01 mai 2007

Ségolène, Grande Classe!

Dimanche 29 avril 2007
 
Ségo la classe
 

par Philippe Sollers
 

Les Français vont-ils oui ou non se soucier de leur intérêt principal : l'exportation ? Dans ce registre, ils n'ont pas beaucoup d'effort à faire pour
trouver le produit idéal : c'est Ségolène Royal. Au cas où ils ne choisiraient pas, à la surprise planétaire générale, d'élire Ségolène Royal, cela voudrait
dire qu'ils ont préféré le repli sur soi, la résignation, la fatigue, le sécuritarisme, le ressentiment.
Quand j'ai dit qu'il fallait tenter l'expérience féminine à la présidence de la République, on a cru comprendre que je parlais de la femme en soi. Ce qui
serait un machisme à l'envers. Or il ne s'agit pas de la femme mais de cette femme-là, de sa façon de se déplacer, de s'habiller, d'utiliser ses bras,
de sourire, c'est-à-dire d'une Française très raffinée.
Royal gêne par sa supériorité paradoxale, puisque se disant socialiste, elle est, à n'en pas douter, quelqu'un de classe. Regardez la différence. Prenez
Sarkozy. Quel mauvais goût ! Que de clichés populistes ! Souvenez-vous de cette image pathétique de Sarko sur son cheval blanc en Camargue. Pour dire ensuite
qu'il n'avait pas trouvé lors de sa chevauchée le tracteur de Bayrou. Prenez le notable hypocrite, Bayrou, se promenant dans un cimetière à Verdun et faisant
voter les morts, à commencer par l'inaltérable Péguy. Comparez avec la lumineuse apparition de Ségolène à Toulouse, mangeant des yeux Zapatero avec délicatesse,
en appelant à l'axe franco-espagnol. C'est-à-dire la victoire de la République contre le fascisme.
La grande classe, donc, c'est Ségolène et c'est ce qui retient de façon maussade et jalouse le peuple de gauche qui n'est pas habitué à cette dimension.
Si Ségolène est battue, ce qui est malheureusement et nationalistiquement probable, elle sera brûlée. Et le peuple français aura dit non au monde entier.
 
 Gilles Anquetil
Le Nouvel Observateur