Sarkozy pavoise!
Lundi 30 avril 2007
Sarkozy pavoise
Le candidat de l'UMP se félicite à la fois d'avoir réussi à se démarquer de Jacques Chirac et à mordre sur l'électorat de Jean-Marie Le Pen
Scotché au plafond», selon un témoin ! Lorsque son directeur adjoint de campagne, Laurent Solly, lui apporte, ce dimanche 22 avril vers 18h30, les premières
estimations, Nicolas Sarkozy exulte. En toute sérénité bien sûr... Les consignes de prudence - surtout ne pas succomber au péché de présomption dont il
est coutumier - sont strictes et s'appliquent d'abord à lui-même. Jusqu'à ce que sa virée dans les rues de Paris, façon Chirac 1995 au soir de sa victoire,
ne vienne mettre à bas ses bonnes résolutions. Mais on l'imagine volontiers recourir intérieurement à sa formule favorite : «Je les ai tous niqués!»...
30% ! En réalité, plus de 31%, d'après les résultats officiels tombés dans la nuit ! Une victoire nette, sans bavures. 11 millions d'électeurs ont choisi
de le porter en tête de ce premier tour avec plus de 5 points d'avance sur sa concurrente socialiste. Un score inédit sous la Ve République depuis l'élection
de Georges Pompidou et qui en fait déjà le favori pour le second tour.
Même lui n'en attendait pas tant. Deux jours avant le vote, Nicolas Sarkozy avait étudié l'ensemble des tout derniers sondages. Il escomptait bien entre
26% et 28% des voix. Il s'était déjà préparé au second tour. Mais de là à imaginer dépasser les 30%... Dans l'après-midi de dimanche pourtant, son rêve
devient réalité et il rédige l'essentiel de sa déclaration après avoir eu, en fin de matinée, les tendances très positives du vote de l'outre-mer.
Au soir de ce premier tour, Sarkozy a de quoi pavoiser : sa stratégie a été validée par le peuple français. D'abord sur la « rupture » qu'il entend incarner.
Son score prouve qu'il a réussi à se dissocier de la politique de Chirac, à ne pas être assimilé à un sortant. Ce que reconnaissait déjà il y a trois semaines
en privé, un brin dépité, Jean-Louis Bianco, directeur de campagne de Ségolène Royal.
AP_ALL_FORUM_CHA_PAVE_0706/53forums300_sarko
estimations, Nicolas Sarkozy exulte. En toute sérénité bien sûr... Les consignes de prudence - surtout ne pas succomber au péché de présomption dont il
est coutumier - sont strictes et s'appliquent d'abord à lui-même. Jusqu'à ce que sa virée dans les rues de Paris, façon Chirac 1995 au soir de sa victoire,
ne vienne mettre à bas ses bonnes résolutions. Mais on l'imagine volontiers recourir intérieurement à sa formule favorite : «Je les ai tous niqués!»...
30% ! En réalité, plus de 31%, d'après les résultats officiels tombés dans la nuit ! Une victoire nette, sans bavures. 11 millions d'électeurs ont choisi
de le porter en tête de ce premier tour avec plus de 5 points d'avance sur sa concurrente socialiste. Un score inédit sous la Ve République depuis l'élection
de Georges Pompidou et qui en fait déjà le favori pour le second tour.
Même lui n'en attendait pas tant. Deux jours avant le vote, Nicolas Sarkozy avait étudié l'ensemble des tout derniers sondages. Il escomptait bien entre
26% et 28% des voix. Il s'était déjà préparé au second tour. Mais de là à imaginer dépasser les 30%... Dans l'après-midi de dimanche pourtant, son rêve
devient réalité et il rédige l'essentiel de sa déclaration après avoir eu, en fin de matinée, les tendances très positives du vote de l'outre-mer.
Au soir de ce premier tour, Sarkozy a de quoi pavoiser : sa stratégie a été validée par le peuple français. D'abord sur la « rupture » qu'il entend incarner.
Son score prouve qu'il a réussi à se dissocier de la politique de Chirac, à ne pas être assimilé à un sortant. Ce que reconnaissait déjà il y a trois semaines
en privé, un brin dépité, Jean-Louis Bianco, directeur de campagne de Ségolène Royal.
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Combien de fois Sarkozy n'a-t-il pas répété depuis cinq ans que «ce n'est pas la politique que les Français rejettent, mais la manière dont on la pratique
en France depuis trop longtemps», sous-entendu notamment Chirac. Pour le candidat de l'UMP, la participation record - près de 85% - enregistrée pour cette
élection présidentielle résonne à ses oreilles comme une confirmation de son analyse. Les Français, estime-t-il, ont plébiscité son combat contre le «
politiquement correct ». «Son parler-vrai a largement convaincu», a ainsi commenté Alain Juppé.
C'est sans doute ce qui lui a permis de pulvériser le Front national : c'est là la vraie victoire du candidat de l'UMP. Depuis cinq ans, Sarkozy, impressionné
par les résultats de la dernière élection présidentielle, l'avait dit et redit : son objectif affiché était de récupérer les électeurs de Jean-Marie Le
Pen et de séduire ces catégories populaires passées « de l'autre côté », du côté du Front national. Depuis 2002, il travaillait à ramener toutes ces brebis
égarées - anciens du RPR, anciens communistes - dans le giron de la droite républicaine quitte à mordre sans complexe dans une partie du programme lepéniste...
Mission accomplie. Sarkozy est en tête dans toutes les régions où le Front national dominait jusqu'ici, qu'elles soient ou non traditionnellement à gauche
: Nord-Pas-de-Calais, pourtant un bastion de gauche, où il devance à la fois Ségolène Royal et Jean-Marie Le Pen, Franche-Comté, Alsace, où le leader du
Front national s'effondre (23% en 2002, 13,5% aujourd'hui), Provence-Alpes-Côte d'Azur, où Le Pen paradait, Lorraine, Picardie, Rhône-Alpes...
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en France depuis trop longtemps», sous-entendu notamment Chirac. Pour le candidat de l'UMP, la participation record - près de 85% - enregistrée pour cette
élection présidentielle résonne à ses oreilles comme une confirmation de son analyse. Les Français, estime-t-il, ont plébiscité son combat contre le «
politiquement correct ». «Son parler-vrai a largement convaincu», a ainsi commenté Alain Juppé.
C'est sans doute ce qui lui a permis de pulvériser le Front national : c'est là la vraie victoire du candidat de l'UMP. Depuis cinq ans, Sarkozy, impressionné
par les résultats de la dernière élection présidentielle, l'avait dit et redit : son objectif affiché était de récupérer les électeurs de Jean-Marie Le
Pen et de séduire ces catégories populaires passées « de l'autre côté », du côté du Front national. Depuis 2002, il travaillait à ramener toutes ces brebis
égarées - anciens du RPR, anciens communistes - dans le giron de la droite républicaine quitte à mordre sans complexe dans une partie du programme lepéniste...
Mission accomplie. Sarkozy est en tête dans toutes les régions où le Front national dominait jusqu'ici, qu'elles soient ou non traditionnellement à gauche
: Nord-Pas-de-Calais, pourtant un bastion de gauche, où il devance à la fois Ségolène Royal et Jean-Marie Le Pen, Franche-Comté, Alsace, où le leader du
Front national s'effondre (23% en 2002, 13,5% aujourd'hui), Provence-Alpes-Côte d'Azur, où Le Pen paradait, Lorraine, Picardie, Rhône-Alpes...
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«On peut maintenant déverrouiller le piège Le Pen», commente Laurent Solly. En clair : la gauche, selon l'équipe Sarko, aura désormais du mal à utiliser
ce levier-là sur le plan électoral. De même, ajoute-t-on, qu'il lui sera plus difficile, avec un Sarkozy fort du soutien de plus de 11 millions de Français,
de lui intenter des procès en lepénisme. Le champion de la droite décomplexée attend avec impatience le débat de l'entre-deux-tours.
Et puis il y a aussi les petites satisfactions d'orgueil. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont été parmi les premiers à téléphoner dimanche soir,
bien avant l'allocution de Sarkozy devant ses supporters réunis salle Gaveau. Mais le vrai plaisir, c'est d'avoir démontré au président sortant qu'il pouvait
faire mieux que lui. En 2002, Chirac n'avait obtenu au premier tour que 19,88% des voix, soit 5,5 millions d'électeurs. Sarkozy en a gagné 6 millions de
plus...
Pas question cependant de s'endormir sur ses lauriers. Malgré une confortable avance, malgré la faiblesse du total des voix de gauche, le candidat de l'UMP
ne néglige pas les difficultés du second tour. Et surtout pas le risque de démobilisation d'un électorat qui penserait l'affaire déjà pliée. Grâce à la
mise en place de deux nouveaux « pôles » au QG de la rue d'Enghien - un pôle centriste et un pôle « de gauche », animé par Eric Besson, ancien député socialiste
rallié à sa cause, présent lundi soir à son meeting de Dijon -, Sarkozy va tenter de séduire une partie des électeurs de Bayrou et une frange de la gauche.
Il va même provoquer Fabius sur son propre terrain mardi soir en tenant meeting au Grand-Quevilly... Après une fin de campagne de premier tour très marquée
à droite, l'accent sera mis sur le social. «On va insister sur la protection pour les accidentés de la vie», dit François Fillon. Mais sans renoncer aux
valeurs qui, juge-t-on, ont fait son succès.
Seul contre tous ? La gauche, l'extrême-gauche - même Arlette Laguiller, qui ne donne jamais de consigne de vote, appelle à voter Ségolène Royal -, l'«
extrême-centre », du nom donné au noyau dur des partisans de François Bayrou, les associations de défense des sans-papiers... Et aussi Le Pen ? Ils sont
tous décidés à tenter de lui barrer la route de l'Elysée. Le front anti-Sarko ne désarme pas. L'hebdomadaire « Marianne » a vendu à près de 400 000 exemplaires
son numéro anti-Sarko, consacré à cet homme «fou et dangereux».
Le président de l'UMP sait bien que c'est en partie sur sa personnalité que vont se concentrer les attaques. Pour autant la perspective d'une telle mobilisation
n'inquiète pas outre mesure le camp Sarkozy. «La haine est mauvaise conseillère, lâche un proche du candidat. Cela ne fait que démontrer la pauvreté du
message de la gauche. Si c'est tout ce qu'ils ont à dire, c'est pathétique.» «On ne peut pas dire que ça ait marché», ironise un autre, évoquant le «déferlement
de haine» et la multiplicité des sites anti-Sarko sur internet. «Les tentatives de lepénisation de Sarkozy n'ont pas empêché 11 millions de Français de
voter pour lui. Au contraire. Ça lui a fait prendre 3 points. Ça ne marchera pas mieux cette fois.» Peut-être. Mais on n'est jamais trop prudent. Ce n'est
pas un hasard si Nicolas Sarkozy a appelé dimanche soir à la dignité du débat et au respect des personnes. En guise de mise en garde.
ce levier-là sur le plan électoral. De même, ajoute-t-on, qu'il lui sera plus difficile, avec un Sarkozy fort du soutien de plus de 11 millions de Français,
de lui intenter des procès en lepénisme. Le champion de la droite décomplexée attend avec impatience le débat de l'entre-deux-tours.
Et puis il y a aussi les petites satisfactions d'orgueil. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont été parmi les premiers à téléphoner dimanche soir,
bien avant l'allocution de Sarkozy devant ses supporters réunis salle Gaveau. Mais le vrai plaisir, c'est d'avoir démontré au président sortant qu'il pouvait
faire mieux que lui. En 2002, Chirac n'avait obtenu au premier tour que 19,88% des voix, soit 5,5 millions d'électeurs. Sarkozy en a gagné 6 millions de
plus...
Pas question cependant de s'endormir sur ses lauriers. Malgré une confortable avance, malgré la faiblesse du total des voix de gauche, le candidat de l'UMP
ne néglige pas les difficultés du second tour. Et surtout pas le risque de démobilisation d'un électorat qui penserait l'affaire déjà pliée. Grâce à la
mise en place de deux nouveaux « pôles » au QG de la rue d'Enghien - un pôle centriste et un pôle « de gauche », animé par Eric Besson, ancien député socialiste
rallié à sa cause, présent lundi soir à son meeting de Dijon -, Sarkozy va tenter de séduire une partie des électeurs de Bayrou et une frange de la gauche.
Il va même provoquer Fabius sur son propre terrain mardi soir en tenant meeting au Grand-Quevilly... Après une fin de campagne de premier tour très marquée
à droite, l'accent sera mis sur le social. «On va insister sur la protection pour les accidentés de la vie», dit François Fillon. Mais sans renoncer aux
valeurs qui, juge-t-on, ont fait son succès.
Seul contre tous ? La gauche, l'extrême-gauche - même Arlette Laguiller, qui ne donne jamais de consigne de vote, appelle à voter Ségolène Royal -, l'«
extrême-centre », du nom donné au noyau dur des partisans de François Bayrou, les associations de défense des sans-papiers... Et aussi Le Pen ? Ils sont
tous décidés à tenter de lui barrer la route de l'Elysée. Le front anti-Sarko ne désarme pas. L'hebdomadaire « Marianne » a vendu à près de 400 000 exemplaires
son numéro anti-Sarko, consacré à cet homme «fou et dangereux».
Le président de l'UMP sait bien que c'est en partie sur sa personnalité que vont se concentrer les attaques. Pour autant la perspective d'une telle mobilisation
n'inquiète pas outre mesure le camp Sarkozy. «La haine est mauvaise conseillère, lâche un proche du candidat. Cela ne fait que démontrer la pauvreté du
message de la gauche. Si c'est tout ce qu'ils ont à dire, c'est pathétique.» «On ne peut pas dire que ça ait marché», ironise un autre, évoquant le «déferlement
de haine» et la multiplicité des sites anti-Sarko sur internet. «Les tentatives de lepénisation de Sarkozy n'ont pas empêché 11 millions de Français de
voter pour lui. Au contraire. Ça lui a fait prendre 3 points. Ça ne marchera pas mieux cette fois.» Peut-être. Mais on n'est jamais trop prudent. Ce n'est
pas un hasard si Nicolas Sarkozy a appelé dimanche soir à la dignité du débat et au respect des personnes. En guise de mise en garde.
Carole Barjon
Le Nouvel Observateur
Le Nouvel Observateur
1 Commentaires :
Tput ca est d'autant plus logique que M. Bayrou n'est plus le représentant de l'UDF, il est désormais, grace ou malgrès lui, le représentant d'une forme nouvelle de contestation.
"45% des électeurs Bayrou revendiquent un vote contestataire" - Sondage des internautes sur http://www.ExtremeCentre.fr
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