13 juin 2007

l'abstention a amplifié la vague cleue

Lundi 11 juin 2007
 
Vague bleue et abstention record au premier tour des législatives
 
L'UMP est arrivée largement en tête du 1er tour des législatives, dimanche 10 juin, remportant 39,54% des voix. La gauche est en situation difficile. Sur
fond d'abstention record
 
Le palais Bourbon à Paris (Photo Cabanis/AFP).
 
Les Français ont confirmé leur choix du 6 mai. À l'issue du premier tour des élections législatives, l'UMP et ses alliés sortent largement vainqueurs et
semblent désormais bien placés pour obtenir la majorité « large » qu'a appelée de ses vœux le président de la République.
 
Selon les résultats définitifs du ministère de l'intérieur
,  la majorité présidentielle obtient 39,54 % contre 24,73 % au parti socialiste, 7,61 % au Modem de François Bayrou et 4,29 % à l'extrême-droite.
 
Les projections en sièges de divers instituts, à prendre évidemment avec précautions donnaient entre 383 et 501 sièges pour la droite et entre 69 et 185
sièges pour la gauche dont environ 140 sièges pour le PS.
 
Dans un scrutin marqué par une abstention record, la vague bleue
est en passe de se confirmer à l'Assemblée nationale même si le parti socialiste résiste plutôt bien au détriment une nouvelle fois de ses alliés et confirme
la bipolarisation accentuée de la vie politique française.
 
Estimant que les jeux étaient faits...
 
Cinq semaines après s'être massivement mobilisés pour élire leur président, Nicolas Sarkozy, les Français, estimant sans doute que les jeux étaient déjà
faits, n'ont pas jugé utile de retourner en masse aux urnes. D'après les premières estimations des instituts de sondages l'abstention devait se situer
entre 37 et 39 %, le niveau le plus élevé jamais atteint au premier tour d'élections législatives depuis le début de la Ve République.
 
Il serait ainsi supérieur, au taux d'abstention record enregistré aux élections législatives de 2002 où dans la foulée de l'élection de l'écrasante victoire
de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, 35,6 % des électeurs inscrits n'avaient pas jugé bon d'aller voter au premier tour.
 
Il est peu de dire que la campagne pour les élections législatives a peu passionné les Français. Plusieurs facteurs expliquent sans doute ce désintérêt.
Et d'abord le sentiment que les vrais choix, ceux à faire entre deux programmes et deux visions de l'avenir avaient déjà été faits lors d'une élection
présidentielle pour laquelle ils se sont passionnés comme jamais. Au point que l'enjeu des législatives semblait se résumer à quelques duels locaux dont,
au fond, l'issue ne modifierait pas le résultat final.
 
La présidentialisation du régime a transformé le scrutin
 
La perspective d'une vague bleue, quotidiennement annoncée par les instituts de sondage, depuis le lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy ne les a guère
encouragés à se mobiliser. Pas plus que les divisions qui ont ressurgi au sein du Parti socialiste dès le lendemain de la défaite de Ségolène Royal et
les incertitudes qui pèsent sur son avenir.
 
Enfin, l'activisme du chef de l'État qui a déjà mis en route la plupart des réformes promises pendant la campagne – le projet de loi contenant plusieurs
fiscales destinées à créer « un choc de croissance » est même déjà bouclé – a renforcé l'idée qu'il disposerait sans aucun doute d'une majorité pour gouverner.
C'est comme si la présidentialisation du régime, souhaitée et affichée par le nouveau chef de l'État, avait transformé ce scrutin, pour l'opinion, en une
formalité.
 
Cette forte abstention aura pourtant largement profité au camp des vainqueurs. L'UMP et ses alliés, avec plus de 40 % des voix, améliorent sensiblement
le score de 2002, profitant de la dynamique créée par la victoire nette de Nicolas Sarkozy le 6 mai. Symbole de cette réussite,
le premier ministre François Fillon se paie même le luxe d'être réélu dès le premier tour dans sa circonscription de la Sarthe
où Nicolas Sarkozy n'était arrivé en tête que d'un cheveu au second tour de la présidentielle. 
 
C'est la gauche qui pâtit le plus de la faible mobilisation
 
Le premier ministre, qui s'était intronisé chef de la bataille, n'a d'ailleurs pas ménagé sa peine tout au long de la campagne pour appeler les Français
à lui donner « une majorité d'action », fustigeant parfois sans nuance une gauche « dépassée ». La majorité bénéficie, comme lors de l'élection présidentielle,
du fort recul du Front national qui enregistre un score plus de deux fois moindre qu'en 2002 et ne parvient pas une nouvelle fois à s'ouvrir les portes
du Palais Bourbon.
 
C'est la gauche qui pâtit le plus de la faible mobilisation
 des Français et notamment des électeurs de gauche. Le parti socialiste semble pourtant ne pas trop mal résister. Avec un score qui, selon les instituts,
semble à peu près comparable à celui de 2002, il sauve les meubles et devrait sans doute éviter l'humiliation subie en 1993 lorsqu'il n'était plus de 57
députés dans les travées de l'Assemblée nationale.
 
En revanche, les communistes, s'ils maintiennent au niveau national leur niveau de 2002, devraient souffrir de leur absence d'alliance avec le PS et, selon
les projections, perdraient quasiment la moitié de leurs députés, se privant d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. Quant aux Verts qui confirment
leur recul en enregistrant un score deux fois moins important qu'en 2002, ils ne conservent que l'espoir de garder leurs trois députés sortants.
 
Le résultat du premier tour montre par ailleurs à quel point le pari de François Bayrou était risqué
. Avec un score de 7,61 %, le Modem ne retrouve certes pas les 18, 57 % obtenus à la présidentielle par son chef de file. Mais surtout la forte abstention
a rendu plus difficile la possibilité pour ses candidats de franchir la barre des 12,5 % d'inscrits et donc de provoquer des triangulaires qui l'auraient
placé en situation de négocier avec les uns ou les autres.
 
Céline ROUDEN