13 juin 2007

Université:l'autonomie avant la privatisation!

    Education
Université: Fillon déclare l'autonomie
Il s'apprête à déposer un projet de loi pour donner plus de pouvoirs aux facultés, présenté comme sa «réforme fondamentale».
Par Alain AUFFRAY
Dans trois semaines, la réforme devra être sur le bureau de l'Assemblée nationale. Pour sortir l'Université de «vingt ans d'immobilisme», le Premier ministre
martèle qu'il n'y a plus un jour à perdre. Il l'a souligné dans tous ses discours de campagne, précisant même que c'était «la réforme fondamentale» du
quinquennat de la rupture. «Vous connaissez les maux de notre système universitaire, nous avons trop longtemps tardé à les regarder en face. Aujourd'hui,
il nous faut agir», a répété François Fillon vendredi après-midi, lors d'une visite à l'institut d'astrophysique spatiale du campus universitaire d'Orsay
(Essonne). Rappelant qu'il avait déjà eu «l'honneur» de conduire les ministères de l'Enseignement supérieur en 1993 et de l'Education nationale en 2005,
il a confié que cette expérience l'avait «convaincu» que c'est dans le système éducatif que «se joue l'avenir de la France». 
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fin de liste
Jeudi, la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a mis en place les groupes de travail qui doivent plancher sur la réforme : «J'attends
la synthèse de vos débats pour le 22 juin», a-t-elle expliqué aux délégations d'étudiants et d'enseignants qu'elle recevait. Avec Valérie Pécresse, le
chef du gouvernement recevait vendredi matin à Matignon une délégation de la conférence des présidents d'universités (CPU). Son vice-président, Jean-Pierre
Finance, a paru convaincu : «Nous avons vraiment confiance dans la volonté de ce gouvernement de prendre des mesures fortes qui permettent de renforcer
la gouvernance des universités.» Attendue par la majorité des présidents d'université, cette réforme passe par des présidences aux prérogatives renforcées,
élues par des conseils d'administration resserrés. Ceux qui sont actuellement en place peuvent compter jusqu'à 60 membres. Ils sont jugés ingouvernables.
L'autonomie doit donner aux universités la liberté de recruter les enseignants et de moduler leurs rémunérations.
Dans son mot d'accueil à François Fillon, la présidente de l'université Paris-Sud, Anita Bersellini, a certifié que son établissement se sentait en mesure
de relever le défit de l'autonomie, à condition qu'on lui en donne les moyens. Elle a cité cette promesse de campagne du candidat Sarkozy : «Je veux que
nos universités puissent se battre avec les même armes que leurs concurrentes étrangères.» Devenu Premier ministre, Fillon confirme que son gouvernement
a conscience du sous-financement : «Le problème de la France, c'est que l'enseignement supérieur n'a jamais été suffisamment doté.» Pour l'Université,
Sarkozy a promis un milliard par an jusqu'à 2012.
Devant une assemblée d'enseignants chercheurs, François Fillon faisait vendredi le procès, en partie autocritique, des précédents gouvernements : «Depuis
1984 et la loi Savary, nous n'avons réalisé aucun changement capable de prendre en compte les évolutions de notre temps.» Parce qu'il y a urgence et que
«les esprits ont évolué», il est déterminé à «légiférer dès cet été». Sans en préciser le contenu, il s'est contenté d'affirmer sa volonté de donner aux
établissements «la capacité de répartir les moyens qui leur sont alloués». Au même moment, la CGT distribuait sur le campus d'Orsay un appel à «faire barrage» au
projet Sarkozy, «conforme aux injonctions du Medef». Mais, dans l'entourage du Premier ministre comme chez les présidents d'université, on ne semble pas
craindre que la réforme annoncée puisse être balayée par la contestation. «Nous sommes mûrs pour cette réforme. S'il n'y a pas de gaffe comme pour le CPE,
ça devrait passer», assurait vendredi en sortant de Matignon Michel Lussault, président de l'université de Tours. Mais il rappelle qu'à ses yeux «la priorité
des priorités» reste la lutte contre l'échec massif en premier cycle. Avec l'appui de la CPU, le gouvernement Villepin avait inauguré une procédure de
préinscription des lycéens afin de mieux les orienter à l'occasion d'entretiens individuels. Dans son université, Lussault n'a pu organiser que 200 entretiens.
Il en faudrait près de 2000 pour que cette «orientation active» produise les effets escomptés. «Nous avons demandé au Premier ministre les moyens de mettre
en oeuvre cette mesure. On n'a pas besoin de nouvelle loi. Juste d'une volonté», constate le président de l'université de Tours.