23 avril 2007

Echoos de campagne:comment on en est arrivé là!

Lundi 23 avril 2007
 
Christophe Prochasson, historien, directeur d'études à l'EHESS
"La gauche d'ancien style est morte"
Cette campagne dessine-t-elle une nouvelle fonction présidentielle ?
 
On n'a jamais assisté à une telle mise en scène de soi par les candidats. Leur talent personnel joue un rôle déterminant, y compris à l'extrême gauche.
On voit bien que le président a perdu sa dimension symbolique. Il apparaît comme un chef d'équipe qui doit gouverner. Jacques Chirac a cassé le jouet et
le quinquennat a renforcé cette tendance en écrasant le temps. La vie politique a deux moteurs : les idées et les passions. Aujourd'hui, les passions -
soit tout ce qui relève de la psychologie, des affects - l'emportent sur les idées. D'où la personnalisation de la campagne. Le suffrage universel dans
le choix du président a dépolitisé l'élection. Avec celle de 1974, 1981 est sans doute la seule où s'est produit un affrontement, plus ou moins fantasmatique,
entre deux projets de société.
 
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Le poids des petites misères individuelles a été particulièrement mis en avant. Comment l'analysez-vous ?
 
Nous vivons une période de basse intensité idéologique ou doctrinale. Le triomphe du "moi je" sur le "nous on" entraîne une psychologisation sans précédent
de la vie politique, dont les effets sont décuplés par les médias. On ne parle plus de classe sociale, mais de souffrance, de victimes. La souffrance est
devenue la catégorie majeure de la perception du social et du politique. On l'a vu dans ces émissions de TV d'un nouveau genre où l'on demandait aux candidats
d'être en empathie avec les gens. Depuis la Révolution française, la politique a été par définition le lieu du collectif. Elle ne l'est plus, ou pas seulement.
On peut presque parler d'un tournant anthropologique.
 
Cette domination des passions sur les idées nourrit-elle un vote contestataire ou anticonformiste ?
 
On assiste à une expulsion des catastrophes personnelles dans le champ politique : toute avanie personnelle - votre femme vous quitte, vous avez des problèmes
avec votre voisin ou votre patron - trouve un réceptacle politique dans un vote non conformiste. C'est à l'opposé de ce rêve libéral et républicain d'une
vie politique uniquement gouvernée par la raison. Le talent des leaders politiques extrémistes consiste à exploiter ces catastrophes personnelles dans
les moments de crise, comme le boulangisme ou l'affaire Dreyfus.
 
Une grande part de l'antisémitisme s'explique comme cela. Peu importe que l'autre soit juif ou pas. Le juif devient l'incarnation du dominateur, de celui
qui fait obstacle à votre existence. On retrouve ce phénomène dans les années 1930 et aujourd'hui. Le FN joue ce rôle de réceptacle et ce vote ne peut
pas être interprété en termes purement idéologiques. Les électeurs trouvent dans ce parti une compensation de leur malheur social. Ce ressort profite aussi
à une partie de l'extrême gauche, au-delà des adeptes d'une culture révolutionnaire classique.
 
Que pensez-vous de la place prise par les "valeurs" dans les débats ?
 
L'utilisation du mot même de "valeurs" traduit l'affaiblissement des idées. La valeur, c'est assez indéfini, avec un contenu à la fois moral et psychologique,
soit le contraire des idées, qui font appel à la réflexion et à l'intelligence. On ne discute pas des valeurs, comme des goûts et des couleurs. Je suis
également très frappé par le recours au panthéon politique national. Cet appel aux grands hommes est en décalage avec le vide idéologique de cette campagne.
Quelle est son efficacité ? Qu'est-ce que les électeurs mettent dans (Jean) Jaurès, dans Guy Môquet ou dans (Claude) Lévi-Strauss ?
 
Comment analysez-vous l'évocation insistante de l'identité nationale, associée par M. Sarkozy à l'immigration ?
 
C'est un thème très récurrent à partir des années 1880-1890 face aux premières vagues d'immigration. Le discours sur l'identité nationale a longtemps fait
consensus entre la droite et la gauche, sauf lorsqu'il prenait des accents violents et antisémites. La gauche française a toujours concilié un attachement
national et une vision internationaliste. Même le PCF associe à partir de 1934 le drapeau rouge et le drapeau tricolore. Ségolène Royal peut tout à fait
affirmer qu'elle est attachée à des "valeurs" nationales sans être nationaliste. C'est 68 qui a fait la peau à la nation. L'Europe aussi a joué un rôle,
le PS ayant relayé le fédéralisme européen.
 
En 2007, ce thème est poussé jusqu'à la caricature. Le seul lien social que l'on peut imaginer aujourd'hui, c'est le lien national. Or la nation, ce n'est
pas un projet politique, c'est un état de fait. C'est un thème beaucoup plus régressif que celui de la République, également très remobilisé depuis les
années 1980. La nation est du côté de la passion, pas du côté des idées.
 
L'affrontement droite-gauche est-il une donnée intangible dans le débat politique français ?
 
Entre les années 1930 et la fin des années 1970, la vie politique s'est déroulée sous le régime de la guerre civile, dans laquelle s'affrontaient des partis
incarnant chacun une famille idéologique. Les électeurs se reconnaissaient largement dans ces familles, même si je ne sous-estime pas le poids du clientélisme
politique. L'appartenance déterminait des comportements. Aujourd'hui, on continue à se faire une idée de la politique qui n'a correspondu qu'à cette séquence
de l'histoire. Elle a forgé notre imaginaire. A la fin du XIXe siècle, il y eut des débats très virulents mais la politique ne se présentait pas comme
le champ clos où s'affronteraient deux armées aux projets inconciliables. Les frontières entre la droite et la gauche n'étaient pas si nettes qu'elles
le furent dans la période des années 1930-1970.
 
De quand datez-vous la fin de cette "séquence" ?
 
Avec la chute du mur de Berlin, un mur symbolique est tombé, dont l'impact a été sous estimé. On s'est rendu compte qu'il n'existait pas de différence génétique
entre la gauche et la droite. C'est à partir de là que les valeurs ont remplacé les idées. La gauche n'a pas pris conscience de cela. Ce qui se passe au
PS est peut-être l'intégration de ce changement, ce serait alors le rôle historique de Ségolène Royal. La gauche d'ancien style est morte. En enterrant
la gauche du XXe siècle, on enterre la gauche du XIXe, car la gauche a continué de vivre sur le patrimoine intellectuel, culturel, politique du XIXe. Je
ne récuse pas l'idée qu'à des moments de cristallisation deux camps puissent s'affronter. Mais le régime normal de la politique n'est pas celui-là. Je
ne crois pas dans la disparition du clivage droite-gauche, mais il s'opère à présent en amont, et plus en aval. Les appartenances se décident désormais
sur des questions concrètes comme le mariage homosexuel ou l'Europe politique, et pas sur l'idéologie.
 
François Bayrou peut-il incarner cette "chute du mur symbolique" ?
 
Il a bien senti cette évolution. François Bayrou n'est ni Alain Poher, ni Raymond Barre, ni Edouard Balladur. Le problème, c'est son positionnement politique.
Il rabat cette ambition intellectuelle sur un plan stratégique. L'opération aurait été formidable si la gauche s'était emparée de cette idée ancienne,
au coeur du saint-simonisme : travaillons avec les forces vives du pays sur des objectifs concrets. C'est l'utopie de la raison. Dans les moments de crise
majeure comme au lendemain des deux guerres mondiales, des intellectuels sont régulièrement revenus à Saint-Simon.
 
On voit que ce mouvement de pensée "saint-simonien" progresse, dans le sens où il est admis que les idéologies préfabriquées ne fonctionnent plus. Mais
il y a encore de fortes résistances. Je suis convaincu que la mutation ne peut venir que de la gauche. C'est un peu l'équivalent de ce que les Républicains
ont réussi sous la IIIe République en faisant en sorte que la République absorbe tout le champ politique, alors qu'au début elle n'était limitée qu'à un
camp.
 

Propos recueillis par Pascale Robert-Diard et Piotr Smolar
Article paru dans l'édition du 22.04.07
 

Attention!

Lundi 22 avril 2007
 
Prenez conscience (et faites prendre conscience en informant votre 
entourage) de ce qu'un gouvernement de droite est en train de faire, 
et comment les névroses paranoïaques et mégalomanes d'un candidat 
encore ministre à l'époque de cette décision risquent de nous priver 
de liberté.
 
 

 

Echos de la campagne entendus à l'étranger!

Dimanche 22 avril 2007
 
Un sondage interdit montre un resserrement entre les trois favoris
 
EXCLUSIF | 17h05 Depuis vendredi minuit, les sondages ne peuvent plus être publiés dans les médias français. Mais ils continuent de circuler dans un petit
cercle d'initiés. La Tribune de Genève et 24 heures ont pu avoir accès à l'un d'eux. Qui montre que rien n'est encore véritablement joué.
 
Photomontage
 
DR | Les trois premiers candidats au coude-à-coude
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CLAUDE ANSERMOZ, PARIS | 21 Avril 2007 | 17h05
 
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Sur les blogs
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• Le blog de Claude Ansermoz, notre correspondant à Paris
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Ce samedi matin, les sondages sont officiellement interdits de publication dans la presse française. Ce qui n'empêche pas les instituts de poursuivre leurs
enquêtes d'opinion et de les présenter à quelques happy few (garde rapprochée des candidats, journalistes, politologues, chefs d'entreprise) lors de petits
déjeuners « exclusifs ». La Tribune de Genève et 24 heures ont pu avoir accès à l'un de ces précieux et derniers sondages, sous couvert de la protection
des sources (on rappelle que les médias français risquent 75 000 euros d'amende en cas de divulgation de ces chiffres). Réalisé vendredi 20 avril auprès
de 1 000 personnes selon la méthode des quotas, ce sondage montre que Nicolas Sarkozy baisse à 26% et le Pen à 12,5%. Chemin inverse pour Ségolène Royal
(23 %) et François Bayrou (20,5%).
 
Notre insider nous a également fourni, chose extrêmement rare, les données brutes de cette étude. C'est-à-dire avant que ces chiffres ne soient redressés
par les instituts pour corriger certaines estimations, notamment le vote caché des électeurs du Front National. A ce jeu là, Nicolas Sarkozy (25%) est
toujours en tête, mais son avance sur Ségolène Royal et François Bayrou (tous les deux à 24%) est minime. De son côté, Jean-Marie Le Pen est à 5%.
 
C'est le cas du candidat centriste qui est le plus intéressant. D'abord, parce que le nombre d'électeurs qui sont désormais certains de voter pour lui a
explosé en deux jours (de 39 à 61%). Ensuite, parce qu'il l'emporterait assez facilement s'il se qualifiait au second tour, quel que soit son contradicteur
(à 55% contre Sarkozy et à 58% contre Royal). « Enfin, poursuit notre interlocuteur, le vote des indécis, des nouveaux inscrits et des jeunes de banlieue
semble incliner vers le président de l'UDF ».
 
Il semble que ce resserrement, toujours selon notre spécialiste, se constate chez tous les instituts de sondage, sauf CSA. Pour ce dernier, selon des chiffres
publiés hier sur le site internet du Parisien, c'est Jean-Marie Le Pen qui serait désormais le troisième homme (16,5%) juste devant François Bayrou (16%).
Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal seraient loin devant et au coude à coude, avec respectivement 26,5% et 25,5%

Echos de campagne: 10000 parisiens radiés par erreur des listes électorales!

Dimanches 22 avril 2007
 
Jour J
 
Enfin on y est!
 
mais 10 000 parisiens ne pourront pas voter
 
 
10.000 Parisiens auraient été rayés
 

des listes électorales par erreur
 
NOUVELOBS.COM | 21.04.2007 | 07:11
 
20070420.OBS3188/liste_reactions00e5 
 
 
Un certain nombre de Français résidant à l'étranger, parmi lesquels 10.000 Parisiens, ont été rayés des listes électorales. Mis en cause, le ministère des
Affaires étrangères "n'a pas connaissance du problème".
 
 Selon le service central des élections de la Mairie de Paris, le ministère des Affaires étrangères serait à l'origine d'une erreur qui pourrait empêcher
des milliers de personnes de voter dimanche. Contacté par nouvelobs.com, le Quai d'Orsay affirme de son côté n'avoir pas "connaissance d'un tel problème".
 
A chaque scrutin, le Quai d'Orsay doit transmettre le fichier des Français inscrits pour voter à l'étranger, dans les consulats ou les ambassades, afin
que ces électeurs soient supprimés des listes électorales de leur lieu de résidence en France. Mais, pour cette élection présidentielle, le ministère aurait
commis une erreur, en transmettant le fichier de l'ensemble des Français résidant à l'étranger à la place du fichier des seuls inscrits pour voter à l'étranger.
Soit un nombre beaucoup plus important de personnes. A Paris, quelque 10.000 électeurs pourraient ainsi être privés de leur droit de voter.
 
 
Recours 
 
Selon le service central des élections de la Mairie de Paris, le ministère n'a pas été en mesure de transmettre le bon fichier, malgré les réclamations
effectuées depuis quatre semaines.
 
Les services des élections ont pour mission de contacter, par courrier, les électeurs retirés des listes afin de les informer de leur radiation. Les électeurs
concernés peuvent alors déposer un recours devant le tribunal d'instance s'ils veulent se refaire inscrire immédiatement sur les listes.
Lundi, à Paris, seuls 574 personnes s'étaient manifestés pour déposer un recours. Ils ont été réinscrits immédiatement, après que la mairie et le tribunal
d'instance compétents ont donné leur aval. Pour tenter de rectifier ce problème, les tribunaux d'instance seront ouverts dimanche toute la journée.
 
Le Quai d'Orsay n'est pas au courant
 
Joint vendredi en fin d'après-midi par téléphone, un membre du ministère des Affaires étrangères a affirmé à nouvelobs.com ne pas "avoir connaissance d'un
tel bug". Selon lui, la liste électorale consulaire (qui recense les électeurs français votant à l'étranger) a bien été transmise, sans erreur, à l'Insee.
Cet organisme est en effet chargé de confronter la liste consulaire à l'ensemble des listes électorales de chaque commune afin d'éviter les doublons.
Selon le Quai d'Orsay, "il n'y a pas eu de bug dans la transmission à l'Insee". En revanche, "il est possible que quelques erreurs se soient produites en
raison d'homonymes ou d'autres problèmes". En outre, "ce sont les gens eux-mêmes qui doivent bien penser à se faire radier de la liste consulaire quand
ils reviennent vivre en France, ce qui n'a peut-être pas été fait dans certains cas".

Réflexions:INSEE en réflexion sur ses statistiques

Samedi 21 avril 2007
 
Plusieurs dizaines d'entre ont manifesté pour exiger le report de la publication des chiffres du chômage du mois de mars ainsi qu'une"expertise réellement
pluraliste et transparente".
 
Plusieurs dizaines de statisticiens et d'agents du ministère de l'Emploi, de l'Insee et de l'ANPE (80 selon la police) ont manifesté jeudi 19 avril à Paris
pour exiger le report de la publication des chiffres du chômage du mois de mars, prévue dans le courant de la semaine prochaine entre les deux tours de
l'élection présidentielle.
Les syndicats du ministère de l'Emploi et de la Cohésion sociale, de l'Insee et de l'ANPE, à l'origine de ce rassemblement devant la Direction de l'animation
de la recherche, des études et des statistiques (DARES), demandent le report de la publication mensuel du chiffre du chômage, estimant qu'il "ne reflète
plus (...) les évolutions du taux de chômage aux normes du Bureau international du travail (BIT)".
 
Des "Etats généraux"
 
Dans un communiqué commun, les syndicats CGT, CFDT, FSU et UNSA du ministère de l'Emploi, de l'ANPE et de l'Insee, auxquels s'ajoute le syndicat Sud pour
ces deux derniers organismes, dénoncent la "confusion qui sévit actuellement" et appellent à la tenue "d'Etats-généraux des chiffres du chômage".
"Le taux publié par l'Insee et la Dares et commenté mensuellement par le ministre de l'Emploi ne reflète effectivement plus depuis 2005 les évolutions
du taux de chômage aux normes du Bureau international du travail (BIT), faute d'intégrer les données les plus récentes issues de l'Enquête emploi 2006"
de l'Insee, écrivent les syndicats.
"La direction de l'Insee a en effet décidé de reporter à l'automne la révision du taux de chômage à partir de l'Enquête emploi 2006", rappellent les organisations
syndicales.
"En attendant", ajoutent-elles, "seules les statistiques de l'ANPE sont utilisées pour le calcul du taux de chômage mensuel. Le recours à ces données est
pourtant fortement remis en question par les modifications apportées depuis 2005 dans la gestion administrative des demandeurs d'emploi à l'ANPE".
"Ces modifications ont conduit à une sous-estimation considérable du chômage dans les chiffres produits par l'agence et publiés par le ministère", estiment
les syndicats qui demandent à leurs directions respectives "de prendre leurs responsabilités et de ne pas publier l'estimation mensuelle des chiffres du
chômage à la fin avril".
 
"Pluraliste et transparente"
 
Les syndicats exigent qu'une "expertise réellement pluraliste et transparente ait lieu sur la question des chiffres de l'emploi et du chômage", avec la
possibilité pour "les agents du ministère de l'Emploi, de l'Insee, de l'ANPE, d'Eurostat" et "les experts d'autres organismes" de "pouvoir travailler ensemble
à partir de l'intégralité des données aujourd'hui fragmentées".
Le 30 septembre dernier, Eurostat, l'office européen de statistiques, a affirmé que le taux de chômage en France s'élevait à 8,8% en février, alors que
le gouvernement français avait annoncé la veille un taux de 8,4%.
Il s'agissait du dernier épisode en date d'une polémique sur les chiffres officiels du chômage en France, dont un collectif appelé les Autres chiffres
du chômage (ACDC), remet en cause la fiabilité tous les mois depuis décembre dernier, des critiques reprises et amplifiées par l'ensemble des partis politiques
de gauche. (AP)

Echos de campagne:Edito de Jean-Marie Colombani

Samedi 21 avril 2007
 
Impératif démocratique, par Jean-Marie Colombani
 
Le 22 avril 2007 ne peut pas, ne doit pas ressembler au 21 avril 2002. Pour légitime que soit l'aspiration à la diversité, au "déverrouillage" du système
politique, que reflète la multiplicité des candidatures au premier tour de l'élection présidentielle, celle-ci doit s'effacer devant un impératif démocratique
: éviter la désillusion et la colère qui naîtraient à nouveau d'un débat faussé, amputé. Il est important que notre "cher et vieux pays" puisse, au second
tour, dire clairement où il veut aller ; et se prononce sur une certaine idée de notre avenir, de notre vivre ensemble. Il faut donc, au soir du premier
tour, que soient réunies les conditions d'une claire et grande confrontation entre deux projets de société.
 
De ce point de vue, il y a dans l'offre politique disponible deux options : celle de Nicolas Sarkozy, se réclamant de la droite et de la majorité sortante,
semble déjà sûre d'elle-même ; il faut donc souhaiter que la seconde, se réclamant de la gauche et qu'incarne Ségolène Royal, soit présente au second tour
pour assurer les chances d'un vrai choix. Il sera temps, entre les deux tours, de comparer l'une à l'autre au regard des enjeux de la société française
et de la place du pays dans le monde, afin de lever, si possible, les ambiguïtés et les déceptions nées de la campagne pour le premier tour.
 
Au tout début de celle-ci figurait en bonne place une aspiration tout aussi puissante que celle de ne pas revivre un 21 avril : celle d'un renouvellement
de la vie publique, espéré à travers un saut de génération inédit. Parmi les trois candidats démocratiques qui peuvent nourrir l'espoir d'entrer à l'Elysée,
en effet, deux le sont pour la première fois (Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy), le troisième (François Bayrou) l'est au nom d'une posture nouvelle (une
forme d'union nationale).
 
Tous trois sont jeunes et proclament leur volonté de changement. Chacun promet donc de bousculer les habitudes françaises et de rompre avec les tabous
de son camp. A ce stade, cette forme de renouvellement, si elle a ramené l'intérêt du pays vers la chose publique, n'a pas donné pleine satisfaction. L'un
des grands paradoxes de la campagne pour le premier tour de scrutin est en effet que celle-ci porte la marque d'une forte attente, mais aussi d'une réelle
indécision, largement provoquée par une déception palpable.
 
A l'origine de celle-ci se trouve vraisemblablement l'impression donnée par Mme Royal et M. Sarkozy d'une oscillation permanente, liée à leur souci tactique
de se disputer chaque thème (les petits drapeaux de l'une répondant aux proclamations de l'autre sur la crise d'identité, par exemple) et surtout à leur
commune obsession de coller à l'opinion du moment. M. Bayrou prête peu le flanc à une telle critique du fait d'une campagne axée principalement sur l'idée
d'une recomposition politique, que ne permettent pas les institutions actuelles, et qui revient de sa part à spéculer sur un enchaînement miraculeux autant
qu'improbable.
 
Nous eûmes donc les allers-retours de Nicolas Sarkozy, se proclamant libéral avant de redevenir classiquement colbertiste. A moins que, comme le disent
les Britanniques, il ne soit libéral quand les affaires marchent, protectionniste quand l'Etat est impuissant. Ségolène Royal, quant à elle, nous conduisait
à ne plus trop prêter attention à ses premières annonces, pour attendre l'inévitable correction de tir qui ne manquerait pas de suivre. L'un et l'autre
ont eu, en quelque sorte, une attitude de journaliste plus que de candidat. Ils ont fait campagne en cherchant à rebondir sur des actualités et des émotions
successives, leurs priorités respectives étant finalement gommées à force de sauter d'un sujet à l'autre.
 
Non que les grands sujets aient été oubliés : le chômage, le pouvoir d'achat, l'école, la protection sociale, la sécurité ont tour à tour tenu la vedette.
Mais chacun de ces thèmes a fait l'objet de propositions parcellaires. En cela, cette première partie de campagne a illustré la grande difficulté des démocraties
modernes : celle de la construction d'une unité sociale et politique à partir de l'émancipation et de la séparation des individus. Il est donc indispensable
qu'entre les deux tours chacun soit à même de ramasser et d'organiser ses propositions, au nom de l'indispensable recherche d'une nouvelle dynamique et
de la relance d'une perspective de progrès économique et social qui fasse toute leur place aux différentes composantes de la société.
 
D'ici là, ayons à l'esprit que si le rapport des forces, dans le pays, semble assez nettement favorable à la droite (du moins si l'on se fie aux enquêtes
d'opinion), les attentes principales – chômage, pouvoir d'achat – sont à gauche.
 
Malgré le caractère, à certains égards, époustouflant de la percée de François Bayrou, sa présence s'analyse aussi comme le retour au schéma classique
d'une primaire à droite (comme le furent les combats Chirac-Giscard, Barre-Chirac, Balladur-Chirac), qui a pour effet mécanique de contenir le vote Le
Pen (lequel avait percé en 2002 en l'absence d'une telle compétition à droite).
 
L'audience du candidat "centriste" n'est allée au-delà que parce qu'il y a une impatience, à gauche, face à un PS incapable de faire émerger une force
sociale-démocrate moderne. Ségolène Royal devra donc s'assumer telle qu'elle est en réalité, c'est-à-dire convaincue de cette nécessaire évolution, et
non telle que le PS voudrait qu'elle soit. Elle a laissé entrevoir cette perspective de façon non délibérée, et certainement pas organisée. Elle devra
donc y mettre la ténacité, la force de caractère, le courage qui sont les siens.
 
En face, Nicolas Sarkozy a pour lui d'être, de tous les candidats, le mieux préparé ; à ce stade le plus "crédible", selon les canons classiques du présidentiable.
Mais à deux reprises, durant cette campagne, M. Sarkozy a franchi une ligne jaune, se plaçant en contradiction avec les valeurs qu'il affirme défendre
quand il revendique aussi Camus, Blum et Jaurès. Le souhait de créer un ministère de l'identité nationale et de l'immigration renvoie immanquablement à
des moments sombres de l'Histoire. Comme l'explique fort bien l'historien Gérard Noiriel, "lorsque l'Etat se mêle d'identité, cela donne des résultats
terrifiants, incompatibles avec la démocratie". Attaqué de manière scandaleuse par Le Pen en raison de ses origines immigrées – qu'il revendique haut et
fort, ce qui est tout à son honneur –, M. Sarkozy ne devait pas s'aventurer aussi loin sur les terres idéologiques du Front national.
 
De la même manière, sur quelles bases scientifiques s'appuie-t-il lorsqu'il avance que la pédophilie est d'origine génétique ? Sur quelles études réellement
fiables sa conviction que les gènes sont responsables du suicide, chaque année en France, de 1 300 adolescents repose-t-elle ? De deux choses l'une : soit
Nicolas Sarkozy est ignorant en ces matières fondamentales, et il aurait mieux fait de s'abstenir dans ce difficile débat sur les rôles respectifs de l'inné
et de l'acquis ; soit il est persuadé du bien-fondé de ce qu'il dit, et il y a lieu de s'inquiéter de son engouement pour des thèses déterministes condamnables.
En ces deux moments donc, M. Sarkozy, tout à son souhait de "fixer" sur son nom des électeurs de Jean-Marie Le Pen, a travesti sa nature de républicain
sincère. C'est du moins ce que l'on voudrait croire.
 
Dans notre système institutionnel, renforcé par l'inversion du calendrier (les législatives suivant obligatoirement la présidentielle), la bataille pour
l'Elysée est la mère de toutes les batailles. L'attente du pays se concentre donc sur cette échéance, comme sur les personnalités susceptibles de l'emporter.
Cette attente est d'autant plus forte qu'aucune des lourdes interrogations qui taraudent la société française (le débat sur l'"immobilisme", la force de
la demande de changement dans une société qui craint de perdre ses acquis, la lancinante question de l'identité, l'état de la méritocratie à la française
et la panne de l'ascenseur social, pour n'en citer que quelques-unes) n'a trouvé à ce jour de réponse claire. De ce point de vue, le dernier mandat de
Jacques Chirac a fonctionné comme une sorte de parenthèse. Si bien que depuis son élection, en 1995, le pays n'a pas vraiment été en mesure de se prononcer
clairement, positivement, pour dessiner son avenir.
 
Traditionnellement, dans un scrutin présidentiel, l'adage veut qu'au premier tour on choisisse et qu'au second on élimine. Cette fois, il faut éliminer
au premier tour pour être sûr de pouvoir choisir au second. En dépit des confusions qui ont parasité la campagne, le seul projet qui s'oppose à celui de
Nicolas Sarkozy et qui s'appuie sur une force politique capable de gouverner est celui de Ségolène Royal.
Jean-Marie Colombani

Des chardons plein les poches:pour que l'on ne nous vole pas le résultat de l'élection!

samedi 21 avril 2007
 
Ce printemps, plus d'un million d'électeurs voteront obligatoirement au
moyen d'ordinateurs, parce que leur mairie en a décidé ainsi : dans une
grande partie des Hauts de Seine, à Amiens, Brest, le Havre, Reims, Le Mans,
Mulhouse, etc...
Une fraude pèserait sur le résultat des élections nationales. [rappelez vous
en 2004 aux USA...]
 
L'urne transparente et le dépouillement public sont remplacés par un
ordinateur dont le résultat est invérifiable et dont on ne peut rien savoir
pour cause de secret industriel. [ni savoir si le vote a été validé]
 
Vous n'êtes pas au courant ?
C'est normal, jusqu'à peu, il n'y avait aucune information sur ce sujet,
aucun débat...
 
Une démonstration frappante (i-Télé, 6 min):
http://ordinateurs-de-vote.org/dn#itele

Merci de faire passer l'info aux amis, famille, voisins, etc...

Réflexions:le modèle social français

samedi 21 avril 2007
 
En France, la plupart des dépenses sociales vont aux plus riches
Timothy B. Smith, historien canadien, conteste le système français de l'impôt et de redistribution des richesses tel qu'il a été conçu pendant les Trente
Glorieuses. Selon lui, la France, en niant la réalité de l'économie de marché et la nécessité des réformes, laisse s'installer toujours plus d'inégalités
et de chomâge.
Par Jean QUATREMER
QUOTIDIEN : samedi 21 avril 2007
Timothy B. Smith, 39 ans, est professeur au département d'histoire de la Queen's University de Kingston (Ontario). Ce Canadien anglophone, spécialiste de
la France et des politiques sociales, a publié en 2006 la France injuste, 1975-2006 : pourquoi le modèle social français ne fonctionne plus (éditions Autrement).
Il a publié précédemment : Creating the Welfare State in France, 1880-1940 (McGill-Queen's University Press) et il prépare plusieurs ouvrages, dont un
consacré à «la France depuis 1980».    
Jacques Chirac, dans sa déclaration d'adieu aux Français, le 11 mars, a déclaré que le «modèle français» ne devait jamais être «bradé», parce qu'il «nous
ressemble» et qu'il est «profondément adapté au monde d'aujourd'hui». Pour lui, «la France n'est pas un pays comme les autres» et son «modèle» est un exemple
pour le reste du monde. 
C'est exactement le contraire. La France est devenue un contre-modèle social qu'aucun pays au monde ne tente de copier. Je me demande dans quel univers
vit Jacques Chirac pour dire des choses pareilles. Il ne faut pas noircir excessivement le tableau, mais le modèle social français est un échec pour un
tiers des Français. Quelques chiffres : alors que les dépenses publiques augmentent sans discontinuer depuis 1980, le chômage de masse s'est inscrit dans
la durée depuis un quart de siècle. La France est l'un des plus mauvais élèves parmi les pays développés et se situe même en bas du classement européen,
juste devant la Grèce et la Pologne. Ce pays de plus de 60 millions d'habitants compte environ 3 millions de chômeurs, 4,5 millions de pauvres et 5 millions
de personnes qui se situent au niveau du seuil de pauvreté. Le pire est que la plupart des dépenses sociales vont à la moitié la plus riche de la population.
Le modèle  français, ce sont des politiques sociales, fiscales et économiques qui protègent ceux qui se trouvent en haut de l'échelle des revenus aux dépens
des autres, les jeunes, les femmes, les immigrés et, bien sûr, les chômeurs. Les exceptions à ce fiasco sont la politique familiale et le système de santé.
En écoutant les politiques et les médias, on a l'impression que ce modèle est consubstantiel de la France. Or, en réalité, il est plus récent qu'on ne
l'imagine : il ne date, dans sa structure actuelle, que des années 70. Pendant les Trente Glorieuses, les acquis sociaux n'étaient pas ceux que l'on a
aujourd'hui. 
Les Français sont-ils incapables d'entendre la vérité sur l'état réel de leur société ? 
Les choses évoluent. Depuis cinq ans, de plus en plus de gens admettent que le modèle social français est brisé, car il crée désormais des exclus. Je me
demande vraiment si la gauche a compris la gravité de ce qui se passe. Quand Ségolène Royal promet 100 milliards d'euros de dépenses nouvelles alors que
la dette publique dépasse 63 % du PIB et qu'elle a triplé depuis 1980, c'est un contresens. Il est vrai que Nicolas Sarkozy n'est guère plus réaliste en
promettant 32 milliards de dépenses nouvelles, mais, au moins, il prône des mesures qui mèneront à une relance de l'économie, ce qui permettra de payer
ses promesses. 
Le refus de la Constitution européenne en 2005, en grande partie motivé par le rejet de l'économie de marché, n'est-il pas symptomatique de l'état de la
France ? 
Ce qui empêche les réformes, c'est effectivement le refus du monde tel qu'il est, le refus du marché. Si on demande aux Canadiens si leur pays est capitaliste,
90 % répondront positivement, et la même proportion jugera ce système acceptable. En France, une petite majorité admettra que le système est capitaliste,
et une forte majorité dira qu'elle préférerait vivre dans une société socialiste. Il y a cette tendance à refuser l'identité du pays. Regardez autour de
vous, le marché est partout en France, et pourtant personne n'est fier de cet héritage capitaliste. 
Comment expliquer cette schizophrénie ? 
Avant les années 40, la France figurait parmi les pays les plus libéraux au monde. Mêmes les Britanniques, les Allemands, les Suédois n'ont pas été aussi
loin : ils ont mis en place un système à mi-chemin entre capitalisme et socialisme. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent qu'il y a une ligne droite
entre Colbert et la France actuelle. En particulier, la Révolution française s'est faite au nom de l'économie de marché, au nom de la liberté et notamment
de celle d'entreprendre. Mais, tout d'un coup, après la Seconde Guerre mondiale, la France a changé et, avec une fièvre quasi religieuse, est devenue l'un
des pays les plus dirigistes du monde démocratique. Peut-être est-ce la défaite et la collaboration qui ont complètement discrédité le capitalisme, le
patronat, la droite. 
On peut aussi expliquer ce virage par le poids du parti communiste à la Libération et par le rôle de l'Etat dans la reconstruction : les Français ont identifié
les Trente Glorieuses à la toute-puissance des pouvoirs publics. 
Tout à fait. L'Etat étant devenu énorme à l'époque où l'économie française vivait son âge d'or, beaucoup de Français ne peuvent imaginer de prospérité sans
un Etat très dépensier. Mais il faut leur expliquer que ce n'est pas l'étatisme qui est responsable du développement économique de leur pays. Au Canada,
nous avons connu les Trente Glorieuses, mais nous n'avons pas construit pour autant un Etat puissant. Le miracle allemand a aussi eu lieu, mais avec un
Etat minimal. L'étatisme a joué un rôle en France, c'est certain, mais ce n'est pas un modèle éternel. Ce monde est derrière nous : limiter le rôle de
l'Etat, ce n'est pas être « ultralibéral». Les Suédois ont privatisé le quart des services publics, mais ils fonctionnent mieux qu'en France. Bien que
le monde ait changé, les idées, en France, n'ont pas suivi la réalité. Il est frappant de constater qu'après la chute du mur de Berlin, la France est l'un
des rares pays à ne pas avoir connu un processus de «démarxisation» de la pensée. L'exemple du Parti socialiste est fascinant : il continue à développer
une méfiance envers les riches comme au plus beau temps de la lutte des classes. Il voit les conflits sociaux comme un jeu à somme nulle : «Je suis pauvre
parce que les riches sont riches.» On veut donc réduire les parts du gâteau, au lieu d'essayer de le faire grossir pour que chacun ait une plus grosse
part. Les 35 heures procèdent de cette logique : on voit le travail comme une ressource limitée et donc on réduit la part de chacun. La faute majeure du
PS, c'est son pessimisme incroyable. Alors que, lorsqu'on voit les autres pays riches, comme le Canada, on constate que l'on travaille plus et que l'on
réduit le chômage en même temps. Ce blocage intellectuel se manifeste aussi dans le nombre de petits partis narcissiques, que ce soit le parti communiste
ou les formations trotskistes, qui pèsent encore plus de 10 % des voix, alors qu'ils devraient avoir disparu depuis longtemps.
La force et la permanence de l'extrême droite en France sont tout aussi étonnantes. Cela rappelle la République de Weimar où les petits partis ont contribué
à déstabiliser le centre, avec le résultat que l'on sait. Ces partis extrémistes existent parce que ni le PS ni l'UMP n'ont pris le tournant idéologique
qui s'imposait après l'effondrement du communisme. Dans les autres démocraties modernes, une grande majorité accepte, autour du centre, l'ordre social
tel qu'il est, ce qui ne veut pas dire qu'aucun changement ne soit possible. Simplement, les peuples savent seuls que des petits pas, des petites réformes
sont possibles : personne ne rêve plus du grand soir, de brûler la maison tout entière pour reconstruire un «autre chose» forcément mythique. 
La mondialisation et l'Europe sont perçus comme des menaces pour le modèle social français. 
La mondialisation et l'Europe jouent un rôle de repoussoir : on explique que c'est la dictature des marchés financiers ou de Bruxelles qui empêche la France
de faire fonctionner efficacement son modèle social. On ferme ainsi les yeux sur les problèmes endogènes et on se concentre sur les prétendues menaces
exogènes. La mondialisation est perçue comme une menace dont il faut se défendre et non comme un fait de la vie auquel il faut s'adapter. Pourtant, la
France n'a pas toujours été ainsi : dans les années 50 et 60, elle s'est adaptée à la nouvelle donne économique, comme le montre l'exode rural. Les Trente
Glorieuses ont exigé une adaptation de l'économie à la nouvelle donne économique, et cela a été un succès. Mais, dans les années 70, les Français en ont
eu assez des changements : les caisses étaient pleines, la vie confortable pour la grande majorité, la pauvreté en recul. Pourquoi, dès lors, continuer
à s'adapter ? Aujourd'hui, alors que le système est à bout de souffle, en dépit des dépenses publiques de plus en plus importantes consenties pour essayer
de le maintenir en l'état, on cherche des boucs émissaires : la racine du mal est forcément ailleurs, car la remise en cause des avantages acquis serait
trop douloureuse pour ceux qui profitent du système. Alors, on incrimine les immigrés, l'Europe, l'élite, la mondialisation. Et tout cela fait évidemment
le jeu des extrémismes. 
Dans votre livre, vous soulignez que 25 % des emplois sont publics et que 57 % des Français ont quelqu'un de leur famille immédiate qui travaille pour le
secteur public. 
Mis à part les retraités, c'est le bloc électoral le plus important. Et il y a beaucoup de connexions entre ces deux camps. Mais en Suède, où le secteur
public est encore plus important qu'en France, puisqu'il représente le tiers des travailleurs, avez-vous vu des révoltes contre les réformes ? Non. Ce
n'est pas seulement la taille du secteur public qui joue, mais aussi l'idéologie qui justifie les privilèges. Le secteur public est toujours innocent,
jamais coupable. 
La France s'est quand même beaucoup réformée dans les années 80-90. 
La France a beaucoup bénéficié des réformes des années 80 faites au nom de l'Europe, mais personne ne les a assumées. Imaginez-vous Ronald Reagan ou Margaret
Thatcher refuser d'endosser les bénéfices de leur politique ? La classe politique française, elle, a peur de dire ce qu'elle fait. Mais, encore une fois,
si la France s'est beaucoup enrichie depuis trente ans, contrairement à ce que l'on croit, la redistribution sous forme d'emplois n'a pas eu lieu. Savez-vous
que les personnes âgées de plus de 59 ans, âge moyen de la retraite, consomment 70 % des dépenses sociales, y compris les soins de santé ? Au Canada, les
gens de plus de 65 ans consomment seulement 50 % des dépenses sociales. Pourquoi ne pas remettre en cause cette situation atypique ? Parce que les retraités
votent et pèsent d'un poids déterminant. Les jeunes eux-mêmes défendent ce système, car ils espèrent en bénéficier, ce qui ne sera pas le cas : le système
est devenu intenable. 
Les Français donnent l'impression d'être plus attachés à l'égalité qu'à la liberté, comme le montre leur défiance à l'égard du libéralisme. Prenons l'idée
de réserver les allocations familiales aux familles gagnant, par exemple, moins de 5 000 euros par mois. Elle s'est heurtée à un refus au nom de l'égalité,
alors qu'une telle mesure aurait accru l'effet redistributif des allocations. 
Au Canada, on a abrogé les allocations familiales universelles en 1988. Elles sont maintenant ciblées sur les pauvres et le tiers inférieur de l'échelle
des revenus. Cela a entraîné une baisse d'environ 25 % du montant total consacré aux allocations, mais on a concentré les 75 % restant sur environ 33 %
de la population. Cela a été une réussite : le taux de pauvreté des enfants est en chute libre au Canada, contrairement à la France. On pourrait aussi
citer l'allergie française à l'impôt sur le revenu, un impôt juste, et sa tolérance à la TVA, un impôt qui pèse proportionnellement plus sur les pauvres.
Ce n'est pas de l'égalité. 
Quel bilan dressez-vous de l'Etat providence français ? 
Pour ceux nés entre 1920 et 1950, c'est un succès fantastique. Pour ceux nés entre 1950 et 1960, le bilan est mitigé. Et pour ceux nés après 1960, c'est
un échec. L'Etat providence, pour eux, c'est une longue attente dans une queue à l'ANPE, des impôts, un système d'assurance sociale trop lourd et une qualité
de vie inférieure à celle de leurs parents. Trop de gens présentent un faux choix au peuple français : la réforme nous mènera, forcément, vers une société
plus inégale. Ce genre d'arguments profite en réalité aux insiders , ceux qui ont un bon emploi aujourd'hui et qui craignent le changement. A mon avis,
la forme principale d'inégalité, c'est le chômage de masse, et, sans un processus de réforme, la France restera un pays inégalitaire, en crise permanente.

Réflexions:Un appel!

Vendredi 20 avril 2007
 
Jour j-2
 
Par Sophia Chikirou
LIBERATION.FR : samedi 7 avril 2007
Membre du Conseil National du Parti Socialiste 
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J'ai pêché : je confesse avoir acheté et lu le livre d'Eric Besson.
Installée dans un café branché du 20e devant un thé chaï (délicieux),
j'ai ouvert l'œuvre maléfique. La tentation était trop insistante. Je
sais bien qu'en tant que socialiste, dévouée à mon parti, loyale
envers sa candidate Ségolène Royal, je n'aurais pas dû. Je n'aurais
vraiment pas dû…
 
Eric Besson n'est plus membre du Parti Socialiste : il témoigne,
s'explique sur le choix qu'il a fait. Sa démarche étant nécessaire
dans la mesure où, élu sous l'étiquette PS, il se devait de rendre des
comptes aux électeurs et aux militants socialistes de sa
circonscription. On peut condamner l'inopportunité de la publication
d'un tel réquisitoire contre Ségolène Royal. N'est-il pas inélégant et
délétère de contribuer à la destabilisation d'une candidate qui a
besoin d'encouragements et de soutiens de la part de la gauche ? Je le
pense. Pourtant, je peux comprendre l'état d'esprit d'Eric Besson. Je
le comprends car mon parti, non pas ses militants mais ses
responsables, est frappé de schizonévrose. J'ai cette image d'une
belle berline, totalement équipée en électronique et dont le
régulateur de vitesse se bloque alors qu'elle est lancée sur une
autoroute. A tout moment, tout peut arriver. Filer sans s'arrêter et
foncer dans un mur comme se rétablir et poursuivre paisiblement sa
route ou encore voir débouler sur sa trajectoire un autre véhicule. Le
PS fait les frais du choix de ses dirigeants qui, depuis plusieurs
années, ont opté pour l'automatisme intellectuel. Membre de ce parti
depuis dix ans, je n'ai jamais eu la chance d'y débattre et de
trancher sur les questions fondamentales. Le réflexe conditionné à
tous les échelons de l'organigramme du Parti consiste à se réfugier
systématiquement sur la position la plus consensuelle et la moins
consistante que l'on s'échine à élaborer. On apprend ainsi à préserver
l'unité de façade, cultiver l'hypocrisie. C'est une nouvelle culture
politique qui permet à ceux qui sont en place de le rester. Comme le
décrit avec pertinence Eric Besson, les titres et les responsabilités,
distribués avec prodigalité, sont privés de réalité alors que le
copinage procure le pouvoir. François Hollande est l'inventeur
incontesté de ce style de soap-gouvernance. Ses disciples sont
nombreux, connus et reconnus.
 
Et reconnaissons-le, aucune personnalité, aucun courant ne peut
prétendre ne pas avoir cautionné ce fonctionnement. Il existe bien
quelques militants en responsabilité qui se rebellent, mais le prix à
payer en dissuade la très large majorité. Je peux ainsi citer mon
modeste exemple : l'an dernier, alors que je présentais ma candidature
à l'investiture interne pour les élections législatives dans la 21e
circonscription de Paris, François Hollande et ses amis m'en ont
écartée de façon, pour le moins, sournoise. La démocratie interne
ayant ses limites, ils ont jugé que la meilleure façon d'éviter que je
sois investie par mes camarades de la 20e section de Paris, était de
ne pas les faire voter, purement et simplement. Pour justifier ce qui
n'est rien d'autre qu'une manœuvre, ils ont eu la courtoisie de
m'assigner à mes origines ethniques en préférant une candidate «
antillaise » à la « maghrébine » que je suis à leurs yeux. S'ils
n'étaient pas socialistes, on aurait pu les soupçonner de succomber à
la très vilaine tentation de racialisme. Mais non, il s'agissait de «
faire la diversité dans la diversité » !   Face à ces agissements,
j'ai refusé de me taire, usant de la liberté d'expression qu'un parti
comme le mien tolère, liberté d'expression dont les limites ont été
repoussées par un certain Georges Frêche, exclu du PS après avoir, à
deux reprises, tenu les propos que l'on sait.
 
Mais revenons au thé chaï (refroidi) et à Eric Besson. Durant des
années, il savait, voyait et participait à un système qu'aujourd'hui
il dénonce. Pour cela, les socialistes, quelle que soit leur
sensibilité, sont prêts à le discréditer. On fait mine de s'interroger
: pourquoi n'a-t-il rien dit avant ? Pourquoi a-t-il fait semblant de
soutenir celle qu'il attaque si violemment aujourd'hui ? Pourquoi
a-t-il profité de ce système qui a fait de lui un député, une
personnalité politique qui compte ? Des questions dont la réponse est,
en réalité, évidente pour tous : refuser ce système, c'est se mettre
ipso facto hors système. Ainsi, qui n'a pas entendu tels socialistes
investis dans la campagne de Royal, chuchoter dans les couloirs (là où
les choses se passent) leur scepticisme face à la tournure que prend
la campagne et exsuder leur incrédulité face à certaines propositions
? L'essentiel du kit de survie du militant socialiste étant de
paraître le plus enjoué possible en réunion publique ou devant des
micros, ne comptez pas sur moi pour faire autrement…
Maintenant, tout le monde connaît Eric Besson. Je ne l'ai jamais
rencontré mais je sais que nous avons beaucoup de points en commun.
Sauf deux : je suis socialiste, profondément socialiste et je veux la
victoire de mon camp, la gauche.
 
Auteur de Ma France laïque (Ed. La Martinière, février 2007) 
Rebonds
Un appel de 200 intellectuels pour Ségolène Royal.
Le 22 avril, assumer notre responsabilité
QUOTIDIEN : jeudi 19 avril 2007
Nous sommes des intellectuels et gens de culture, engagés à gauche de longue date sous des étiquettes diverses. Par-delà nos différences et nos divergences,
qui subsisteront, nous appelons à voter dès le premier tour pour Ségolène Royal, seule candidature de gauche en mesure de remporter l'élection présidentielle.
Aucune femme, aucun homme attaché aux idéaux républicains et aux valeurs de justice et de progrès social ne peut accepter que le 22 avril 2007 répète et
aggrave les conséquences du 21 avril 2002. Une nouvelle défaite électorale de la gauche serait synonyme de graves menaces contre les libertés fondamentales
et l'indépendance de la justice, de régression pour la recherche et d'asphyxie pour la création artistique, de domestication de l'information. Elle ouvrirait
toutes grandes les portes à l'insécurité sociale et à la dérégulation économique, repoussant les forces progressistes et les mouvements sociaux en situation
défensive et interdisant toute lutte efficace contre la dictature du marché dans l'Union européenne. Elle accentuerait la xénophobie et la criminalisation
de l'immigration.
Ce vote place donc chacune et chacun d'entre nous en face d'une responsabilité historique, pour la France et pour l'Europe. C'est pourquoi nous appelons
tous les électeurs de la gauche, dans la diversité de ses composantes, à se rassembler dès le premier tour sur le nom de Ségolène Royal, pour barrer la
route aux candidatures convergentes de Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen, et déjouer le leurre que représente le projet de «grande coalition» de François
Bayrou, mettant ainsi la gauche en position de gagner au second tour.
Parmi les signataires :
>Marc Abélès, anthropologue
>Anne-Gaëlle Adreit, administratrice de production
>Pierre Aïach, sociologue
>Michel Amram, écrivain et cinéaste
>Leonardo Antoniadis, photojournaliste
>François Amara, architecte
>Françoise Arvanitis, journalisme
>Rigas Arvanitis, sociologue
>Jackie Assayag, anthropologue
>Jean-Christophe Attias, historien
>Jean-Christophe Bailly, écrivain
>Françoise Balibar, physicienne
>Etienne Balibar, philosophe
>Geneviève Baraona, enseignante en langues
>François Barat, cinéaste
>Olivier Barlet, écrivain
>Sara Bahuaud, formatrice en langues
>Jean Baubérot, sociologue
>Christian Baudelot, sociologue
>Geneviève Baurand, psychanalyste
>Esther Benbassa, historienne
>Claudine Bencheikh, médecin  
>Claude et Roger Beaumont, professeurs retraités
>Stéphane Beaud, sociologue
>Irène Bellier, anthropologue
>Fethi Benslama, psychanalyste
>Gérard Bensussan, philosophe
>Bruno Bernardi, philosophe
>Eric Bonneau, enseignant
>Véronique Bonnet, professeur de littérature
>Jean-Luc Bonniol, anthropologue
>Marie-Claire Boons, psychanalyste
>Alain Borer, écrivain
>Jérôme Bouchez, plasticien
>Jacky Bouju, anthropologue
>Florence Bouillon, anthropologue
>Jean-Claude Bourdin, philosophe
>Jacques Bouveresse, philosophe
>Martine Breteche, Sociologue
>Michel Bridenne, enseignant
>Miriam Bridenne, chargée de communication dans l'édition
>Jean-Louis Briquet, politiste
>Geneviève Brisac, écrivain
>Nicolas Brizault, éditeur.
>Alain Brunet, musicien
>Bénédicte Budan, comédienne
>Sylvaine Bulle, sociologue
>Danièle Carricaburu, sociologue
>Robert Castel, sociologue
>Christophe Charles, historien
>Pierre Chevallier, finances
>Christine Chivallon, historienne
>Suzanne Citron, historienne
>Jean Clerc, professeur d'arts plastiques
>Annie Cohen, écrivain
>Olivier Cohen, éditeur
>Catherine Colliot-Thélène, philosophe
>Mireille Corbier, historienne
>Sylvian Coudène, pianiste
>Anne Coudreuse, littérature
>Hughes de Courson, compositeur
>Michèle Dacher, ethnologue
>Pierre Dard, écrivain
>Marianne Debouzy, historienne
>Jacques Defrance, sociologue
>Chloé Delaume, écrivain
>Marie-José Del Volgo, médecine
>Martine Derrier, administratrice de théatre
>Véronique De Rudder, sociologue
>Maria Pia di Bella, anthropologue
>Jean-Pierre Digard, ethnologue
>Michel Dreyfus, historien
>François Dubet, sociologue
>Stéphane Dufoix, sociologue
>Dominique Duprez, sociologue
>Corinne Ehrenberg, psychanalyste
>Laurent El Ghozi, médecine
>Sylvie Fainzang, anthropologue
>Danièle Faugeras, poète
>Patrick Faugeras, psychanalyste
>Elsa Faugère, anthropologue
>Jean-Michel Faure, sociologue
>Yankel Fijalkow, sociologue
>Agnès Fine, anthropologue
>Patrick Gaboriau, ethnologue
>Martine de Gaudemar, philosophe
>Françoise Gaspard, sociologue
>Roland-Pierre Gayraud, archéologue
>Patrick Germe, architecte
>Brigitte Giraud, écrivain
>Claudia Girola, anthropologue
>Anne-Lise Glasser, bactériologue
>Roland Gori, psychanalyste
>Emmanuel Grégoire, anthropologue
>Christophe Grossi, éditeur
>Jean Claude Guérin, sciences de l'éducation
>Geoffroy Guerrier, comédien
>Jean-François Goux, économiste
>Françoise Héritier, anthropologue
>Yves Hersant, historien
>Loïc Houdré, comédien
>Pierre-Yves Jacopin, anthropologue
>Frédéric Jaëck, mathématicien
>Serge Jakobowicz, directeur d'équipements culturels
>Gwendoline Jarczyk, philosophe
>Isabelle Jarry, écrivain
>Françoise Jolivet, sculpteur
>Alain Joxe, sociologue
>Jean-François Kervegan, philosophe
>Michel Kokoreff, sociologue
>Patrick Klugman, avocat
>Smaïn Laacher, sociologue
>Benoit Ladouceur, professeur de sciences économiques et sociales
>Pierre Le Bear, sociologue
>Pierre-Jean Labarrière, philosophe
>Thomas Lacoste, éditeur
>Marie-France Lange, anthropologue
>Emmanuelle Lallement, ethnologue
>Jean Latreille, enseignant en sciences économiques et sociales
>Sandra Laugier, philosophe
>Alexandre Laumonier, éditeur
>Guillaume Le Blanc, philosophe
>Armelle Le Bras-Chopard, politiste
>Emmanuel Lemire, comédien
>Jacques Leenhardt, sociologue
>Roy Lekus, cinéaste
>Jean-Yves Letessier, professeur de sciences sociales
>Jean Pierre Letourneux, sciences de l'éducation
>Catherine Lévy, sociologue
>Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien
>Françoise Lionnet, professeur de littérature
>Bernadette Lizet, ethnologue
>Philippe Losego, sociologue
>Frédéric Louchart, anthropologue
>Eric Macé, sociologue
>Pierre Macherey, philosophe
>René Major, essayiste
>Gilles Manceron, historien
>Frédéric Martel, sociologue
>Simon Masnay, acteur et metteur en scène
>François Maspero, écrivain
>Etienne Mathieu, responsable de la galerie
>Arfa Mondher, physicien
>Jean Claude Monod, philosophe
>Frédérique Mattonti, politiste
>Frédéric Métin, professeur de mathématiques
>Aurélia Michel, historienne
>Renaud Morieux, historien
>Lydie Moudileno, civilisations francophones
>Sibylle Muller, germaniste
>Laure Murat, littérature
>Francine Markovits, philosophe
>Fabrice Melquiot, écrivain
>Evelyne Micollier, anthropologue
>Philippe Minard, historien
>Ariane Mnouchkine, artiste
>Claudia Moatti, historienne
>Arnaud Morvan, anthropologue
>Janine Mossuz-Lavau, politiste
>Yann Moulier Boutang, économiste
>Michel Nadel, commerce
>Michael Naepels, anthropologue
>Marie Ndiaye, écrivain
>Pap Ndiaye, historien
>Pierre Nicodeme, informaticien
>Françoise Nyssen, éditrice
>Hubert Nyssen, écrivain
>Gérard Noiriel, historien
>Bertrand Ogilvie, psychanalyste
>Pierrette Ominetti, documentariste
>Pascal Ory, historien
>Mehdi Ouraoui, Président de la Conférence Périclès
>Janeta Ouzounova Maspéro, littérature
>Geneviève Paicheler, sociologue
>Bruno Palier, politiste
>Julie Paratian, productrice
>Serge Paugam, sociologue
>Maryvonne Paul, linguiste
>Michelle Perrot, historienne
>Martyne Perrot, sociologue
> André Pessel, philosophe
>Colette Piault, ethnologue
>Françoise Picq, politiste
>Thomas Piketty, économiste
>Evelyne Pisier, politiste
>Michel  Plon, psychanalyste
>Frédéric Postel, professeur de philosophie
>Mathieu Potte-Bonneville, philosophe
>François Provansal, psychiatrie
>Mireille Provansal, géographe
>Véronique Rabuteau, productrice
>Jean-Pierre Raison, géographe
>Gilles Raveneau, ethnologue
>Michel Rautenberg, sociologue
>Philippe Rigaut, sociologue
>Régine Robin, historienne
>Pierre Rosanvallon, historien
>François Roussel, professeur de philosophie
>Emmanuelle Saada, sociologue
>Caroline de Saint Pierre, anthropologue
>Jean-Loup Salzmann, médecin
>Nicole Savy, littérature
>Frédéric Sawicki, politiste
>Marie-Claude Salom Ouazzani, enseignante
>Franz Schultheis, sociologue
>Raymonde Séchet, géographe
>Johanna Siméant, politiste
>Hanna Slomczewska, psychiatre  
>Françoise Séloron, écrivain
>Claude Servan-Schreiber, écrivain
>Marie-Claude Smouts, politiste
>Benjamin Stora, historien
>Camille Taboulay, scénariste
>Alain Tarrius, sociologue
>Julien Ténédos, éditeur
>Emmanuel Terray, anthropologue
>Anne-Laure Tissut, américaniste
>Michel Tubiana, avocat
>Anne Marie Thiesse, historienne
>Eric Verdier, sociologue
>Hélène Vérin, philosophe
>Patrice Vermeren, philosophe
>Pierre Vespérini, éditeur
>Virginie Vinel, anthropologue
>Loïc Wacquant, sociologue
>Sophie Wahnich, politiste
>Jean-Pierre Warnier, ethnologue
>Sabine Wespieser, éditeur
>Patrick Weil, historien
>Françoise Zonabend, anthropologue
>Ines G. Zupanov, historienne
>Marc-Olivier Baruch, historien
>Florence Chaltiel, professeur de droit public
>Frédéric Rolin, professeur de droit public