Echos de campagne:Le conclave des éléphants!
Vendredi 27 avril 2007
Le conclave des éléphants
François, c'est par là!» Il est 19 heures, dimanche, rue de Solférino. François Hollande paraît un peu perdu. Le premier secrétaire ne sait plus dans quelle
salle doit se tenir le traditionnel conseil politique, qui ouvre les soirées électorales chez les socialistes ! Jean-Louis Bianco et François Rebsamen,
les deux directeurs de campagne de Ségolène Royal, l'accompagnent. Les mines sont tout juste souriantes. L'heure n'est pas à l'euphorie, malgré la qualification.
La candidate a beau avoir conjuré le cauchemar du 21 avril 2002, la réunion débute sur un constat sans appel : les réserves de voix sont nulles. D'un ton
posé, le premier secrétaire ne prend guère de gants pour donner la ligne aux ténors du parti qui vont se rendre sur les plateaux de télé. «On ne négocie
avec personne!», prévient-il. Hollande est persuadé qu'il est inutile d'interpeller la gauche de la gauche, «elle viendra toute seule». Pas question non
plus d'aller chercher le candidat UDF, mais pour des raisons inverses : «Lui ne viendra pas, il n'appellera jamais à voter pour nous.» Comment convaincre
alors ses électeurs «qui ont envoyé un signe qu'il nous faut entendre» ? Le débat s'engage. «Insistons sur les qualités de la candidate, sa force de caractère,
son sang-froid, son courage», recommande Jean-Louis Bianco, convaincu qu'une nouvelle campagne commence et qu'il faut faire passer l'idée que «c'est possible,
sans sombrer dans l'arrogance».
Court, trop court, pour Bertrand Delanoë, qui pronostique un second tour extrêmement serré, comme en 1974. «Dans le vote d'aujourd'hui, beaucoup de choses
sont attribuables à Ségolène Royal, mais il y a aussi la volonté de ne pas revoir le 21 avril, ne l'oublions pas», rappelle le maire de Paris, qui enjoint
ses camarades à ne pas être «trop brutal», à ne pas «trop caricaturer le vote anti-Sarko». Pas Sarko « facho », mais Sarko comptable du bilan... A quinze
jours du second tour, petit à petit, la ligne se dessine. «On ne va quand même pas lui faire cadeau des années qui viennent de passer! Il faut jouer à
fond le mécontentement», gronde Henri Emmanuelli, comme pour regretter une campagne trop molle. «Le candidat sortant réunit sur son nom 30% des suffrages,
ça veut donc dire que 70% des Français n'en veulent plus», analyse François Rebsamen. «Candidat de la majorité sortante», le reprend Hollande. Les arguments
se rôdent sans que Laurent Fabius ni Dominique Strauss-Kahn ne prennent la parole. La réunion se lève, les éléphants s'égaillent. On ne les reverra pas
rue de Solférino. Dehors, la foule attend l'apparition de la Madone. A 1h10, la candidate, tout juste revenue de son Poitou, grimpe enfin sur le podium.
Elle n'est pas seule comme à son habitude. Mais très entourée, ainsi qu'en a décidé son compagnon. Manque sur la photo : Daniel Cohn-Bendit, pourtant venu
s'entretenir discrètement un peu plus tôt, avec François Hollande.
Matthieu Croissandeau
Le Nouvel Observateur
Le Nouvel Observateur
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