le Revenu de solidarité active!
Martin Hirsch : il écoute, teste et fonce
Son ressort : la mise en place du revenu de solidarité active
Son ressort : la mise en place du revenu de solidarité active
Une bonne bouille, le sourire d'un enfant frondeur, 43 ans. Plaisantin, un rien caustique, le fou rire fait partie de ses conversations. Martin Hirsch,
l'ancien président d'Emmaüs et nouveau haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, n'a rien d'une tête d'oeuf. Et pourtant ! Normale sup,
études de médecine, ENA, Conseil d'Etat, directeur de cabinet de Bernard Kouchner quand celui-ci était secrétaire d'Etat à la Santé, directeur général
de l'Agence française de Sécurité sanitaire des Aliments... « Si tu continues à faire autant d'études , le monde sera peuplé de gens comme toi. Des intellos.
Pour moi, ce sera un échec complet », lui avait dit son père. Message reçu. Un soir de 1997, par hasard, il rencontre chez Bernard Kouchner un membre d'Emmaüs.
Quelques années plus tard, l'association de l'abbé Pierre lui propose la présidence. Il réfléchit, il accepte. « C'est un homme de terrain, explique Didier
Tabuteau, un ancien du cabinet Kouchner, aujourd'hui directeur général de la Fondation de la Caisse d'Epargne pour la Solidarité. Il écoute , il teste
et il fonce. » Et quand il a une idée dans la tête, il fait tout pour y parvenir. Voilà pourquoi ce fils d'ingénieur des Ponts et Chaussées a, dit-il,
accepté la proposition de Nicolas Sarkozy. Son ressort, aujourd'hui, c'est la mise en place du revenu de solidarité active, qui permettrait aux RMIstes
et aux travailleurs pauvres de cumuler revenu d'activité et revenu de solidarité, avec la garantie que toute heure travaillée soit rémunérée. L'objectif
: faire en sorte que les plus démunis ne refusent plus un emploi parce que leur salaire est inférieur à leurs allocations. Certains départements en font
déjà l'expérience. Le président de la République a promis au nouveau haut-commissaire qu'il ferait adopter un projet de loi sur ce sujet dès cet été. Est-il
allé à la soupe, comme le pensent certains membres d'Emmaüs qu'il n'a pas prévenus de sa décision ? Un contre-pouvoir peut-il s'associer au pouvoir, au
risque, s'il échoue, de ternir l'image de l'association qu'il a présidée ? « J'apprécie énormément cet homme, dit Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire
de la CGT. C'est un type pratique, qui veut faire avancer les choses. Il n'a pas été chercher une place, un portefeuille. » Martin Hirsch a refusé d'être
ministre. De gauche, mais pas encarté, il a contribué à quelques débats participatifs de Ségolène Royal. Membre du réseau la République des Idées, il est
hostile à la valeur du mérite, que plébiscite Nicolas Sarkozy. Il croit davantage à l'équilibre des droits et des devoirs. Il juge les projets du chef
de l'Etat sur la famille - des allocations dès le premier enfant - coûteux ; ses effets, « improbables ». Il préférait ceux de la candidate socialiste
: la création d'un service public de la petite enfance. Cet amateur de montagne déteste la lâcheté et prise « l'indépendance ». Ne pas croire pour autant
qu'il a l'assurance chevillée au corps. Excellent élève, il veut se coucher tôt le soir pour être en forme le lendemain. Ce qui l'obsède le plus ? La peur
de rater. Une question d'éducation. Sa mère, bibliothécaire, disait que « tout se mérite , même les vacances » . Mais tous ses amis le disent « intransigeant
» : « Il est bien élevé , donc il ne le formulera pas comme ça , mais il est capable de dire merde à quelqu'un s'il n'est pas d'accord ou s'il est trompé
», affirme l'un d'entre eux... Preuve qu'il ne sera pas facile à gérer, il a déjà fait connaître son désaccord avec l'instauration d'une franchise sur
les dépenses de santé qui figure au programme du nouveau président.
Martine Gilson
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