11 février 2007

revue de presse:le doute chez les socialistes

Article du nouvel obs, analysant le doute" chez les socialistes du fait du trou d'air dans les sondages
 
Un sondage Sofres-« le Nouvel observateur »
Royal : la cote d'alerte
#reaction
Sa méthode rend les Français perplexes. Sa personnalité instille le trouble jusque dans les rangs de la gauche. Rien n'est encore figé, mais la candidate
socialiste va jouer gros lors de la présentation de son programme, le 11 février
 
\'On est enfoncés!» Devant les membres du secrétariat national du PS, mercredi 24 janvier, la semaine dernière, François Rebsamen, codirecteur de la campagne
de Ségolène Royal, a tiré le signal d'alarme. Depuis l'entrée en lice de Nicolas Sarkozy le 14 janvier, le paquebot socialiste prend l'eau. Le pilonnage
de la droite, les tiraillements internes rue de Solférino, l'extravagante couverture médiatique des vraies et des fausses bévues de la candidate ont permis
au leader de l'UMP de creuser l'écart. Le sondage Sofres que nous publions cette semaine le confirme : qu'ils soient de droite (89%) ou de gauche (76%),
les Français créditent Nicolas Sarkozy d'un bon début de campagne, loin devant Ségolène Royal. Les premiers tours de piste de la candidate socialiste sont
jugés à peine plus convaincants que ceux de François Bayrou. Même si, pour le président de l'UDF comme pour Jean-Marie Le Pen, c'est d'abord la proportion
importante de « sans opinion » qui frappe, reflétant sans doute un manque de visibilité comme de lisibilité.
Le regard porté par les Français sur le début de campagne de Ségolène Royal n'est pas irréversible. Mais il reflète une grande perplexité. A trois mois
du scrutin, l'image de la candidate socialiste reste brouillée. Après un an d'omniprésence médiatique, elle a su marquer des points sur le terrain de la
proximité sans parvenir à lever les doutes sur sa crédibilité. Une très large majorité des Français interrogés par la Sofres - quelle que soit leur couleur
politique - juge qu'elle ne maîtrise pas les grands sujets ! Ce problème structurel dépasse de loin les récents pataquès de la campagne, à l'exception
de son voyage en Chine dont l'impact se révèle plutôt négatif pour 46% des sondés.
 
cadre sans nom 1
fin du cadre sans nom 1
Même s'ils lui reconnaissent une réellecapacité d'écoute et de rassemblement, les Français restent déconcertés par le discours de Ségolène Royal. La candidate,
qui a manié jusqu'à présent l'infiniment grand (les principes, les valeurs...) et l'infiniment petit (à travers quelques mesures détaillées ou ses exemples
picto-charentais...), peine à convaincre sur le fond : 70% des sondés lui reprochent de ne pas se montrer assez concrète dans ses propositions. Là encore,
et c'est une constante dans cette enquête, l'appréciation ne diffère guère chez les sympathisants de gauche et de droite.
C'est dire l'enjeu de la journée du 11 février, date retenue par Ségolène Royal pour dévoiler son programme. Car même s'il semble avoir été compris, le
choix d'une longue phase d'écoute et de débats participatifs pour tenir compte des attentes n'a pas encore convaincu. Ce tempo inquiète, y compris ceux
qui considèrent que la candidate a réalisé un bon début de campagne. Plus d'un sympathisant de gauche sur deux y voit un risque de paraître moins préparée
que ses adversaires. Un sur trois considère même que ce choix révèle une absence de projet. «La méthode Royal a eu du mal à s'enclencher, reconnaît un
membre de sa garde rapprochée. Le temps peut sembler long à tous ceux qui ont envie d'en découdre.»
D'où la nécessité, bien comprise par Ségolène Royal, de donner un nouvel élan à sa campagne. Aux Antilles, la candidate a moins parlé de désirs d'avenir
que de clivage gauche-droite. Venue pour faire « de la politique », elle a déroulé une partition beaucoup plus traditionnelle, faite de bains de foule,
de poignées de main aux élus qui comptent et de promesses électorales. Le 6 février à Paris, un meeting des plus classiques, où pourrait se rendre Lionel
Jospin, a été programmé : pour mobiliser les troupes, donner du grain à moudre aux militants, et relâcher un peula pression médiatique qui pèse sur la
publication de son programme. Ségolène Royal entame ces jours-ci dans des conditionsdélicates le premier tournant de sa campagne.
 
Sondage réalisé par la Sofres auprès d'un échantillon national de 1 000 personnes du 24 au 26 janvier 2007.
 
Matthieu Croissandeau
Le Nouvel Observateur