon les résultats définitifs du ministère de l'intérieur
,  la majorité présidentielle obtient 39,54 % contre 24,73 % au parti socialiste, 7,61 % au Modem de François Bayrou et 4,29 % à l'extrême-droite.
 
Les projections en sièges de divers instituts, à prendre évidemment avec précautions donnaient entre 383 et 501 sièges pour la droite et entre 69 et 185
sièges pour la gauche dont environ 140 sièges pour le PS.
 
Dans un scrutin marqué par une abstention record, la vague bleue
est en passe de se confirmer à l'Assemblée nationale même si le parti socialiste résiste plutôt bien au détriment une nouvelle fois de ses alliés et confirme
la bipolarisation accentuée de la vie politique française.
 
Estimant que les jeux étaient faits...
 
Cinq semaines après s'être massivement mobilisés pour élire leur président, Nicolas Sarkozy, les Français, estimant sans doute que les jeux étaient déjà
faits, n'ont pas jugé utile de retourner en masse aux urnes. D'après les premières estimations des instituts de sondages l'abstention devait se situer
entre 37 et 39 %, le niveau le plus élevé jamais atteint au premier tour d'élections législatives depuis le début de la Ve République.
 
Il serait ainsi supérieur, au taux d'abstention record enregistré aux élections législatives de 2002 où dans la foulée de l'élection de l'écrasante victoire
de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, 35,6 % des électeurs inscrits n'avaient pas jugé bon d'aller voter au premier tour.
 
Il est peu de dire que la campagne pour les élections législatives a peu passionné les Français. Plusieurs facteurs expliquent sans doute ce désintérêt.
Et d'abord le sentiment que les vrais choix, ceux à faire entre deux programmes et deux visions de l'avenir avaient déjà été faits lors d'une élection
présidentielle pour laquelle ils se sont passionnés comme jamais. Au point que l'enjeu des législatives semblait se résumer à quelques duels locaux dont,
au fond, l'issue ne modifierait pas le résultat final.
 
La présidentialisation du régime a transformé le scrutin
 
La perspective d'une vague bleue, quotidiennement annoncée par les instituts de sondage, depuis le lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy ne les a guère
encouragés à se mobiliser. Pas plus que les divisions qui ont ressurgi au sein du Parti socialiste dès le lendemain de la défaite de Ségolène Royal et
les incertitudes qui pèsent sur son avenir.
 
Enfin, l'activisme du chef de l'État qui a déjà mis en route la plupart des réformes promises pendant la campagne – le projet de loi contenant plusieurs
fiscales destinées à créer « un choc de croissance » est même déjà bouclé – a renforcé l'idée qu'il disposerait sans aucun doute d'une majorité pour gouverner.
C'est comme si la présidentialisation du régime, souhaitée et affichée par le nouveau chef de l'État, avait transformé ce scrutin, pour l'opinion, en une
formalité.
 
Cette forte abstention aura pourtant largement profité au camp des vainqueurs. L'UMP et ses alliés, avec plus de 40 % des voix, améliorent sensiblement
le score de 2002, profitant de la dynamique créée par la victoire nette de Nicolas Sarkozy le 6 mai. Symbole de cette réussite,
le premier ministre François Fillon se paie même le luxe d'être réélu dès le premier tour dans sa circonscription de la Sarthe
où Nicolas Sarkozy n'était arrivé en tête que d'un cheveu au second tour de la présidentielle. 
 
C'est la gauche qui pâtit le plus de la faible mobilisation
 
Le premier ministre, qui s'était intronisé chef de la bataille, n'a d'ailleurs pas ménagé sa peine tout au long de la campagne pour appeler les Français
à lui donner « une majorité d'action », fustigeant parfois sans nuance une gauche « dépassée ». La majorité bénéficie, comme lors de l'élection présidentielle,
du fort recul du Front national qui enregistre un score plus de deux fois moindre qu'en 2002 et ne parvient pas une nouvelle fois à s'ouvrir les portes
du Palais Bourbon.
 
C'est la gauche qui pâtit le plus de la faible mobilisation
 des Français et notamment des électeurs de gauche. Le parti socialiste semble pourtant ne pas trop mal résister. Avec un score qui, selon les instituts,
semble à peu près comparable à celui de 2002, il sauve les meubles et devrait sans doute éviter l'humiliation subie en 1993 lorsqu'il n'était plus de 57
députés dans les travées de l'Assemblée nationale.
 
En revanche, les communistes, s'ils maintiennent au niveau national leur niveau de 2002, devraient souffrir de leur absence d'alliance avec le PS et, selon
les projections, perdraient quasiment la moitié de leurs députés, se privant d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. Quant aux Verts qui confirment
leur recul en enregistrant un score deux fois moins important qu'en 2002, ils ne conservent que l'espoir de garder leurs trois députés sortants.
 
Le résultat du premier tour montre par ailleurs à quel point le pari de François Bayrou était risqué
. Avec un score de 7,61 %, le Modem ne retrouve certes pas les 18, 57 % obtenus à la présidentielle par son chef de file. Mais surtout la forte abstention
a rendu plus difficile la possibilité pour ses candidats de franchir la barre des 12,5 % d'inscrits et donc de provoquer des triangulaires qui l'auraient
placé en situation de négocier avec les uns ou les autres.
 
Céline ROUDEN

législatives:retour à la bipolarisation!

Lundi 11 juin 2007
 
L'UMP et le PS ont dominé le premier tour
 
Le scrutin législatif a confirmé le retour à la bipolarisation de la vie politique, favorisant la domination des deux grands partis traditionnels de gouvernement,
l'UMP et le PS
 
Les résultats du premier tour des élections législatives sont sans appel. Non seulement l'UMP s'apprête à obtenir une majorité écrasante dans la future
Assemblée mais surtout celle-ci devrait être pour les cinq ans à venir largement dominée par les deux grands partis traditionnels de gouvernement, leurs
alliés habituels – le PCF et le centre – étant rejetés aux marges.
 
Le scrutin du dimanche 10 juin a, en effet, confirmé le retour à une bipolarisation de la vie politique, déjà consacrée par l'élection présidentielle,
mais qui se fait cette fois au profit quasi exclusif du PS et de l'UMP. « C'est une inflexion fondamentale, souligne le politologue Gérard Grunberg (1)
qui a récemment publié un essai sur le sujet. Nous ne sommes plus dans la bipolarisation mais dans le bipartisme. À l'issue du premier tour les deux grands
partis totalisent 70 % des voix et vont emporter 95 % des sièges. »
 
Le parti majoritaire qui disposait déjà de 359 députés dans l'Assemblée sortante pourrait, si les électeurs confirment leur vote au second tour, étoffer
sa représentation de plusieurs dizaines de députés – les projections des instituts de sondage lui donnent, à lui seul, entre 360 et 420 sièges – alors
que le PS qui résiste pourrait conserver, lui, entre 120 et 170 représentants dans l'hémicycle (lire l'explication ci-dessous). La vague bleue annoncée
devrait donc s'opérer principalement au détriment des formations intermédiaires qui ressortent laminées de ce scrutin.
 
Les communistes poursuivent leur lent déclin
 
C'est le cas des communistes qui poursuivent un lent déclin entamé dans les années 1980. Avec 6 à 17 députés dans la prochaine Assemblée, ils ont peu de
chances de pouvoir atteindre le seuil nécessaire, fixé à 20, pour constituer un groupe parlementaire et risquent d'avoir à se débattre dans des problèmes
financiers inextricables.
 
Quant au Mouvement démocrate de François Bayrou, il a, pour l'heure, échoué à imposer l'idée d'un centre indépendant de la droite et de la gauche. Paradoxalement,
alors qu'il réalise un score bien supérieur à celui de 2002, il ne pourrait compter que cinq députés maximum, alors qu'il en disposait de 29 dans la précédente
Assemblée.
 
Plusieurs éléments contribuent à ce résultat. D'abord la logique des institutions qui, depuis 1965 et l'élection présidentielle au suffrage universel,
a encouragé une bipolarisation de la vie politique. Le fait que seuls les deux candidats arrivés en tête puissent atteindre le second tour a transformé
peu à peu le PS d'un côté et le RPR puis l'UMP de l'autre en partis dominants.
 
Jusqu'à présent, les majorités de gouvernement se construisaient sur un jeu d'alliances, à droite comme à gauche, consacrant une forme de bipolarisation
qui a atteint son apogée dans les années 1970 avec l'Union de la gauche et l'alliance du centre et de la droite. En revanche, aujourd'hui, la bipolarisation
favorise uniquement l'UMP et PS.
 
La présidentielle "plus que jamais, structure la vie politique"
 
« La réduction du mandat à cinq ans et surtout l'inversion du calendrier électoral décidées par Lionel Jospin en est le grand responsable, insiste Gérard
Grunberg. Désormais, tous les cycles électoraux commencent par une élection présidentielle, qui, plus que jamais, structure la vie politique. » Résultat
: à droite, l'UMP, véritable machine de guerre présidentielle, a réussi en deux scrutins à quasiment éliminer l'UDF en tant que formation autonome. À gauche,
la prééminence du PS s'est confirmée au détriment du PCF qui, en l'absence d'alliances avec le PS, est condamné à perdre plusieurs de ses bastions historiques.
 
La logique majoritaire du scrutin uninominal à deux tours amplifie ce phénomène. D'autant que le seuil à franchir pour être présent au second tour n'a
cessé d'être relevé. De 5 % des électeurs inscrits à l'origine, il est passé à 10 % en 1966 puis à 12,5 % en 1976. En cas de forte abstention comme dimanche,
un candidat à la députation doit en réalité recueillir près de 20 % des suffrages exprimés pour pouvoir se maintenir au second tour.
 
Enfin, le scrutin présidentiel comme législatif consacre, semble-t-il, l'épuisement du vote protestataire. Après l'aventure du 21 avril 2002 et la présence
de Jean-Marie Le Pen, les Français ont visiblement pris conscience qu'il s'agissait d'une impasse. L'électorat protestataire – à gauche comme à droite
– s'est donc massivement porté le 22 avril et le 6 mai sur Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal avant de se réfugier à nouveau dans l'abstention.
 
Le PS condamné à reconstruire un grand parti de gauche
 
Cette évolution vers une forme de bipartisme, constatée dans la plupart des pays européens et des États-Unis, soulève cependant de nombreuses interrogations.
La question de l'équilibre des pouvoirs posée au chef de l'État n'est pas qu'un simple argument de campagne. Nicolas Sarkozy en a bien conscience, qui,
à travers sa tentative d'ouverture ou ses propositions pour donner un vrai statut à l'opposition, tente d'une certaine façon de répondre à cette difficulté.
 
La résurgence du débat sur la proportionnelle à la veille du premier tour n'est pas non plus un hasard. Le président de la République s'est dit prêt à
en discuter. La majorité, le premier ministre en tête, n'y est guère favorable bien que, selon un sondage CSA publié lundi 11 juin dans Le Parisien, près
de cinq électeurs sur dix (48 %) se prononcent en sa faveur « afin de représenter correctement les différentes sensibilités » de la vie politique.
 
Il reste enfin la question de l'avenir du PS qui dans cette configuration est condamné à tenter de reconstruire un grand parti à gauche s'il ne veut pas
être condamné durablement à l'opposition.
 
Céline ROUDEN

L'aprés législatives dans toutes les têtes au PS

Des leaders du PS se positionnent
déjà pour l'après-Hollande
 
Bertrand Delanoë n'exclut pas de "postuler à des responsabilités" et de déposer une motion au prochain congrès, "si c'est utile". Ségolène Royal présentera
sa propre motion et aurait été candidate si son compagnon avait démissionné.
 

Bertrand Delanoë
 
Bertrand Delanoë (Sipa)
 
Le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS) n'a pas exclu vendredi de "postuler à des responsabilités" au PS et de déposer une motion au congrès "si c'est utile".
Après Ségolène Royal, qui a manifesté jeudi son intention de déposer une motion au prochain congrès du parti, prévu en 2008, Bertrand Delanoë a indiqué
sur i-télé que lui aussi déposerait sa motion "si c'est utile".
Le vote des militants sur les motions définit les rapports de force dans le parti.
"Je participerai au débat d'idées (...). Je suis pour l'élaboration collective et on verra comment nos idées doivent être portées", a-t-il ajouté. 
Pas de "préoccupation personnelle de pouvoir" 
Le maire de la capitale a assuré ne pas avoir de "préoccupation personnelle de pouvoir". "Si je dois être en responsabilité, postuler à des responsabilités,
je le ferai, mais je ne le ferai que si c'est utile", a-t-il dit.
Bertrand Delanoë a indiqué qu'il s'assumait "comme un réformiste, comme un progressiste, comme un gestionnaire".
Il a déploré que "le PS n'ait pas assez tranché". "Il faut définir des priorités en fonction d'une vision, d'une future gestion". 
 
Laurent Fabius définit
équilibre et absolutisme
 
NOUVELOBS.COM | 09.06.2007 | 08:35
 
A Créteil mardi, l'ancien Premier ministre a opposé "l'équilibre démocratique" à "l'absolutisme politique", "l'équilibre social, économique et écologique"
à "l'absolutisme financier".
 

Laurent Fabius, lors de l'émission "France Europe Express" sur France 3, le 3 juin (AFP)
 
Laurent Fabius, lors de l'émission "France Europe Express" sur France 3, le 3 juin (AFP)
 
Laurent Fabius a opposé mardi 5 juin au soir à Créteil "l'équilibre démocratique" à "l'absolutisme politique", "l'équilibre social, économique et écologique"
à "l'absolutisme financier", pour décrire le choix qui s'offrait aux Français pour les législatives.
 
"Qu'est-ce que le sarkozysme", avait demandé en préambule Laurent Fabius, venu assister à Créteil à un meeting départemental du PS à l'invitation de son
ami Laurent Cathala, député-maire de la ville.
 
Ce sont "deux absolutismes cumulés, additionnés (...) l'absolutisme politique et l'absolutisme financier", a-t-il lancé devant une assemblée de plusieurs
centaines de personnes réunies au palais des sports de Créteil.
 

Franchises médicales et heures sup' 
 
L'ancien Premier ministre a voulu faire entendre la "différence" du PS. "Nous pensons qu'il y a des domaines qui doivent échapper à la logique financière",
a-t-il dit. "C'est vrai pour l'éducation, la culture, la santé".
 
"A nous de faire la démonstration, la déstructuration, la démolition" des slogans ou des mesures annoncées, a-t-il observé, en passant en revue les franchises
médicales, la défiscalisation des heures supplémentaires, la déduction des intérêts d'emprunts pour l'achat d'un logement ou l'exonération des droits de
succession.
 
Il s'agit maintenant de savoir si pour la France "il vaut mieux un équilibre démocratique ou un absolutisme politique, un équilibre social, économique et
écologique ou bien un absolutisme financier", a conclu Laurent Fabius. (AFP)
 
PS : Peillon appelle à "entrer en résistance"
 
NOUVELOBS.COM | 09.06.2007 | 08:36
 
Le député PS européen appelle "à entrer en résistance" contre le gouvernement Fillon et Nicolas Sarkozy.
 

Vincent Peillon, le 2 octobre 2005 à La Mutualité à Paris
 
Vincent Peillon, le 2 octobre 2005 à La Mutualité à Paris
 
(c) AFP
Le député PS européen Vincent Peillon a appelé mercredi 6 juin "à entrer en résistance" contre le gouvernement de François Fillon et le président Nicolas
Sarkozy.
"Moi, j'appelle à l'entrée en résistance", a affirmé Vincent Peillon à LCI. "Je sais que malheureusement il y a une tendance césariste en France, une tendance
bonapartiste, et qu'il (Nicolas Sarkozy) vient d'en profiter, mais je sais qu'il y a aussi des gens qui savent résister", a-t-il ajouté.
"Moi j'appelle à ce que tous les républicains, tous les démocrates, ceux qui ne veulent pas du parti unique, du retour de 'Napoléon le petit' comme disait
Victor Hugo, et je crois que c'est cela qu'on a avec Nicolas Sarkozy, et bien qu'ils se disent qu'il ne faut pas le faire dans des accords locaux mais
sur une stratégie nationale", a-t-il ajouté, à l'adresse de François Bayrou, le président du MoDem.
"Il faut entrer en résistance et tous ceux qui veulent entrer en résistance sont bienvenus", a-t-il insisté. 
Pour une "rénovation" du PS  
Parallèlement, le parlementaire européen a appelé le PS à une "rénovation", insistant sur le fait qu'"il faudra éviter les querelles de personnes".
"Après le 18 (le 18 juin, au lendemain du second tour des législatives, ndlr), il faut se mettre autour d'une table, y compris avec l'actuel premier secrétaire,
et trouver les moyens d'engager un processus qui permettrait au PS de sortir (...) de l'état dans lequel il est aujourd'hui".
"Ce processus ne peut pas être un processus traditionnel de congrès qui enquiquine tout le monde, je viens d'en faire deux, (...) cela n'a pas permis la
rénovation", a-t-il plaidé.
"Et surtout il faut dans ces débats (...) quitter les figures obligées de la gauche française depuis des années, c'est-à-dire la façon qui est la nôtre
de nous caricaturer en répétant toujours les mêmes choses", a insisté Vincent Peillon, affirmant n'avoir "aucun problème avec le socialisme libéral".
"On a cédé aux sirènes marxistes et on a jamais été capable de retrouver le socialisme réformiste français", a-t-il estimé. 
 
DSK : "Pour une nouvelle cohérence
économique et sociale"
 
NOUVELOBS.COM | 09.06.2007 | 08:34
 
Dominique Strauss-Kahn plaide, dans les colonnes du Nouvel Observateur, pour un socialisme du réel qui ne se contente pas de corriger, après coup, les méfaits
du capitalisme, mais qui intervienne sur le fonctionnement même du système de production.
 

Dominique Strauss-Kahn
 
Dominique Strauss-Kahn (c) AFP
 
La semaine dernière, l'ancien ministre de l'Economie Dominique Strauss-Kahn avait, dans les pages du Nouvel Observateur, ouvert le débat sur la rénovation
de la gauche. Il dessinait les frontières d'un réformisme sans tabous. Ce jeudi 7 juin, il plaide pour un socialisme du réel qui ne se contente pas de
corriger, après coup, les méfaits du capitalisme, mais qui intervienne sur le fonctionnement même du système de production. Et il définit une méthode :
le contrat entre l'Etat et ses différents partenaires.
Par Dominique Strauss-Kahn
 
"Deux constats s'imposent à nous. Notre compétitivité s'érode : la France est en train de perdre la bataille économique. Notre modèle social a un coût
très élevé alors même que son efficacité dans la lutte contre les inégalités paraît faiblir. De ces deux constats indiscutables, Nicolas Sarkozy a tiré
une stratégie et une diatribe : la France doit retrouver sa compétitivité en liquidant son modèle social. Il semble penser de surcroît que cette liquidation
ne suscitera guère de protestations, puisque ce modèle procure moins de bénéfices que par le passé et qu'il n'est plus créateur d'espoir. Largement enfermée
dans le schéma de la relance par la demande, la gauche a refusé de prendre toute la mesure de la perte de compétitivité de l'économie française et a continué
de faire comme si l'on pouvait redistribuer sans trop se préoccuper de produire. Dans le même temps, elle n'a pas suffisamment pris en compte la montée
en puissance de nouvelles formes d'inégalités et a considéré que les politiques sociales traditionnelles continuaient à fonctionner de façon satisfaisante.
Leur évidente incapacité à lutter contre la pauvreté et l'explosion des inégalités a été attribuée non à leur inadéquation grandissante, mais à une force
de frappe insuffisante. Il ne s'agissait plus dès lors de les faire évoluer : il suffisait de les renforcer. Que la thérapie retenue par Nicolas Sarkozy
soit inappropriée ne change rien au diagnostic : entre deux constats fondés et partagés par une grande majorité de Français et une analyse doublement décalée,
les électeurs ont choisi. Pour rétablir sa crédibilité, la gauche doit retrouver une cohérence économique et sociale qui permette de fonder une critique
radicale du libéralisme sans se limiter à un pamphlet contre le capitalisme.
 
La compétitivité et l'égalité réelle
Si l'on veut remédier à la perte de compétitivité de notre économie, il faut en identifier les causes. Sur un marché devenu mondial arrivent une quantité
importante de travail et une moindre quantité de capital. Devenu relativement abondant, le travail voit son prix baisser ; demeurant relativement rare,
le capital bénéficie d'une rémunération croissante. Pour autant, la stratégie conduisant la France à renouer avec une compétitivité forte ne passe pas
par l'abaissement du coût du travail : quelle que soit l'amertume de la potion libérale imposée à l'économie française, le coût du travail n'y sera jamais
assez faible pour autoriser notre pays à rivaliser en la matière avec les économies émergentes. Il faut au contraire promouvoir le type de travail qui,
à l'échelle du monde, reste rare et peut donc être cher : le travail suffisamment qualifié pour nourrir l'innovation. Quant à notre modèle social, il souffre
aujourd'hui de deux faiblesses qui le rendent peu apte à contribuer à l'égalité réelle. Les politiques sociales sont d'abord trop réparatrices et pas assez
préventives. Il ne suffit plus de constater les inégalités créées par le marché et de chercher à les compenser au moyen d'allocations diverses : il faut
les attaquer à la racine, là où elles se forment, dès l'enfance, au travail, dans le tissu urbain. On ne peut plus se contenter d'aider les pauvres : il
faut construire une société qui fabrique moins de pauvres. De ce point de vue, les politiques d'éducation et de santé sont les premières en cause. D'où
la nécessité, sur certaines parties du territoire, d'allouer massivement du capital public à ceux qui ont peu de capital personnel. C'est ce qui justifie
de limiter à quinze élèves l'effectif des classes dans certaines banlieues ou certaines zones rurales. C'est ce qui fonde l'opposition à l'instauration
des franchises médicales et impose, à rebours, l'adoption d'une vigoureuse politique de prévention en direction des enfants et des familles pauvres. Nos
politiques sociales sont ensuite trop monétaires : elles reposent excessivement sur le versement d'allocations et font encore assez largement l'impasse
sur l'accompagnement individuel. Le vieillissement de la population illustre l'inadéquation de ce modèle : sujet crucial des décennies à venir, il ne peut
trouver de réponse pertinente dans la seule redistribution monétaire. Le problème des retraites est évidemment important ; mais l'adaptation du travail
à l'âge des seniors, l'amélioration de la santé au travail ainsi que la prise en compte de sa pénibilité sont des questions tout aussi décisives. Nous
voyons tous aujourd'hui que les remboursements ne suffisent plus à garantir l'amélioration de l'état de santé des individus, contrairement à la mise en
place de parcours de soins. Nous voyons aussi que l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire n'est pas véritablement un gage de la réussite à l'école,
contrairement au renforcement de l'encadrement des élèves et du soutien qui peut leur être apporté.
 
Le social dans l'économie
Ce qu'il nous faut finalement, ce n'est ni le social au mépris de l'économie, que la gauche a trop tendance à pratiquer lorsqu'elle croit pouvoir développer
des politiques sociales en négligeant les conditions de leur financement, ni le social par l'économie, que la droite persiste à prôner parce qu'elle pense
que, quand l'économie va, tout va. C'est le social dans l'économie, c'est-à-dire des politiques sociales dont la mise en oeuvre contribue à la croissance
économique. Quand on permet aux talents qui naissent dans les banlieues d'aller à l'université, c'est aussi l'économie dans son ensemble qui en bénéficie.
Quand on améliore la santé au travail, c'est aussi la productivité qui s'élève. Quand on facilite le retour à l'emploi des salariés frappés par les délocalisations,
c'est aussi le tissu industriel qui retrouve sa trame. Si notre avenir repose sur la valorisation du capital humain de nos concitoyens, c'est parce que
la protection contre les effets indésirables de la mondialisation passe par une économie plus efficace. Ce qui nous protégera à l'avenir, c'est la compétitivité,
pas le repli. Il nous faut donc un Etat qui fasse de cette entreprise de valorisation sa tâche principale, non un Etat qui s'emploie à privilégier la rente
en abaissant les droits de succession.
 
Une politique durable
Chacun comprend aujourd'hui qu'il n'est de politique efficace que si elle est durable. « Durable », cela veut dire qu'elle sera mise en oeuvre longtemps
et poursuivie avec opiniâtreté, mais aussi qu'elle sera efficace et financée à long terme - certains diraient « soutenable ». Il faut donc intégrer à la
logique du développement des contraintes sociales, environnementales, énergétiques - qui ont jusqu'alors été considérées comme latérales. Une fois la politique
économique définie, on s'interrogeait sur ses conséquences sociales et environnementales pour en corriger éventuellement les effets. A l'avenir, il ne
pourra plus en aller de la sorte. Il faut dorénavant que, dès sa conception, la politique tienne compte des conditions de sa durabilité. Ceci vaut naturellement
aussi pour les finances publiques. Le retour à un taux d'endettement supportable est la condition impérative d'une politique durable. On comprend aisément
que ceci ne soit guère compatible avec une politique à courte vue d'allègements fiscaux. Disons-le d'une phrase : aucune politique ne peut porter de fruits
si elle n'est pas suffisamment acceptée par la société pour durer, durer, durer encore.
 
Le contrat et l'Europe
Comment le faire ? Question de méthode. Question d'espace aussi. La méthode, c'est le contrat. Le contrat entre l'Etat et ses différents partenaires, en
particulier les collectivités territoriales, sur lesquelles reposeront, à l'avenir, une bonne part des politiques publiques. Mais aussi le contrat avec,
et entre, les partenaires sociaux. Il faut pour cela des syndicats forts et, surtout, parfaitement légitimes. D'où l'ardente nécessité de mettre en place
des mécanismes propres au renforcement de leur représentativité. D'où, aussi, l'importance d'engager de vraies négociations et de se refuser à poser constamment
le pistolet de la loi sur la tempe des partenaires sociaux. D'où, enfin, l'urgence de favoriser l'émergence d'un nouvel acteur, le consommateur, qui doit
être en mesure de contester la toutepuissance des entreprises. L'espace, c'est l'Europe. L'Etatnation n'est plus le lieu pertinent de la lutte contre les
effets indésirables de la mondialisation. De cette affirmation banale, il faut tirer toutes les conséquences : donner à l'Union européenne les moyens de
financer des politiques favorables à la croissance et à l'emploi comme de piloter la recherche ; négocier les premiers éléments d'une Europe sociale ;
garder l'ambition de fonder une Europe politique. Je ne vois rien de cela ni dans le protectionnisme national qui nous a été promis pendant la campagne
présidentielle, ni dans le mini-traité qui nous est annoncé par Nicolas Sarkozy. Il n'y a pas d'avenir pour la France dans une vision trop étroitement
nationale ou trop étroitement économique. Il n'y a pas d'avenir pour la gauche dans une vision trop étroitement sociale ou trop étroitement étatique. Notre
avenir ne peut se construire qu'à travers la mise en oeuvre, dans l'espace européen, de politiques négociées permettant de répondre à l'exigence sociale
et de renforcer la compétitivité. Ceci passe par une réforme radicale de nos politiques publiques qui ne peuvent plus prétendre se limiter à corriger,
après coup, les méfaits du capitalisme mondialisé. Il faut accepter de « se salir les mains », d'intervenir sur le fonctionnement même du système productif.
Il faut un socialisme du réel."
 
Dominique Strauss-Kan
Le Nouvel Observateur 
 
PS : Hollande reste
jusqu'au prochain congrès
 
NOUVELOBS.COM | 09.06.2007 | 08:35
 
François Hollande quittera sa fonction de premier secrétaire "lors du prochain congrès qui est théoriquement fixé en 2008".
 

François Hollande
 
François Hollande
 
(c) AFP
François Hollande a indiqué jeudi 7 juin qu'il quitterait sa fonction de premier secrétaire du PS "lors du prochain congrès qui est théoriquement fixé en
2008".
Il a assuré sur RTL qu'il resterait à la tête du PS jusqu'à cette date, ayant "la confiance des adhérents du Parti socialiste". "Et c'est déjà beaucoup",
a-t-il ajouté.
François Hollande a indiqué à plusieurs reprises qu'il effectuait son dernier mandat comme premier secrétaire. "En 2008, j'aurai fait onze ans comme secrétaire
national, c'est assez", a-t-il dit récemment. 
Après les législatives 
La défaite de Ségolène Royal le 6 mai l'a fragilisé et plusieurs voix ont publiquement demandé qu'il passe la main.
Ainsi, le député PS de l'Essonne Manuel Valls a souhaité que François Hollande "cède sa place après les législatives" pour que le processus de rénovation
du PS "aille jusqu'au bout".
L'ancien président de l'Assemblée nationale Raymond Forni a appelé "une refondation" du PS avec un "nouveau responsable", estimant que "le temps de François
Hollande" à la tête du Parti socialiste était "passé". 
 
Royal présentera sa "propre motion"
lors du prochain congrès du PS
 
NOUVELOBS.COM | 09.06.2007 | 08:32
 
L'ex-candidate à la présidentielle précise qu'elle accepte la décision de François Hollande de rester aux commandes du parti jusqu'au congrès, prévu à l'automne
2008. "S'il avait démissionné, j'aurais été candidate", a-t-elle déclaré.
 

Ségolène Royal
 
Ségolène Royal (Sipa)
 
Ségolène Royal a annoncé jeudi 7 mai qu'elle présenterait sa "propre motion" au prochain Congrès du PS, prévu normalement à l'automne 2008, et ajouté qu'elle
acceptait la décision de François Hollande de rester Premier secrétaire du PS jusqu'à ce Congrès.
"Je présenterai ma propre motion au Congrès", a affirmé l'ex-candidate socialiste à la présidentielle, dans une conversation informelle avec des journalistes
en démarrant une journée de soutien aux candidats PS aux législatives dans le Pas-de-Calais.
 
"J'aurais été candidate"
 
"S'il avait démissionné, j'aurais été candidate" au poste de Premier secrétaire, a-t-elle précisé à propos de François Hollande, soulignant "accepter"
la décision de son compagnon de rester à la tête du parti jusqu'au prochain congrès.
Jusqu'à présent, Ségolène Royal n'avait jamais soumis au vote des militants sa propre motion lors d'un Congrès du PS, se tenant largement à l'écart des
batailles de courants.
Depuis sa défaite à la présidentielle, elle a multiplié les signaux sur sa volonté de conquérir le parti. (AFP)

Législatives:les dix incertitudes

Dimanche 10 juin 2007
 
Les dix incertitudes du premier tour des législatives
 
Participation, vague bleue ou pas, avenir du centre, sort des personnalités... Quels sont les enjeux du premier tour des législatives ?
 
Panneaux électoraux à Toulouse (photo AP). 
 
1. La participation sera-t-elle importante ?
 
Classiquement, la participation aux élections législatives qui suivent immédiatement une élection présidentielle est moins forte. Depuis 1981, l'abstention
au premier tour des élections législatives a quasiment toujours été supérieure à 30 %, à l'exception de celles de 1986, qui ne suivaient pas une présidentielle.
Le taux d'abstention a même atteint des taux records en 2002 : 35,6 % au premier tour et 39,7 % au second.
 
Scrutins trop rapprochés, sentiment que les vrais choix sont déjà faits, faible mobilisation du camp des vaincus : de nombreux éléments concourent à décourager
les électeurs de se rendre aux urnes. En Polynésie française, où l'on a déjà voté le week-end dernier, la participation a été inférieure à 55 %, soit cinq
points de moins qu'aux législatives de 2002 et 30 points de moins qu'à l'élection présidentielle. Le contexte géographique de ce territoire d'outre-mer
en fait cependant un cas particulier.
 
En métropole, le résultat risque d'être un peu différent. Les Français se sont mobilisés massivement à l'élection présidentielle, puisque près de 84 %
d'entre eux se sont rendus aux urnes les 22 avril et 6 mai derniers. Cette dynamique pourrait donc se retrouver aux élections législatives, même si elle
le sera dans des proportions bien inférieures.
 
Un
sondage Sofres
 réalisé les 28 et 29 mai auprès d'un échantillon de 1 000 personnes montre par ailleurs que 67 % des Français se disaient intéressés par les élections
législatives. Si elle n'atteint pas celle de la présidentielle, la participation devrait donc toutefois être supérieure à celle de 2002.
 
2. L'UMP peut-elle ne pas avoir la majorité absolue ?
 
Nicolas Sarkozy veut obtenir une large majorité pour pouvoir mettre en œuvre les réformes promises durant la campagne présidentielle, et tout indique qu'il
l'obtiendra. Ces dernières semaines, tous les sondages promettent une large victoire aux candidats de l'UMP et à leurs alliés du Nouveau Centre, crédités
de 40 à 42 % des voix et de 400 à 460 sièges.
 
La majorité est de 289 sièges. En 2002, l'UMP avait déjà obtenu la majorité absolue avec 365 députés. Quoi qu'il en soit, les élections législatives organisées
après une présidentielle ont toujours confirmé le résultat du premier vote, que ce soit en 1981 ou, plus récemment, en 2002.
 
Le chef de l'État connaît également un véritable état de grâce depuis son installation à l'Élysée, avec une popularité supérieure à celle de tous ses prédécesseurs
au début de leur mandat, à l'exception du général de Gaulle. Depuis le 6 mai, Nicolas Sarkozy n'a pas ménagé sa peine pour obtenir l'objectif qu'il s'est
fixé.
 
Il s'est personnellement impliqué dans la campagne lors d'une réunion publique le 29 mai au Havre, où il a appelé les Français à lui « renouveler leur
confiance » en lui donnant une majorité pour gouverner et « tenir les engagements » pris lors de l'élection présidentielle.
 
Reste à savoir si la victoire annoncée ressemblera au raz de marée de 1993 (472 sièges pour la droite) ou à la « vague bleue » de 2002. Pour éviter que
son électorat ne se démobilise et n'aille pas voter les 10 et 17 juin, le premier ministre, François Fillon, lui-même candidat dans la Sarthe, multiplie
les réunions publiques et les attaques contre la gauche.
 
3. Les ministres du gouvernement sont-ils assurés d'être élus ou réélus ?
 
En se présentant dimanche au suffrage des électeurs, 11 ministres du gouvernement de François Fillon – y compris lui-même – mettent en jeu leur avenir.
Le 23 mai, le premier ministre avait prévenu que, conformément à une règle non écrite, tout membre du gouvernement battu aux législatives devrait abandonner
son poste.
 
Peu d'entre eux sont semble-t-il en véritable danger. La plupart sont bien implantés dans leur circonscription, dans lesquelles Nicolas Sarkozy est arrivé
en tête le 6 mai. Et ils avaient été élus en 2002 avec des scores confortables. C'est le cas de Valérie Pecresse dans les Yvelines (65,11 % en 2002), d'Éric
Woerth dans l'Oise (64,14 %), de Dominique Bussereau en Charente-Maritime (62,31 %), de Christine Boutin dans les Yvelines (56,29 %) et de Roselyne Bachelot
dans le Maine-et-Loire (58,27 %).
 
Quant à Xavier Bertrand, élu pour la première fois en 2002 dans l'Aisne avec 56,96 % des voix, il ne devrait guère avoir de souci à se faire puisque Nicolas
Sarkozy est arrivé en tête dans sa circonscription avec 53,69 % des voix. Élu dans l'Eure avec 61,85 % en 2002, Hervé Morin, le seul ministre centriste
du gouvernement, devra, lui, affronter un autre candidat centriste.
 
Parmi les poids lourds du gouvernement, Michèle Alliot-Marie, élue sans interruption depuis 1986 dans les Pyrénées-Atlantiques, n'est guère menacée, pas
plus que Jean-Louis Borloo dans le Nord. Plus délicate est la situation d'Alain Juppé dans la mesure où Ségolène Royal est arrivée en tête dans sa circonscription
au second tour de l'élection présidentielle avec 54,66 % des voix. Quant à François Fillon, il devrait récupérer la 4e circonscription de la Sarthe, à
droite depuis 1958, bien que Nicolas Sarkozy n'ait réuni que 50,34 % des voix au second tour de la présidentielle. 
 
4. Que peut espérer le PS ?
 
Une victoire du PS, personne n'y croit. Un petit rebond ? Rares sont ceux qui l'espèrent encore. Une défaite ? Chacun s'y prépare. Une déroute ? Beaucoup
se refusent à l'envisager, même si certains la redoutent. Malgré le score écrasant de Nicolas Sarkozy, malgré l'ouverture qui a jeté le trouble au PS,
les dirigeants socialistes espèrent en fait limiter les dégâts.
 
Dans l'Assemblée nationale sortante, le groupe PS rassemblait 149 élus. En retrouver à peu près autant dans le prochain hémicycle serait pour les socialistes
un soulagement. Après tout, Ségolène Royal est arrivée en tête au second tour dans 191 circonscriptions métropolitaines.
 
De quoi nourrir des espoirs, même si le PS sait qu'il a peu de chances de retrouver au fond des urnes législatives tous ces suffrages présidentiels. «
On va faire en moyenne deux ou trois points de moins que le score de Ségolène Royal », prédit un proche de François Hollande.
 
Dans les moments de doute, les responsables du PS notent que leur électorat semble largement démobilisé. Et leur message difficilement audible, puisqu'ils
ne peuvent pas appeler à une nouvelle cohabitation. Le PS a donc fait campagne sur le thème du nécessaire équilibre des pouvoirs, plaidant que l'ampleur
de son score aurait des répercussions sur la capacité de l'opposition à se faire entendre dans la prochaine Assemblée.
 
Du résultat obtenu dépendra beaucoup la suite des événements à l'intérieur même du parti. Une lourde défaite fragiliserait encore un peu plus François
Hollande, précipitant la grande explication entre les dirigeants socialistes. Un résultat plus nuancé permettrait au premier secrétaire de tenir encore
un peu et au PS d'aborder de façon plus sereine son indispensable « rénovation ».
 
5. Les principaux leaders socialistes sont-ils en danger ?
 
En 2002, François Hollande avait serré les dents avant d'être finalement réélu dans son fief de Tulle, en Corrèze. Cette fois, le premier secrétaire du
PS s'affiche plutôt serein avant le scrutin. Son véritable objectif est de faire mieux que les 56 % de Ségolène Royal au second tour de la présidentielle
dans la circonscription.
 
Façon de montrer à tous qu'il a sa propre légitimité. Comme le patron du PS, les principaux « éléphants » sont à peu près sûrs de leur sort. Laurent Fabius
(en Seine-Maritime) ou Dominique Strauss-Kahn (dans le Val-d'Oise) n'ont rien à craindre. Quant à Ségolène Royal, Martine Aubry ou Bertrand Delanoë, ils
ne se présentent pas.
 
L'inquiétude règne en revanche à l'étage en dessous, parmi les « éléphanteaux » et singulièrement dans la jeune de garde de Ségolène Royal. Patrick Mennucci
(Bouches-du-Rhône) ou Aurélie Filippetti (Vosges) auront bien du mal à conquérir les circonscriptions qu'ils convoitent. Dans le Territoire de Belfort,
Jean-Pierre Chevènement, conseiller de la candidate, tentera de reprendre son siège perdu en 2002. Mais il n'a pu empêcher Sarkozy d'arriver premier et
il se voit en prime concurrencé par un dissident socialiste.
 
Certains députés sortants sont aussi menacés, Ségolène Royal ayant été distancée sur leurs terres par Nicolas Sarkozy. C'est notamment le cas dans les
Alpes-de-Haute-Provence pour le directeur de la campagne présidentielle, Jean-Louis Bianco, et pour son porte-parole, Arnaud Montebourg (en Saône-et-Loire).
Celui-ci a assuré qu'en cas d'échec, il « arrêterait la politique ».
 
6. Combien d'élus pour le MoDem ?
 
Sur 30 députés UDF et apparentés sortants, seuls six ont participé à la création du Mouvement démocrate (MoDem). Mais l'un d'entre eux, Gérard Vignoble
(Nord, 8e), ne se représente pas. L'enjeu du scrutin est donc double pour le MoDem. D'une part, assurer la réélection des cinq autres fidèles. D'autre
part, confirmer dans les circonscriptions le score de François Bayrou au premier tour de la présidentielle (18,57 %), afin d'installer le nouveau parti
dans le paysage politique français.
 
La réélection de Jean-Christophe Lagarde (Seine-Saint-Denis, 5e) s'annonce délicate, même si ce dernier joue l'ambiguïté sur son positionnement puisqu'il
se présente sous l'étiquette « Bobigny-Drancy » et se déclare prêt à travailler avec la nouvelle majorité. Il s'agit, en outre, du seul député sortant
du MoDem contre lequel l'UMP ne présente pas de candidat, mais il aura fort à faire dans une circonscription où François Bayrou n'a obtenu que 18,63 %
et où Ségolène Royal a terminé en tête (57,94 %).
 
Les quatre autres sortants affrontent, en revanche, un député UMP. Si cette concurrence n'est pas nouvelle pour Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques, 4e)
et si François Bayrou (Pyrénées-Atlantiques, 1re) peut compter sur sa dimension personnelle, Anne-Marie Comparini (Rhône, 1re) et Gilles Artigues (Loire,
1re) sont dans une situation autrement plus difficile.
 
Enfin, l'élection de nouveaux députés du MoDem semble quasi impossible, même là où François Bayrou a créé la surprise à l'élection présidentielle et présente
des candidats bien implantés, en particuliers en Alsace. Sauf en cas d'accords locaux, entre les deux tours, avec le PS, voire avec l'UMP.
 
7. Le Nouveau Centre peut-il avoir un groupe parlementaire ?
 
L'objectif pour le Nouveau Centre, parti créé par la majorité des ex-UDF ralliés à la majorité présidentielle, est de prendre la place de l'UDF au centre
droit. Un pari conditionné à l'existence d'un groupe parlementaire (au moins 20 députés). Stricto sensu, le Nouveau Centre présente 17 députés sortants.
 

Or, dans l'ensemble des circonscriptions concernées, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête de l'élection présidentielle. Devraient également les rejoindre
les six autres députés ex-UDF qui, sans être labélisés Nouveau Centre, s'inscrivent dans la majorité. Au vu des résultats de la présidentielle, l'un d'entre
eux semble toutefois en danger. Ségolène Royal est en effet largement arrivée en tête dans la 2e circonscription du Calvados (59,52 %), conquise en 2002
par Rodolphe Thomas avec seulement 51,07 %.
 
Tandis que Christian Blanc (Yvelines, 3e) est confronté, comme en 2002, à Philippe Brillault (UMP dissident), auquel s'ajoute un candidat du MoDem (Denis
Flamant). Mais le Nouveau Centre mise également sur l'élection de nouveaux élus. À commencer par Philippe Vigier (Eure-et-Loir, 4e), qui bénéficie du retrait
du député UMP sortant, Alain Venot.
 
Dans deux autres circonscriptions l'élection devrait se jouer entre les deux pôles de la majorité. Pascal Houbron (Nouveau Centre) face à Françoise Guégot
(UMP) dans la 2e circonscription de Seine-Maritime. Claude Pernès (Nouveau Centre) face à Patrice Calmejane (UMP) dans la 8e circonscription de Seine-Saint-Denis.
Enfin, le Nouveau Centre mise notamment sur l'élection de Bernard Leroy (Eure, 4e) et sur le renfort de l'UMP Jean-Luc Moudenc (Haute-Garonne, 1re).
 
8. Quel avenir pour le PCF ?
 
Vingt députés. L'objectif reste modeste dans une Assemblée nationale de 577 sièges. Il devrait être à la portée d'un parti qui aligne 21 députés sortants,
revendique 130 000 militants, préside encore deux départements et, surtout, bénéficie d'un accord de « désistement républicain » avec le PS pour le second
tour. Pourtant, l'élection de 20 députés paraît aujourd'hui presque utopique après la nouvelle déroute du PCF. À peine 1,93 % des voix pour Marie-George
Buffet au premier tour de l'élection présidentielle.
 
« Le contexte est difficile », reconnaît Alain Bocquet, président du groupe à l'Assemblée. Le maintien d'un groupe, justement, voilà tout l'enjeu pour
les communistes. C'est ce qui leur permet de peser encore dans la vie politique. De plus, les voix obtenues aux législatives et les indemnités reversées
par les députés pèsent lourd dans la survie financière de l'organisation.
 
Alors que Marie-George Buffet n'est arrivée en tête de la gauche dans aucune circonscription, le PCF ne peut plus compter que sur la bonne implantation
de ses sortants pour ne pas être distancé partout par le PS.
 
Mais le groupe communiste étant celui qui affiche la moyenne d'âge la plus élevée, c'est naturellement celui où la proportion de sortants qui ne se représentent
pas est la plus élevé : un tiers, soit 7 sur 21. Autant de successions difficiles. La notoriété devrait en revanche aider la réélection de plusieurs sortants
comme Alain Bocquet, Marie-George Buffet ou Patrick Braouézec.
 
9. Le FN pourra-t-il se maintenir largement au second tour ?
 
Au soir du 22 avril, dès l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle, le Front national avait de quoi s'inquiéter. En effet, en
perdant un million de voix par rapport à 2002 (soit un recul de 16,86 % à 10,44 %), et compte tenu de l'amplification prévisible de la dynamique nouvellement
créée, Jean-Marie Le Pen ne pouvait que craindre pour la survie de sa formation.
 
Ces craintes sont toujours d'actualité : en dépit d'un tour de France du leader frontiste pour récupérer ses anciens électeurs ayant voté Nicolas Sarkozy,
les sondages n'ont jamais donné plus de 8 % à ses candidats. Avec un tel score, le FN – qui avait obtenu 11,34 % aux législatives de 2002, soit 2,8 millions
de voix – n'aurait toujours pas de députés. La possibilité pour le parti d'extrême droite de provoquer au second tour des triangulaires en franchissant
le seuil des 12,5 % des électeurs inscrits s'annonce donc limitée.
 
Un nouveau recul pourrait entraîner une réduction de moitié du financement public du FN, qui est de 4,6 millions d'euros par an depuis 2002. Jean-Marie
Le Pen ne cache pas que, s'il en était ainsi, cette situation obligerait son parti, qui emploie 60 personnes, à faire un plan social, voire à vendre son
siège de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Une chose est sûre en tout cas : le leader, qui aura 79 ans ce 20 juin, n'est toujours pas décidé à passer la main.
 

10. Les petits partis sont-ils condamnés aux alliances ?
 
Sans une dose de proportionnelle, les petits partis qui ont déjà une représentation à l'Assemblée nationale n'ont guère d'autre choix que de s'allier pour
subsister. C'est ce qu'a fait le Parti radical de gauche, qui a passé un accord avec le Parti socialiste dans 32 circonscriptions, seule façon de parvenir
à sauver ses neuf sièges.
 
Les Verts, eux, ne sont pas parvenus cette fois à conclure un accord avec le PS. Leur score de 1,57 % au premier tour de la présidentielle ne les a guère
mis en position de force pour réclamer comme ils le souhaitaient une quarantaine de circonscriptions. Ils peuvent tout au plus espérer sauvegarder leurs
trois députés, les socialistes ayant décidé de ne pas présenter de candidats dans ces circonscriptions. Et un quatrième candidat Vert conserve quelques
chances d'être élu dans la 1re circonscription de Loire-Atlantique grâce à un accord local.
 
Enfin, le Mouvement pour la France, avec actuellement deux députés, se trouve en mauvaise posture après les 2,23 % obtenus par Philippe de Villiers le
22 avril et son mauvais score dans son fief de Vendée, où il a recueilli deux fois moins de suffrages qu'en 2002. Il a dû nouer un accord avec l'UMP dans
son département, où les deux députés sortants se présenteront sous l'étiquette « Majorité présidentielle ».
Service politique de "La Croix"