11 mai 2007

Good Bye Tony!

Jeudi 10 mai 2007
 
Triste sortie pour Tony Blair
 

ILe temps, décidément, n'est pas galant homme. Pour le dixième anniversaire de son arrivée au pouvoir et à la veille d'annoncer le calendrier de son départ
du 10, Downing Street, Tony Blair a enregistré, à ses dernières élections régionales, une défaite spectaculaire. En Ecosse, où la « devolution » qu'il
a lui-même organisée a instauré une semi-autonomie, les indépendantistes du Scottish National Party ont étrillé les travaillistes qui dominaient depuis
1999 le Parlement autonome écossais. Vont-ils, comme prévu, organiser en 2010 un référendum sur l'indépendance totale ? Pour Gordon Brown, successeur putatif
de Blair au poste de Premier ministre et lui-même Ecossais pur jus, la défaite du Labour dans ce qui fut naguère un bastion est un affront et un mauvais
coup.
Pauvre Blair : vainqueur triomphal de trois élections successives, le rénovateur du Labour pensait quitter la scène politique en léguant à la Grande-Bretagne
un bilan historique : plein-emploi, croissance forte, intégration réussie dans la mondialisation avec, en prime, une pêche d'enfer qui attire de l'autre
côté de la Manche les talents du monde entier. Mieux, le blairisme, cette méthode pragmatique de gouvernement qui se soucie davantage d'efficacité que
de cohérence historique a fait école et inspire désormais les candidats rénovateurs. A gauche comme à droite : voir Ségo et Sarko.
Las, en présentant l'invasion de l'Irak comme une croisade morale, en sacrifiant une nouvelle fois à l'alliance privilégiée avec les Etats-Unis qui lui
a valu dans l'opinion le surnom de « poodle » ( caniche ) de Bush, Tony Blair avait terni une première fois son bilan et précipité son départ. L'échec
de la « devolution » écossaise avec, à la clé, une menace de séparatisme est un second coup porté à la légende. L'inventeur du New Labour méritait mieux
pour sa sortie.
 
 Jean-Gabriel Fredet
Le Nouvel Observateur