11 février 2007

Revue de presse:Edith Cresson encourage Ségolène!

Edith Cresson : « Que Ségolène garde le cap ! »
 
Edith Cresson a toujours le même franc-parler. Carrée, parfois abrupte, celle qui fut le Premier ministre
de François Mitterrand de 1991 à 1992 raconte son parcours politique dans Histoires françaises et évoque la campagne présidentielle.
 
Nous sommes dans un nouveau cas de figure avec une femme candidate à la présidence dans les favoris. Mais le machisme que vous dénoncez semble toujours
en vigueur en France :Edith Cresson : « Oui, et j'en donne beaucoup d'exemple objectifs dans mon livre. Les gens ont même peine à le croire. La classe
politique française, à droite comme à gauche, est extrêmement machiste ainsi que les médias. En général même ils se connaissent depuis les années où ils
étaient étudiants ensemble ! Ils forment une caste. Mais la France réelle n'est pas misogyne. »
Par quoi ce machisme se caractérise-t-il ?
« C'est une volonté d'éliminer la femme. Chez nous le pouvoir est sacralisé. Ca vient probablement de notre tradition monarchique. Les hommes seuls y ont
accès. Il n'y a qu'à voir pour la politique étrangère. Y compris au Parti socialiste on entend dire que Ségolène n'y entend rien car c'est tellement complexe.
Permettez-moi de vous dire qu'il est infiniment plus difficile de gouverner la France à l'intérieur que de s'occuper de politique étrangère. Les grandes
lignes sont toujours à peu près les mêmes et on a le temps de réfléchir et de se retourner. Mais c'est si prestigieux qu'on pense qu'une femme n'a pas
les compétences pour discuter avec des chefs d'Etat internationaux. Quant aux propos de Ségolène en Chine, je pense que ce qu'on lui reproche a été sorti
de son contexte. Et ce qu'elle a dit à propos du nucléaire civil iranien rejoint ce que pense l'opinion publique internationale. Elle a mis les pieds dans
le plat. »
Y a-t-il une manière féminine de diriger l'Etat ?
« Je le pense profondément. La femme attache moins d'importance aux signes extérieurs du pouvoir, les motards, les tapis rouges… Elle est dans le concret.
Quand j'étais à Matignon mes détracteurs me reprochaient de ne m'occuper que de détails. Mais c'est dans le détail qu'on fait de la politique. Quand j'ai
découvert que les infirmières étaient payées au même tarif le jour et la nuit, qu'il était moins cher d'exporter le vin d'Amsterdam que de Bordeaux à cause
de la situation des dockers, j'ai réagi. Ils appelaient ça des détails. Les énarques ont des qualités, mais tout ça ils ne le voient pas, donc ça n'existe
pas. On disait que je ne conceptualisais pas ! »
Vous soutenez Ségolène Royal, quel conseil lui donneriez vous ?
« Qu'elle garde le cap ! »
Propos recueillis par Monique RAUX.