14 mai 2007

DSK:disponible pour une rénovation!

dimanche 13 mai 2007
 
Présidentielle La bataille à gauche Jean-Christophe Cambadélis, proche de DSK, dénonce un logiciel de gauche dépassé:
«Il faut construire un socialisme du réel»
Par Matthieu ECOIFFIER 
QUOTIDIEN : mardi 8 mai 2007
Jean-Christophe Cambadélis, député (PS) de Paris et proche de Dominique Strauss-Kahn, regrette que le PS n'ait «pas travaillé à une offre politique réaliste
et de gauche» depuis 2002.
Quel bilan tirez-vous du scrutin ? 
Notre campagne a été dynamique. Le rejet de Sarkozy a été fort, les meetings pleins et les militants nombreux. Ségolène a été déterminée. Et pourtant, au
premier tour, avec 35 %, jamais la gauche n'a été aussi faible depuis les années 60. Et pourtant, avec 46,9 % jamais la candidature de gauche n'a été aussi
basse au second tour. Et pourtant, la participation a été extrêmement forte. C'est la troisième élection présidentielle que nous perdons d'affilée. Nous
savons combien vont souffrir la France et les Français.
Où sont passés les électeurs de gauche ? 
Pas à la gauche du PS, que nous avons asséchée, ni dans l'abstention. Le logiciel de la gauche actuelle n'est plus majoritaire dans le pays. Si nous voulons
demain renouer avec la victoire et rendre l'espoir aux Français, il nous faut le rendre à nouveau majoritaire.
Pourquoi les électeurs ont-ils boudé le projet de Royal ? 
Certains ont cru que le rejet de la droite manifesté aux régionales de 2004 suffirait. Nous n'avons pas construit une opposition de projet, nous n'avons
pas répondu à la nécessité du temps présent. Et nous n'avons pas travaillé à une offre politique réaliste et de gauche, en tranchant les débats qui nous
ont opposés pendant les cinq dernières années.
La direction du PS fait-elle la politique de l'autruche ? 
D'abord et avant tout, j'attends que l'on dise que nous avons subi une défaite et que nous avons entendu le message du pays. On ne peut aller aux législatives
en proclamant : on a été bons, on est bons et on sera bons. Ensuite, il faut que nous engagions le processus de refondation de la gauche et que nous construisions
un socialisme réel, dans le réel, qui sera la maison du renouveau.
Cette «maison» s'ouvre-t-elle à l'UDF ? 
Elle est à bâtir et elle est à gauche. Arrêtons de faire de la tactique, de l'élaboration approximative, le regard rivé sur le score de la droite dans sa
ville. Revenons à l'identité de la gauche, changeons la gauche pour changer la France. François Bayrou n'a pas appelé à voter Ségolène Royal, cela nous
a coûté. Il va créer un nouveau parti. C'est à lui de se situer, pas à nous de quémander. Ne tombons pas dans la cuisine électorale. Affichons nos valeurs,
notre socialisme moderne, puis le temps de la bataille viendra.
Ne risquez-vous pas de faire fuir les antilibéraux ? 
La maison du renouveau proposée par Strauss-Kahn vise à rassembler tous ceux qui veulent changer la gauche et s'opposer au pouvoir qui se met en place et
qui inquiète.
Hollande doit-il rester aux manettes ? Et quid de Royal ? 
Ce n'est pas la question du jour. Les socialistes seront unis. François Hollande prendra ses responsabilités, et chaque leader du PS comme chaque militant
doit s'engager dans la bataille décisive des législatives. Ségolène y a toute sa place, elle a mené une bonne bataille, mais elle n'a pas gagné. On ne
peut pas transformer le plomb de la défaite en or de la victoire.
En la taclant dès dimanche, DSK ne s'est-il pas aliéné les nouveaux adhérents PS pro-Royal ? 
Dominique n'a pas critiqué des personnalités, il a mis en cause une démarche avortée, celle de la refondation du PS. Les nouveaux adhérents sont attentifs
à une nouvelle donne, ils ne sont la propriété de personne.
Le congrès du Parti socialiste doit-il être avancé ?
Il y a devant nous une rénovation des idées, de l'alliance et du discours, donc un renouveau du PS. Il faut que quelqu'un soit mandaté dans moins d'un an
pour accomplir ces trois défis.