Réflexions:La LOLF, une loi votée à l'unanimitée du Parlement!
Mercredi 7 février 2007
ou arme contre la fonction publique ?
Trop consensuelle pour être honnête
Dans
Ils y expliquent: « La loi organique a été votée à l'unanimité par le Parlement et la composition de la mission d'information sur la mise en uvre de
Les députés Bouvard, de Courson, Migaud et Brard trépignent :« La réflexion sur les stratégies de performance est aujourd'hui très insuffisante (
) Dans le choix des objectifs, une place plus grande doit être faite aux objectifs d'efficience, c'est-à-dire à ceux visant une plus grande productivité de l'administration. (
) La mission d'information a voulu souligner la nécessité impérieuse à ce que cette culture de la performance se diffuse au sein des administrations et ne se réduise pas à un vernis sans que cela se traduise par des changements dans les comportements quotidiens des administrations. La façade ne suffit pas. C'est probablement l'aspect du dossier qui est le moins avancé. » Ils veulent accélérer la mise en uvre de la « réforme », les indicateurs de performance faisant office de carottes pour les uns, de bâtons pour les autres. Craignant la résistance même passive, la mission appelle à combattre « la tentation d'adapter
Nous y arrivons
Cette politique de « fermeté » se traduit concrètement dans les différents ministères. Exemple, dans l'Éducation Nationale « certains objectifs d'efficience mériteraient d'être retenus, comme notamment la réduction à tous les degrés de l'enseignement, de la proportion des heures d'enseignement devant des groupes de 10 ou 12 élèves. »Ce qui revient à supprimer pas mal d'options en collèges et lycées, toujours ça d'économisé ;les heures d'UNSS effectuées par les professeurs d'EPS, les heures de laboratoire en sciences, de cabinet en histoire sont également suspectes. Car comme dit Coppé (Les Échos, mars 2005 ) « avec
Mais comment font les autres ?
Un rapport du Sénat (31 août 2001) explique : « certains pays gèrent leur secteur public selon des méthodes et critères applicables aux entreprises du secteur privé. » En Nouvelle-Zélande, « le budget est établi selon les règles comptables du secteur privé », « des sociétés d'État, fonctionnant à la manière des entreprises privées, ont été créées et leurs salariés ont perdu leur statut de fonctionnaire. » Comment ? Dans un premier temps « l'État en est devenu actionnaire, puis elles ont été privatisées. » En Suède, dès les années 1980, les gouvernements ont fait « évoluer les entreprises publiques vers un fonctionnement reposant sur les critères du marché » en leur imposant une comptabilité d'entreprise. En Allemagne, les gouvernements ont mis en place une comptabilité analytique, des indicateurs d'activité et des contrats d'objectifs entre les ministères et les administrations. « la concurrence constitue un élément essentiel de ce programme. Les administrations sont incitées à se livrer à un benchmarking [ !] destiné à comparer l'efficacité des services et à mobiliser les réserves potentielles de productivité en matière de coût de personnel. »Et les réserves potentielles de productivité n'ont qu'à bien se tenir, diantre ! Ces réformes ont logiquement conduit à poser la question de l'existence des fonctions publiques. En Nouvelle-Zélande il y a « un abaissement de la frontière statutaire entre secteur public et secteur privé : 42% des agents publics bénéficient désormais d'un contrat individuel à durée déterminée contre 17% il y a 5 ans. » Aux Pays-Bas « les agents publics bénéficient d'un contrat proche du contrat de travail de droit privé » et le recrutement a lieu après entretien d'embauche. Et bien sûr, le système public de retraite a été « aboli pour s'aligner sur celui des salariés du secteur privé », la réglementation du travail aussi a été alignée sur le privé et les négociations salariales décentralisées. En Suède, il y a un « quasi alignement des agents publics sur les droits et obligations des salariés du secteur privé » et en Allemagne la loi sur la réforme du droit de la fonction publique (1997) « accroît la volonté de concurrence au sein de l'administration publique » avec« des critères de performance individuelle dans la carrière des agents. ». En Italie, le statut de la fonction publique ressemble de plus en plus à celui du secteur privé. Au Canada, la réforme de l'Etat, engagée pour des raisons budgétaires, s'est étendue à tous les secteurs de l'action publique.Dès 1995, le Canada a réduit les effectifs de sa fonction publique : en 5 ans, 66 000 postes, (un sur six), ont été supprimés dans l'administration publique fédérale. La « culture de la performance » s'est développée, le statut de la fonction publique a été assoupli (loi fédérale 07/11/2003). Des rapports annuels comparent résultats et objectifs, des guichets uniques regroupent les divers services aux usagers, l'administration en ligne se développe.
En poussant la logique, il est possible à l'état de priver ses salariés du statut de la fonction publique en déléguant ses missions, dans le cadre d'une concurrence libre et non faussée. Et d'arriver, à terme au « contrat de travail unique » : moins de protection, de garanties pour tous les salariés. Un peu d'angoisse du lendemain, de stress à la veille des réunions de bilan, de culpabilité à l'occasion, l'appât d'une prime au mérite, ça devrait faire rentrer les récalcitrants dans le rang.
0 Commentaires :
Enregistrer un commentaire
<< Accueil