19 janvier 2007

BlogTrotter:un pays à vendre

Jeudi 18 janvier 2007
 
La forteresse de Sealand offre toutes les commodités pour vivre et travailler.
 
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La forteresse de Sealand offre toutes les commodités pour vivre et travailler.
 
DR.
 
Mini-tempête sur la mer du Nord. La « principauté de Sealand », en fait une vulgaire plateforme rouillée, plantée il y a plus d'un demi siècle au large
de l'estuaire de la Tamise, est la proie de pirates Internet. Ils veulent s'y installer coûte que coûte pour échapper aux lois qui encadrent la circulation
du courrier électronique dans le monde. Certains sont prêts à payer. D'autres suggèrent d'attaquer ce territoire au statut juridique très incertain !
 
La fiction rejoint la réalité depuis que Michael Roy Bates, 54 ans, autoproclamé « Prince of Sealand » en 2000, a décidé, début janvier, de mettre en vente
son île métallique de 550 mètres carrés, érigée sur deux pylônes, à dix kilomètres des côtes de la Grande-Bretagne. Son père, Paddy Roy Bates, ancien major
de l'armée, avait pris possession de cette forteresse militaire, initialement baptisée Fort Rough, en 1967, profitant à la fois d'un vide juridique et
du fait qu'elle était alors en dehors des eaux territoriales britanniques. Elle fut construite à terre en 1942 et transportée sur un banc de sable pour
protéger le pays des Allemands, mais personne n'a jamais pu dire s'il s'agissait d'une barge dépendant de la Royale Navy ou d'un territoire placé sous
l'autorité du gouvernement.
 
Dès le milieu des années 1960, Fort Rough s'était retrouvé sur la sellette à cause de pirates. Pirates radio, les ancêtres des radios libres, contraints
d'émettre en mer faute d'autorisation. Leurs propriétaires, à l'instar de celui de Radio Caroline ou de Radio Sutch, n'hésitaient pas à faire le coup-de-poing
pour s'imposer. Reg Calvert, patron de Radio City, en mourra. Quatre autres disparitions dans le petit monde trouble des radios de l'époque ne seront jamais
élucidées. Mais Paddy Roy Bates et sa femme Joan ont d'autres ambitions. Ils dessinent un drapeau, éditent des timbres, battent monnaie, le dollar de Sealand,
indexé sur le dollar américain, et impriment des passeports. Ce ne sera pas une bonne idée.
 
Détournés par des organisations mafieuses, ces derniers se retrouveront dans des circuits de blanchiment d'argent. L'un d'eux sera même découvert dans la
poche de l'assassin du couturier Gianni Versace, tué en 1997 ! Aujourd'hui Paddy Roy Bates a 85 ans et sa femme pas loin de 80. Ils habitent au sud de
l'Espagne. Leur fils Michael, divorcé et père de trois enfants, a décidé de passer la main. « C'est la fin d'une très longue histoire, mais il est temps
de faire autre chose de Sealand », explique-t-il. Installé à Leigh on Sea, au nord-est de Londres, il exploite une société de pêche, Fruits of the Sea,
qui, avec deux bateaux, dont l'un basé en Écosse, ramasse des fougères de mer et des crustacés. Mais il flaire surtout qu'il peut encore réaliser une bonne
affaire avec la forteresse de son père.
 
Depuis 1987 et le passage des eaux territoriales de 3 à 12 milles nautiques, Sealand n'est théoriquement plus indépendante de la Grande-Bretagne. Mais le
gouvernement britannique laisse faire. L'île de fer revendique donc un bureau des Affaires internationales et une banque d'État, dont le contrôleur général
vient d'être remplacé. Des institutions d'opérette dont les adresses n'existent que sur Internet et sur une boîte postale. Mais elles n'empêchent pas la
principauté d'interdire à tout navire d'approcher en deçà d'une zone d'un mille nautique autour de la plateforme. Inutile d'ailleurs d'essayer de s'y rendre
sans montrer patte blanche. Les visites sont interdites pour des raisons de sécurité, précise le bureau des Affaires internationales. Seuls des cas exceptionnels
peuvent permettre la délivrance d'un visa « sous trente jours ». Plus conciliant, Michael Roy Bates propose d'« attendre le printemps et une mer moins
mauvaise pour que je vous y conduise si je n'ai pas trop de travail ».
 
À l'en croire, entre deux et quinze personnes séjournent en permanence sur Sealand. La forteresse offre toutes les commodités pour vivre et travailler.
« Chaque tour a 7 étages et 7 chambres. La plateforme en compte encore une douzaine. Il y a également une salle de conférences, une installation de dessalement
de l'eau de mer, une chapelle et une prison », énumère le « Prince » de la principauté dans un grand éclat de rire. On ne sait jamais s'il plaisante ou
pas. Cependant, une société privée, HavenCo, spécialisée dans la messagerie électronique, s'y est bel et bien implantée en 2000, moyennant, selon Michael
Roy Bates, un investissement initial de 1,5 million de dollars. Elle offre d'héberger des serveurs informatiques en dehors de tout contrôle juridique et
fiscal.
 
Tout juste s'interdit-elle la pornographie enfantine et les « spams » (pourriels), ces messages non sollicités qui envahissent les ordinateurs. À l'heure
où les pirates du Net triomphent et bouleversent le téléchargement, il n'en fallait pas plus pour qu'une agence immobilière espagnole décide de s'intéresser
de très près à Sealand. « Il y a deux mois, nous avons contacté Michael Bates en lui expliquant que nous vendions des îles et que la majorité de nos clients
nous demandaient s'ils pouvaient y créer leur propre pays », confie Gabriel Medina qui dirige, à Grenade, InmoNaranja. Et d'ajouter : « Il ne s'agit pas
exactement d'une vente, mais d'un transfert puisque l'acheteur acquiert non seulement une plateforme mais encore un État, une histoire et un statut de
quarante ans d'indépendance. » Mise à prix : 750 millions d'euros, soit 1,363 million d'euros le mètre carré ! Une somme colossale qui ne semble pas rebuter
des investisseurs libyens, russes et américains, affirme Medina. Pas plus qu'elle ne rebute une mystérieuse association suédoise, Pirate Bay, qui affirme
que la non moins curieuse Acfi (Armed coalition forces of the Internets) a pris contact avec Sealand.
 
Micheal Roy Bates dément. Mais Pirate Bay ne désarme pas. Elle a lancé une souscription auprès de ses visiteurs sur Internet où les réponses affluent. «
Sealand semble un bon endroit », écrit Erik. Thimothy est nettement plus radical : « Depuis quand des pirates achètent-ils quelque chose ? Prenons tout
simplement Sealand. C'est un micropays et nous devrions être capables de l'envahir ». À un détail près, Sealand n'est reconnue par aucun État. Et rien
ne dit que la Grande-Bretagne continuera de fermer les yeux sur un territoire hors la loi.
 
P
 
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