13 juin 2007

UMP:un Blulldozer que la gauche n'est pas prét d'arreter...

Le Bulldozer UMP en marche
La majorité présidentielle vise le tsunami électoral et s'emploie à fustiger une gauche déboussolée par la défaite annoncée.
Par Antoine GUIRAL
Qui connaît Charles-Henri de Ponchalon? Des dizaines de milliers de chasseurs ­ toujours prêts à en découdre à l'occasion des élections législatives ­ et
Nicolas Sarkozy, bien sûr, qui a reçu hier le président de la puissante Fédération nationale des chasseurs (FNC). A quelques heures de son premier sommet
du G8 et en dépit d'un agenda démentiel, le président de la République n'oublie pas l'essentiel : pour obtenir comme il le veut une Assemblée nationale
bleu horizon, il ne faut négliger aucun détail. D'où ce rendez-vous avec les chasseurs reçus après un déjeuner avec le Premier ministre canadien, avant
un discours hommage au physicien Pierre-Gilles de Gennes et une rencontre un peu plus tôt avec la famille d'Ingrid Betancourt. «Il est à fond. Comme d'habitude», soupire
un de ses conseillers, sur les rotules comme tous ceux qui ont enchaîné avec l'Elysée après avoir été au QG de campagne. 
Euphorie. Portés par des sondages au beau fixe, le chef de l'Etat et ses amis de l'UMP baignent en pleine euphorie. Ils ont soif de victoire totale et rêvent
tout haut de record en obtenant plus de 400 sièges sur les 577 de l'Assemblée. L'hégémonie n'est pas une tentation, mais bien un objectif politique. Pour
y parvenir, Nicolas Sarkozy et son chef de gouvernement, François Fillon, se sont réparti les rôles. Omniprésent, le premier assure le show par un activisme
permanent ; offensif, le second tient meetings et cogne fort sur une gauche déjà groggy. A Lyon mardi soir, le Premier ministre a fustigé une gauche qui
«n'ose plus aimer la France» et pratique «l'imposture morale» (lire ci-dessous). Ce qui lui a valu les foudres du maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë
: «D'un côté, il prétend faire l'ouverture, le dialogue, et de l'autre c'est un rouleau compresseur de dénigrement assez insultant.» 
A l'Elysée un des proches du Président confirme pourtant que «l'ouverture se poursuivra après les législatives», comme l'avait indiqué Nicolas Sarkozy la
semaine dernière au Havre, lors de son unique réunion publique de campagne. Il y voit une manière de conforter encore son pouvoir pour démarrer pied au
plancher cet été son train de réformes (intérêts d'emprunts, service minimum, peines planchers pour les récidivistes, universités, non-imposition des heures
supplémentaires...).
Première ligne. L'annonce a une nouvelle fois douché les ambitieux de l'UMP qui rêvent de portefeuille ministériel. Ceux qui espéraient une session de rattrapage
postlégislatives avec la multiplication des postes de secrétaire d'Etat vont déchanter. L'Elysée a déjà arrêté l'architecture du futur gouvernement où
les nouveaux entrants ne dépasseront pas la dizaine. Les centristes devraient en être les principaux bénéficiaires. Des discussions sont également en cours
avec des personnalités de gauche qui, comme Jacques Attali, sont sur le point d'accepter des missions du gouvernement ou, comme le haut-commissaire Martin
Hirsch, qui seraient associées à l'action gouvernementale.
Dès le lendemain des législatives, la présidentialisation du régime souhaitée par Sarkozy prendra effet. Il sera en première ligne pour défendre ses réformes,
et a prévu de tenir une conférence de presse pour en expliquer le sens. Très encadrés, les ministres, eux, travailleront avec des objectifs précis et rendront
compte du suivi de leurs dossiers aux conseillers de l'Elysée. Encore embryonnaire, l'équipe élyséenne va être renforcée. La communication ministérielle
va quant à elle obéir à des règles précises afin d'éviter les couacs «qui pénaliseraient l'ensemble de l'ambition réformatrice du gouvernement», dit le
directeur de cabinet d'un important ministre. Bref, au boulot et silence dans les rangs.