23 avril 2007

Réflexions:Un appel!

Vendredi 20 avril 2007
 
Jour j-2
 
Par Sophia Chikirou
LIBERATION.FR : samedi 7 avril 2007
Membre du Conseil National du Parti Socialiste 
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J'ai pêché : je confesse avoir acheté et lu le livre d'Eric Besson.
Installée dans un café branché du 20e devant un thé chaï (délicieux),
j'ai ouvert l'œuvre maléfique. La tentation était trop insistante. Je
sais bien qu'en tant que socialiste, dévouée à mon parti, loyale
envers sa candidate Ségolène Royal, je n'aurais pas dû. Je n'aurais
vraiment pas dû…
 
Eric Besson n'est plus membre du Parti Socialiste : il témoigne,
s'explique sur le choix qu'il a fait. Sa démarche étant nécessaire
dans la mesure où, élu sous l'étiquette PS, il se devait de rendre des
comptes aux électeurs et aux militants socialistes de sa
circonscription. On peut condamner l'inopportunité de la publication
d'un tel réquisitoire contre Ségolène Royal. N'est-il pas inélégant et
délétère de contribuer à la destabilisation d'une candidate qui a
besoin d'encouragements et de soutiens de la part de la gauche ? Je le
pense. Pourtant, je peux comprendre l'état d'esprit d'Eric Besson. Je
le comprends car mon parti, non pas ses militants mais ses
responsables, est frappé de schizonévrose. J'ai cette image d'une
belle berline, totalement équipée en électronique et dont le
régulateur de vitesse se bloque alors qu'elle est lancée sur une
autoroute. A tout moment, tout peut arriver. Filer sans s'arrêter et
foncer dans un mur comme se rétablir et poursuivre paisiblement sa
route ou encore voir débouler sur sa trajectoire un autre véhicule. Le
PS fait les frais du choix de ses dirigeants qui, depuis plusieurs
années, ont opté pour l'automatisme intellectuel. Membre de ce parti
depuis dix ans, je n'ai jamais eu la chance d'y débattre et de
trancher sur les questions fondamentales. Le réflexe conditionné à
tous les échelons de l'organigramme du Parti consiste à se réfugier
systématiquement sur la position la plus consensuelle et la moins
consistante que l'on s'échine à élaborer. On apprend ainsi à préserver
l'unité de façade, cultiver l'hypocrisie. C'est une nouvelle culture
politique qui permet à ceux qui sont en place de le rester. Comme le
décrit avec pertinence Eric Besson, les titres et les responsabilités,
distribués avec prodigalité, sont privés de réalité alors que le
copinage procure le pouvoir. François Hollande est l'inventeur
incontesté de ce style de soap-gouvernance. Ses disciples sont
nombreux, connus et reconnus.
 
Et reconnaissons-le, aucune personnalité, aucun courant ne peut
prétendre ne pas avoir cautionné ce fonctionnement. Il existe bien
quelques militants en responsabilité qui se rebellent, mais le prix à
payer en dissuade la très large majorité. Je peux ainsi citer mon
modeste exemple : l'an dernier, alors que je présentais ma candidature
à l'investiture interne pour les élections législatives dans la 21e
circonscription de Paris, François Hollande et ses amis m'en ont
écartée de façon, pour le moins, sournoise. La démocratie interne
ayant ses limites, ils ont jugé que la meilleure façon d'éviter que je
sois investie par mes camarades de la 20e section de Paris, était de
ne pas les faire voter, purement et simplement. Pour justifier ce qui
n'est rien d'autre qu'une manœuvre, ils ont eu la courtoisie de
m'assigner à mes origines ethniques en préférant une candidate «
antillaise » à la « maghrébine » que je suis à leurs yeux. S'ils
n'étaient pas socialistes, on aurait pu les soupçonner de succomber à
la très vilaine tentation de racialisme. Mais non, il s'agissait de «
faire la diversité dans la diversité » !   Face à ces agissements,
j'ai refusé de me taire, usant de la liberté d'expression qu'un parti
comme le mien tolère, liberté d'expression dont les limites ont été
repoussées par un certain Georges Frêche, exclu du PS après avoir, à
deux reprises, tenu les propos que l'on sait.
 
Mais revenons au thé chaï (refroidi) et à Eric Besson. Durant des
années, il savait, voyait et participait à un système qu'aujourd'hui
il dénonce. Pour cela, les socialistes, quelle que soit leur
sensibilité, sont prêts à le discréditer. On fait mine de s'interroger
: pourquoi n'a-t-il rien dit avant ? Pourquoi a-t-il fait semblant de
soutenir celle qu'il attaque si violemment aujourd'hui ? Pourquoi
a-t-il profité de ce système qui a fait de lui un député, une
personnalité politique qui compte ? Des questions dont la réponse est,
en réalité, évidente pour tous : refuser ce système, c'est se mettre
ipso facto hors système. Ainsi, qui n'a pas entendu tels socialistes
investis dans la campagne de Royal, chuchoter dans les couloirs (là où
les choses se passent) leur scepticisme face à la tournure que prend
la campagne et exsuder leur incrédulité face à certaines propositions
? L'essentiel du kit de survie du militant socialiste étant de
paraître le plus enjoué possible en réunion publique ou devant des
micros, ne comptez pas sur moi pour faire autrement…
Maintenant, tout le monde connaît Eric Besson. Je ne l'ai jamais
rencontré mais je sais que nous avons beaucoup de points en commun.
Sauf deux : je suis socialiste, profondément socialiste et je veux la
victoire de mon camp, la gauche.
 
Auteur de Ma France laïque (Ed. La Martinière, février 2007) 
Rebonds
Un appel de 200 intellectuels pour Ségolène Royal.
Le 22 avril, assumer notre responsabilité
QUOTIDIEN : jeudi 19 avril 2007
Nous sommes des intellectuels et gens de culture, engagés à gauche de longue date sous des étiquettes diverses. Par-delà nos différences et nos divergences,
qui subsisteront, nous appelons à voter dès le premier tour pour Ségolène Royal, seule candidature de gauche en mesure de remporter l'élection présidentielle.
Aucune femme, aucun homme attaché aux idéaux républicains et aux valeurs de justice et de progrès social ne peut accepter que le 22 avril 2007 répète et
aggrave les conséquences du 21 avril 2002. Une nouvelle défaite électorale de la gauche serait synonyme de graves menaces contre les libertés fondamentales
et l'indépendance de la justice, de régression pour la recherche et d'asphyxie pour la création artistique, de domestication de l'information. Elle ouvrirait
toutes grandes les portes à l'insécurité sociale et à la dérégulation économique, repoussant les forces progressistes et les mouvements sociaux en situation
défensive et interdisant toute lutte efficace contre la dictature du marché dans l'Union européenne. Elle accentuerait la xénophobie et la criminalisation
de l'immigration.
Ce vote place donc chacune et chacun d'entre nous en face d'une responsabilité historique, pour la France et pour l'Europe. C'est pourquoi nous appelons
tous les électeurs de la gauche, dans la diversité de ses composantes, à se rassembler dès le premier tour sur le nom de Ségolène Royal, pour barrer la
route aux candidatures convergentes de Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen, et déjouer le leurre que représente le projet de «grande coalition» de François
Bayrou, mettant ainsi la gauche en position de gagner au second tour.
Parmi les signataires :
>Marc Abélès, anthropologue
>Anne-Gaëlle Adreit, administratrice de production
>Pierre Aïach, sociologue
>Michel Amram, écrivain et cinéaste
>Leonardo Antoniadis, photojournaliste
>François Amara, architecte
>Françoise Arvanitis, journalisme
>Rigas Arvanitis, sociologue
>Jackie Assayag, anthropologue
>Jean-Christophe Attias, historien
>Jean-Christophe Bailly, écrivain
>Françoise Balibar, physicienne
>Etienne Balibar, philosophe
>Geneviève Baraona, enseignante en langues
>François Barat, cinéaste
>Olivier Barlet, écrivain
>Sara Bahuaud, formatrice en langues
>Jean Baubérot, sociologue
>Christian Baudelot, sociologue
>Geneviève Baurand, psychanalyste
>Esther Benbassa, historienne
>Claudine Bencheikh, médecin  
>Claude et Roger Beaumont, professeurs retraités
>Stéphane Beaud, sociologue
>Irène Bellier, anthropologue
>Fethi Benslama, psychanalyste
>Gérard Bensussan, philosophe
>Bruno Bernardi, philosophe
>Eric Bonneau, enseignant
>Véronique Bonnet, professeur de littérature
>Jean-Luc Bonniol, anthropologue
>Marie-Claire Boons, psychanalyste
>Alain Borer, écrivain
>Jérôme Bouchez, plasticien
>Jacky Bouju, anthropologue
>Florence Bouillon, anthropologue
>Jean-Claude Bourdin, philosophe
>Jacques Bouveresse, philosophe
>Martine Breteche, Sociologue
>Michel Bridenne, enseignant
>Miriam Bridenne, chargée de communication dans l'édition
>Jean-Louis Briquet, politiste
>Geneviève Brisac, écrivain
>Nicolas Brizault, éditeur.
>Alain Brunet, musicien
>Bénédicte Budan, comédienne
>Sylvaine Bulle, sociologue
>Danièle Carricaburu, sociologue
>Robert Castel, sociologue
>Christophe Charles, historien
>Pierre Chevallier, finances
>Christine Chivallon, historienne
>Suzanne Citron, historienne
>Jean Clerc, professeur d'arts plastiques
>Annie Cohen, écrivain
>Olivier Cohen, éditeur
>Catherine Colliot-Thélène, philosophe
>Mireille Corbier, historienne
>Sylvian Coudène, pianiste
>Anne Coudreuse, littérature
>Hughes de Courson, compositeur
>Michèle Dacher, ethnologue
>Pierre Dard, écrivain
>Marianne Debouzy, historienne
>Jacques Defrance, sociologue
>Chloé Delaume, écrivain
>Marie-José Del Volgo, médecine
>Martine Derrier, administratrice de théatre
>Véronique De Rudder, sociologue
>Maria Pia di Bella, anthropologue
>Jean-Pierre Digard, ethnologue
>Michel Dreyfus, historien
>François Dubet, sociologue
>Stéphane Dufoix, sociologue
>Dominique Duprez, sociologue
>Corinne Ehrenberg, psychanalyste
>Laurent El Ghozi, médecine
>Sylvie Fainzang, anthropologue
>Danièle Faugeras, poète
>Patrick Faugeras, psychanalyste
>Elsa Faugère, anthropologue
>Jean-Michel Faure, sociologue
>Yankel Fijalkow, sociologue
>Agnès Fine, anthropologue
>Patrick Gaboriau, ethnologue
>Martine de Gaudemar, philosophe
>Françoise Gaspard, sociologue
>Roland-Pierre Gayraud, archéologue
>Patrick Germe, architecte
>Brigitte Giraud, écrivain
>Claudia Girola, anthropologue
>Anne-Lise Glasser, bactériologue
>Roland Gori, psychanalyste
>Emmanuel Grégoire, anthropologue
>Christophe Grossi, éditeur
>Jean Claude Guérin, sciences de l'éducation
>Geoffroy Guerrier, comédien
>Jean-François Goux, économiste
>Françoise Héritier, anthropologue
>Yves Hersant, historien
>Loïc Houdré, comédien
>Pierre-Yves Jacopin, anthropologue
>Frédéric Jaëck, mathématicien
>Serge Jakobowicz, directeur d'équipements culturels
>Gwendoline Jarczyk, philosophe
>Isabelle Jarry, écrivain
>Françoise Jolivet, sculpteur
>Alain Joxe, sociologue
>Jean-François Kervegan, philosophe
>Michel Kokoreff, sociologue
>Patrick Klugman, avocat
>Smaïn Laacher, sociologue
>Benoit Ladouceur, professeur de sciences économiques et sociales
>Pierre Le Bear, sociologue
>Pierre-Jean Labarrière, philosophe
>Thomas Lacoste, éditeur
>Marie-France Lange, anthropologue
>Emmanuelle Lallement, ethnologue
>Jean Latreille, enseignant en sciences économiques et sociales
>Sandra Laugier, philosophe
>Alexandre Laumonier, éditeur
>Guillaume Le Blanc, philosophe
>Armelle Le Bras-Chopard, politiste
>Emmanuel Lemire, comédien
>Jacques Leenhardt, sociologue
>Roy Lekus, cinéaste
>Jean-Yves Letessier, professeur de sciences sociales
>Jean Pierre Letourneux, sciences de l'éducation
>Catherine Lévy, sociologue
>Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien
>Françoise Lionnet, professeur de littérature
>Bernadette Lizet, ethnologue
>Philippe Losego, sociologue
>Frédéric Louchart, anthropologue
>Eric Macé, sociologue
>Pierre Macherey, philosophe
>René Major, essayiste
>Gilles Manceron, historien
>Frédéric Martel, sociologue
>Simon Masnay, acteur et metteur en scène
>François Maspero, écrivain
>Etienne Mathieu, responsable de la galerie
>Arfa Mondher, physicien
>Jean Claude Monod, philosophe
>Frédérique Mattonti, politiste
>Frédéric Métin, professeur de mathématiques
>Aurélia Michel, historienne
>Renaud Morieux, historien
>Lydie Moudileno, civilisations francophones
>Sibylle Muller, germaniste
>Laure Murat, littérature
>Francine Markovits, philosophe
>Fabrice Melquiot, écrivain
>Evelyne Micollier, anthropologue
>Philippe Minard, historien
>Ariane Mnouchkine, artiste
>Claudia Moatti, historienne
>Arnaud Morvan, anthropologue
>Janine Mossuz-Lavau, politiste
>Yann Moulier Boutang, économiste
>Michel Nadel, commerce
>Michael Naepels, anthropologue
>Marie Ndiaye, écrivain
>Pap Ndiaye, historien
>Pierre Nicodeme, informaticien
>Françoise Nyssen, éditrice
>Hubert Nyssen, écrivain
>Gérard Noiriel, historien
>Bertrand Ogilvie, psychanalyste
>Pierrette Ominetti, documentariste
>Pascal Ory, historien
>Mehdi Ouraoui, Président de la Conférence Périclès
>Janeta Ouzounova Maspéro, littérature
>Geneviève Paicheler, sociologue
>Bruno Palier, politiste
>Julie Paratian, productrice
>Serge Paugam, sociologue
>Maryvonne Paul, linguiste
>Michelle Perrot, historienne
>Martyne Perrot, sociologue
> André Pessel, philosophe
>Colette Piault, ethnologue
>Françoise Picq, politiste
>Thomas Piketty, économiste
>Evelyne Pisier, politiste
>Michel  Plon, psychanalyste
>Frédéric Postel, professeur de philosophie
>Mathieu Potte-Bonneville, philosophe
>François Provansal, psychiatrie
>Mireille Provansal, géographe
>Véronique Rabuteau, productrice
>Jean-Pierre Raison, géographe
>Gilles Raveneau, ethnologue
>Michel Rautenberg, sociologue
>Philippe Rigaut, sociologue
>Régine Robin, historienne
>Pierre Rosanvallon, historien
>François Roussel, professeur de philosophie
>Emmanuelle Saada, sociologue
>Caroline de Saint Pierre, anthropologue
>Jean-Loup Salzmann, médecin
>Nicole Savy, littérature
>Frédéric Sawicki, politiste
>Marie-Claude Salom Ouazzani, enseignante
>Franz Schultheis, sociologue
>Raymonde Séchet, géographe
>Johanna Siméant, politiste
>Hanna Slomczewska, psychiatre  
>Françoise Séloron, écrivain
>Claude Servan-Schreiber, écrivain
>Marie-Claude Smouts, politiste
>Benjamin Stora, historien
>Camille Taboulay, scénariste
>Alain Tarrius, sociologue
>Julien Ténédos, éditeur
>Emmanuel Terray, anthropologue
>Anne-Laure Tissut, américaniste
>Michel Tubiana, avocat
>Anne Marie Thiesse, historienne
>Eric Verdier, sociologue
>Hélène Vérin, philosophe
>Patrice Vermeren, philosophe
>Pierre Vespérini, éditeur
>Virginie Vinel, anthropologue
>Loïc Wacquant, sociologue
>Sophie Wahnich, politiste
>Jean-Pierre Warnier, ethnologue
>Sabine Wespieser, éditeur
>Patrick Weil, historien
>Françoise Zonabend, anthropologue
>Ines G. Zupanov, historienne
>Marc-Olivier Baruch, historien
>Florence Chaltiel, professeur de droit public
>Frédéric Rolin, professeur de droit public