22 décembre 2006

BlogTrotter:C'est Bouygues qui va être triste

Jeudi 21 décembre 2006
 
Il ne fait pas bon être dictateur ces derniers mois. Entre ceux qui meurent dans leur lit ou ceux qui sont condamnés à mort...
pour autant la démocratie a encore de longs combats à mener avant de pouvroi s'imposer
 
 
Depuis Moscou la correspondante du Monde :
 
Le président du Turkménistan, Saparmourad Niazov, 66 ans, qui régnait en maître absolu sur cette République d'Asie centrale désertique et riche en gaz,
est décédé dans la nuit de mercredi 20 à jeudi 21 décembre d'un arrêt cardiaque, ont annoncé les médias d'Etat. Autoproclamé "président à vie", Niazov
avait été nommé à la tête du Turkménistan en 1985 alors que cette République faisait encore partie de l'URSS.
 
En vingt et un ans de règne, celui qui se faisait appeler "le président-prophète" a fait de son pays l'une des dictatures les plus fermées de la planète.
Il avait créé un culte délirant de sa personnalité, donnant son nom à une ville, un aéroport, des avenues et des mosquées, et rendant obligatoire l'étude
de son ouvrage majeur le Rukhnama (Renaissance spirituelle).
 
Ce livre, sorte de code de conduite à l'usage de ses sujets, servait de manuel aux écoliers et aux étudiants qui étaient interrogés sur son contenu au moment
des examens. Récemment, le "Turkmenbashi" (la tête des Turkmènes) avait imposé l'emploi d'un nouveau calendrier où les noms des mois avaient été remplacés
par les prénoms de sa famille.
 
Sur un coup de tête, le dictateur avait fait fermer l'Académie des sciences et celle de médecine, ainsi que toutes les bibliothèques et les dispensaires
ruraux. Il avait aussi interdit l'opéra, le cirque, l'orchestre philharmonique.
 
L'homme avait tué dans l'oeuf toute forme d'opposition et menait d'une main de fer les affaires de son pays. Méfiant à l'égard de tout le monde, il cumulait
les fonctions de président, de premier ministre, de chef des armées et de leader du Parti démocratique, le parti unique.
 
Avant tout, c'est lui qui avait la main sur les formidables ressources gazières et décidait des contrats gaziers. Enclavé, le Turkménistan dépend fortement
du réseau de gazoducs, monopole de Gazprom, pour exporter son gaz vers les autres Etats de l'aire post-soviétique, comme l'Ukraine. Le géant russe lui
achète le gaz à bon marché pour le revendre ensuite à l'Ukraine aux prix du marché.
 
RÉGRESSION SOCIALE
 
Sa mort inattendue pourrait être lourde de conséquences pour le pays. "La politique intérieure et extérieure du Turkménistan se poursuivra", a tenu à rassurer
un communiqué officiel lu à la télévision. Mais, en l'absence de successeur désigné, le Turkménistan, marqué par la régression sociale, peut-il basculer
dans l'instabilité, affectant le marché du gaz par ricochet ? Qui va émerger comme le nouveau "Turkmenbashi" ?
 
Aussitôt après l'annonce du décès de Saparmourad Niazov, une commission spéciale a été créée, chargée d'organiser les obsèques. Elle est présidée par le
vice-premier ministre Kourbangouli Berdimoukhamedov, un parent du dictateur. Selon une règle en vigueur dans la nomenklatura soviétique, celui qui autrefois
était chargé de l'organisation des obsèques s'avérait être l'héritier. La tradition soviétique sera-t-elle respectée ?
 
Marie Jégo
 
Article paru dans l'édition du 22.12.06.