15 mars 2007

Echos de campagne:la nostalgie de l'aprés Chirac a déjà commencé

Lundi 12 mars 2007
 
PARIS (Reuters) - Dominique de Villepin a assuré qu'il savait "depuis toujours" que Jacques Chirac ne briguerait pas un troisième mandat et a rendu un hommage
ému à un "homme juste" qui lui "manque déjà".
 
"J'allais dire depuis toujours", a déclaré le Premier ministre sur Europe 1 à la question de savoir depuis quand il connaissait la décision du chef de l'Etat,
annoncée dimanche.
 
"Je sais que Jacques Chirac est un homme juste. C'est un homme qui sait la décision juste. Je savais que le choix qui était le sien ce serait de partir
dans la force de son action, dans la force de son engagement", a-t-il ajouté.
 
Jacques Chirac a annoncé dans une allocution radio-télévisée qu'après douze années passées à l'Elysée il ne solliciterait pas un nouveau mandat, une décision
qui était généralement attendue.
 
Dominique de Villepin, qui fut secrétaire général de la présidence de la République à partir de 1995 lors du septennat de Jacques Chirac, a souligné qu'il
savait que le chef de l'Etat "saurait passer le témoin au bon moment (...) ne ferait pas le mandat de trop".
 
"C'est un homme pragmatique, c'est un homme qui a toujours eu à coeur de tirer les leçons et en permanence de faire mieux. Une des caractéristiques de Jacques
Chirac, c'est son humilité. ce n'est pas quelqu'un qui est vaniteux. C'est quelqu'un qui en permanence tire les leçons. Il le fait pour lui-même, il le
fait pour la France", a déclaré le chef du gouvernement.
 
"IL ME MANQUE"
 
"C'est un homme que j'aime profondément, pour lequel j'ai beaucoup d'affection", a-t-il ajouté en disant avoir accueilli la décision de Jacques Chirac avec
"beaucoup d'émotion".
 
"On peut dire à quelqu'un qu'on aime à 20 ans : je t'aime. Pour le dire à la fin d'une longue carrière d'homme politique qui a toujours choisi l'action,
pour pouvoir le dire comme il l'a fait hier aux Français : 'je vous aime, France je vous aime', il faut beaucoup d'années, beaucoup de souffrances, beaucoup
de sacrifices, beaucoup d'ascèse", a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères.
 
Apparemment très ému, selon Jean-Pierre Elkabbach, le président d'Europe 1, qui l'interrogeait, Dominique de Villepin a souligné la "chaleur" de Jacques
Chirac.
 
"Il me manque déjà, il me manque tous les jours (...) C'est un homme dont la chaleur, dont l'amitié sont très fortes", a déclaré le Premier ministre.
 
Il a rappelé qu'il avait rencontré Jacques Chirac pour la première fois en 1980, alors qu'il était jeune diplomate.
 
"J'avais choisi de contribuer à la réflexion de Jacques Chirac. Je me suis retrouvé un jour propulsé dans son bureau en tête-à-tête", a raconté le Premier
ministre.
 
"Je lui avais répondu de façon très, très peu diplomatique, comme je sais le faire parfois, c'est-à-dire de façon assez brutale", a-t-il poursuivi. "Jacques
Chirac, à ma surprise, m'a dit : 'Merci, vous savez en politique, ce dont on a le plus besoin c'est de gens qui vous disent ce qu'ils pensent et qui vous
le disent clairement.' Et il a ajouté : un jour Dominique de Villepin, nous travaillerons ensemble."