TF1, première chaine de la télésarkozy
Transfert au sommet
TF 1-Sarkozy : la ligne directe
Entre le président et la première chaîne française, c'est le règne du mieux-disant politique
Entre le président et la première chaîne française, c'est le règne du mieux-disant politique
C'est ce qui s'appelle un couac de communication, et un gros. En confirmant à deux journalistes de « Libération » que Laurent Solly, ex-directeur adjoint
de campagne de Nicolas Sarkozy, allait être recasé à la direction de TF 1, Franck Louvrier, conseiller chargé de la presse de Nicolas Sarkozy, a fait une
belle gaffe. Est-ce désormais l'Elysée qui décide des embauches sur la Une ?
Les critiques sont unanimes, venant aussi bien de personnalités morales - la juge Eva Joly -, de syndicats - la CFDT ou la CGT -, que d'hommes politiques.
A commencer par François Bayrou : « La nomination à la tête de la plus grande télévision de France, TF 1, annoncée par l'Elysée , et non pas par l'entreprise
, de l'un des plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, sans aucune expérience préalable dans l'audiovisuel , est une illustration de plus de ce
mouvement qui est en cours, désormais au vu et au su de tout le monde. » Claude Guéant, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, a immédiatement passé
un savon à Franck Louvrier, responsable de l'ampleur prise par cette affaire. Le bavard avait des excuses. D'abord, il s'est contenté, selon lui, de confirmer
des informations déjà connues : « J'ai seulement dit que c'était vrai, mais que ce n'était pas à moi de le confirmer , et qu'il fallait appeler chez Bouygues.
» Ensuite, plaide-t-il, il avait fourni les mêmes informations et les mêmes recommandations au « Monde » deux jours auparavant sans avoir alors déclenché
de tempête. Enfin, c'est vrai, le groupe Bouygues n'avait pas démenti l'embauche de cet énarque... Simplement, Martin Bouygues - pas fou ! - n'avait pas
encore dit que son point de chute final serait TF 1, car au sein de l'entreprise on savait bien que ce parachutage allait poser problème. La proximité
entre le nouveau président de la République et Martin Bouygues est ancienne. C'est en fait la seconde fois que Nicolas Sarkozy, ou l'un de ses proches,
annonce une nomination sur TF 1. L'an dernier, le ministre de l'Intérieur avait révélé, à la veille d'un déplacement aux Antilles, que TF 1 allait annoncer
l'embauche d'un journaliste de couleur. Et effectivement, quelques jours plus tard, Harry Roselmack signait sur la Une et sa filiale LCI. Seule l'indépendance
reconnue de ce journaliste avait alors empêché la polémique de s'étendre. Les salariés de TF 1 ont l'habitude de ces tourmentes qui secouent régulièrement
leur maison : c'est le prix à payer quand on est la chaîne la plus regardée du pays. Le dernier grand scandale remonte à 2004, quand Patrick Le Lay, le
PDG de l'époque, avait déclaré que son métier était de vendre aux annonceurs du « temps de cerveau disponible » . De quoi faire s'étouffer ceux qui avaient
vendu TF 1 à Bouygues en 1987, au nom du « mieux-disant culturel »... Vingt ans plus tard, Patrick Le Lay et son adjoint Etienne Mougeotte cèdent leur
place à Nonce Paolini. Le même jour, la direction de Bouygues a confirmé la nomination de Laurent Solly à la direction de la chaîne... sans en dire davantage.
Le poste sera-t-il important ou pas ? Nonce Paolini, qui avait tenté d'éviter l'arrivée de Laurent Solly, aurait obtenu de lui donner un poste moins en
vue que celui que convoitait l'ancien adjoint de Nicolas Sarkozy.
de campagne de Nicolas Sarkozy, allait être recasé à la direction de TF 1, Franck Louvrier, conseiller chargé de la presse de Nicolas Sarkozy, a fait une
belle gaffe. Est-ce désormais l'Elysée qui décide des embauches sur la Une ?
Les critiques sont unanimes, venant aussi bien de personnalités morales - la juge Eva Joly -, de syndicats - la CFDT ou la CGT -, que d'hommes politiques.
A commencer par François Bayrou : « La nomination à la tête de la plus grande télévision de France, TF 1, annoncée par l'Elysée , et non pas par l'entreprise
, de l'un des plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, sans aucune expérience préalable dans l'audiovisuel , est une illustration de plus de ce
mouvement qui est en cours, désormais au vu et au su de tout le monde. » Claude Guéant, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, a immédiatement passé
un savon à Franck Louvrier, responsable de l'ampleur prise par cette affaire. Le bavard avait des excuses. D'abord, il s'est contenté, selon lui, de confirmer
des informations déjà connues : « J'ai seulement dit que c'était vrai, mais que ce n'était pas à moi de le confirmer , et qu'il fallait appeler chez Bouygues.
» Ensuite, plaide-t-il, il avait fourni les mêmes informations et les mêmes recommandations au « Monde » deux jours auparavant sans avoir alors déclenché
de tempête. Enfin, c'est vrai, le groupe Bouygues n'avait pas démenti l'embauche de cet énarque... Simplement, Martin Bouygues - pas fou ! - n'avait pas
encore dit que son point de chute final serait TF 1, car au sein de l'entreprise on savait bien que ce parachutage allait poser problème. La proximité
entre le nouveau président de la République et Martin Bouygues est ancienne. C'est en fait la seconde fois que Nicolas Sarkozy, ou l'un de ses proches,
annonce une nomination sur TF 1. L'an dernier, le ministre de l'Intérieur avait révélé, à la veille d'un déplacement aux Antilles, que TF 1 allait annoncer
l'embauche d'un journaliste de couleur. Et effectivement, quelques jours plus tard, Harry Roselmack signait sur la Une et sa filiale LCI. Seule l'indépendance
reconnue de ce journaliste avait alors empêché la polémique de s'étendre. Les salariés de TF 1 ont l'habitude de ces tourmentes qui secouent régulièrement
leur maison : c'est le prix à payer quand on est la chaîne la plus regardée du pays. Le dernier grand scandale remonte à 2004, quand Patrick Le Lay, le
PDG de l'époque, avait déclaré que son métier était de vendre aux annonceurs du « temps de cerveau disponible » . De quoi faire s'étouffer ceux qui avaient
vendu TF 1 à Bouygues en 1987, au nom du « mieux-disant culturel »... Vingt ans plus tard, Patrick Le Lay et son adjoint Etienne Mougeotte cèdent leur
place à Nonce Paolini. Le même jour, la direction de Bouygues a confirmé la nomination de Laurent Solly à la direction de la chaîne... sans en dire davantage.
Le poste sera-t-il important ou pas ? Nonce Paolini, qui avait tenté d'éviter l'arrivée de Laurent Solly, aurait obtenu de lui donner un poste moins en
vue que celui que convoitait l'ancien adjoint de Nicolas Sarkozy.
Claude Soula
Le Nouvel Observateur
Le Nouvel Observateur
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