13 juin 2007

Les éléphants regardent aprés le 17 juin

Le PS se projette déjà dans l'après-débâcle
Les partisans de Royal espèrent limiter les dégâts. Les autres courants pronostiquent une sévère défaite.
Par David REVAULT D'ALLONNES
Au PS, tout le monde s'accorde à pronostiquer une «vague bleue» les 10 et 17 juin prochains. A l'image du député européen Benoît Hamon, pour qui «ça penche
bleu, c'est rien de le dire». Mais la taille de la vague fait débat, même si, ces jours-ci, on se montre un peu plus optimiste, rue de Solferino, qu'au
lendemain de la présidentielle. 
«La démobilisation est hétérogène, veut croire Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris. Là où il y a une droite divisée ou parachutée, ou encore un
député socialiste sortant, la gauche ne se démobilise pas. Il y a peut-être une vision trop mécanique du résultat des législatives» par rapport à celui
de la présidentielle, où Ségolène Royal avait pris la tête dans quelque 200 circonscriptions.
La défaite ne devrait pas égaler celle de 1993, quand la gauche non communiste n'avait arraché que 67 députés ­ dont 53 socialistes. Les estimations, aujourd'hui,
créditent le parti de 27 % à 29,5 % des intentions de vote, et d'un groupe allant de 80 à 140 sièges, contre 141 actuellement.
«Passer la barre des 120». Un maintien à ce niveau serait jugé respectable par nombre de socialistes. François Hollande, qui entend « équilibrer, corriger», a
mis la barre haut, avec un objectif de 30 % des voix au premier tour, contre 24,11 % en 2002. «Il faut passer la barre des 120, qui est un chiffre symbolique, estime
un cadre du parti. Le bon étiage serait entre 120 et 150.» Mais cette perspective de lendemains électoraux qui ne déchantent pas trop n'est pas partagée
par tous : «Ce n'est plus une vague, c'est un tsunami, estime un fabiusien. Il va y avoir des morts.» 
Du score du PS dépendront évidemment les rapports de force internes au parti. Beaucoup de socialistes considèrent qu'un groupe restreint favoriserait, en
proportion, les députés fabiusiens, les mieux implantés, «qui ont hérité de la plupart des circonscriptions mitterrandiennes», selon un socialiste. Avec
un enjeu d'importance : la présidence du groupe, dans un contexte où les postes médiatiquement exposés seront rares.
Le résultat conditionnera également l'entreprise de rénovation du parti. Annoncée de toutes parts, elle fait l'objet de très nettes divergences d'interprétation.
«Un mauvais résultat, une faible participation donneraient raison à ceux qui veulent revenir  en arrière, conserver les vieux schémas de pensée et d'appareils», exposait
lundi Jean-Marc Ayrault, patron sortant du groupe PS à l'Assemblée et royaliste convaincu. «Nous perdrions des mois, des années. Nous nous exposerions
à de nouveaux échecs.» 
«Escroquerie». D'autres, au contraire, considèrent que «la rénovation ne passera que par une raclée, estime un fabiusien. On ne pourra pas dire : il ne
s'est rien passé, on continue. Comme le 6 mai au soir, quand la défaite a été présentée comme une grande victoire, la promesse de lendemains heureux. C'est
une énorme escroquerie.» Une défaite d'importance, poursuit cet élu, constituerait la garantie d'une «rénovation générationnelle, un renouvellement des
hommes et des femmes qui incarnent le parti». Un calcul que conteste Razzye Hammadi, président des Jeunes socialistes : « On ne construit pas sur des ruines...» 
Pour beaucoup, il importe de continuer à exister avant de penser à rénover. «Evoquer le seuil de députés nécessaire à la rénovation, c'est être à côté du
sujet, estime Jean-Christophe Cambadélis. Le débat n'est pas, "à 150, on rénove", ou "à 80, on rénove", mais bien celui de la taille critique du groupe.
Depuis un mois, Sarkozy travaille à sa réélection [pour 2012, ndlr] . Et pour lui faire obstacle, il faut un maximum de députés.»