27 mai 2007

L'ouverture sans se renier, pour combien de temps?

Samedi 26 mai 2007
 
CONFIDENCES AU « NEW YORK TIMES »
 

Déjà en désaccord avec Sarkozy !
 

Si mes amis me prennent un jour en flagrant délit de renoncement, prévient le nouveau ministre des Affaires étrangères, je leur demande de me réveiller
»... Combien de temps avant qu'ils actionnent le tocsin, au vu des surprenants propos tenus, selon la correspondante du « New York Times » ( 1 ), par le
nouveau chef de la diplomatie française le jour même de son entrée en fonction : « Sur la Turquie, le retrait des troupes d'Afghanistan , le tiers-monde
et l'Afrique , nous ne sommes pas proches. Je suis contre l'idée d'une immigration choisie. » En clair, Bernard Kouchner se dit en désaccord avec le chef
de l'Etat sur une bonne moitié de son projet international. Même s'il souligne dans le même entretien sa proximité avec le président de la République «
sur le Moyen-Orient , le besoin d'une alliance avec l'Amérique , le rôle de la France en Europe ». Même la question du Darfour pourrait devenir une pomme
de discorde. Pendant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy a certes promis qu'il ne resterait pas inerte face à cette tragédie. Mais, contrairement à
Bernard Kouchner, il ne veut pas utiliser la menace d'un boycott des JO de Pékin pour faire pression sur la Chine ( alliée au régime soudanais ). In fine,
surtout, quelle sera la ligne dans laquelle devra s'inscrire le patron du Quai-d'Orsay ? Car Nicolas Sarkozy avait également proposé le poste à Hubert
Védrine. Or l'ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin pense à l'opposé de Bernard Kouchner sur la plupart des sujets de politique étrangère.
Il a notamment fait le procès du droit d'ingérence, selon lui « une invention pleine de bons sentiments et néocoloniale ».
 
( 1 ) « New York Times » du 19 mai 2007.
 
 Marie-France Etchegoin
Le Nouvel Observateur