15 octobre 2006

Revue de presse: le refus du débat par Royal

Serge July commentateur émérite de la politique française dissèque le comportement de Ségolène, et met en avant son évident refus du débat,
Est ce ainsi que la démocratie participative se développera?
 
 
 
 
Pas d'opinion
 
Les contacts directs avec la candidate Ségolène Royal se révèlent de plus en plus difficiles. Elle avait d'abord refusé de répondre aux questions des jeunes
du MJS au cours de l'Université d'été du PS de la Rochelle fin août. Pour rectifier le tir, lors d'une réunion publique elle avait transformé un échange
avec une déléguée du MJS, en mise en boîte publique.
 
Arrive la campagne interne au PS et les débats. Elle pose des conditions telles que même les regards des trois prétendants ne puissent se croiser et que
toutes les questions soient connues d'avance. Admettons qu'elle veuille éviter à ce stade des débats négatifs pour le candidat derrière lequel ou laquelle
tous devront se rassembler.
 
Mais comme si ça ne suffisait pas : elle a annoncé jeudi en déplacement à la Réunion, qu'elle pourrait ne pas participer aux six débats internes prévus,
s'ils étaient trop nombreux ou s'ils étaient détournés de leur vraie destination, je cite.
 
Son staff de campagne a ramé une partie de la journée pour dire qu'il n'en était évidemment rien.
 
Rebelote lors de sa conférence de presse sur l'Europe qui venait après avoir différé à plusieurs reprises au cours de ses déplacements dans les capitales
européennes ce qu'elle pensait de l'avenir de l'Union.
 
Le problème des conférences de presse, ce n'est pas l'exposé liminaire, qui présente rarement des piéges, ce sont les questions.
 
Il y a là des gens, en l'occurrence des journalistes, qui sont là pour poser des questions.
 
Et naturellement, on demande à la candidate ce qu'elle pense de l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne.
 
Réponse de la candidate à la présidence de la République d'un pays membre permanent du Conseil de Sécurité, dans un monde ou la crise est quasi quotidienne
: "Mon opinion est celle du peuple français".
 
Tout le monde a en tête qu'il y a eu sur le sujet au moins deux débats nationaux, que toutes les autorités se sont prononcées.
 
Cette petite phrase revient à dire qu'elle n'a pas d'opinion. Et si pour en avoir, il faut faire un référendum sur chaque problème, les crises et les guerres
seront terminées depuis longtemps lorsque la présidence française aura enfin une opinion.
 
On aimerait connaître la liste de tous les sujets sur lesquelles elle s'apprêterait à faire la même réponse...
 
Ségolène Royal est en train de se caricaturer elle-même. Elle a l'air malheureusement de le faire de bonne foi : elle n'aime pas le débat. On doute que
ça puisse passer pour une qualité rassurante.
 
Serge July